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La mort et le corps dans les arts aujourd’hui

La mort et le corps dans les arts aujourd’hui

Publié le par Marielle Macé (Source : Sylvia Girel)

Appel à communications Colloque international GDRI OPuS



La mort et le corps dans les arts aujourd'hui




« Mais que l'artiste se rassure! Quoi qu'il propose aux yeux des autres dans l'ordre du réalisme, de la violence, de l'horreur, de l'abject ou de l'infâme, il sera toujours dépassé par la réalité vraie ! »
Marc Jimenez, entretien, L'Observatoire de la génétique, n° 27, avril-mai 2006.




La mort, tant charnelle que spirituelle, représente un thème central de la littérature et des arts depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours. Aujourd'hui les artistes contemporains l'abordent soit au travers de métaphores, de métonymies, par la représentation de rites liés à ce phénomène, soit, frontalement, par la mise en scène de cadavres ; à travers leurs oeuvres, ils interrogent nos pratiques et représentations - notre rapport social à la mort, que la société actuelle tente de réduire à un simple fait individuel -. Il apparaît que le traitement de la mort est indissociable du traitement du corps martyrisé, transformé, violenté ou sublimé. La présence de la mort et du corps dégradé, si elle a pu être occultée ou détournée jusqu'à une période récente, car « depuis la fin du siècle dernier, subitement la mort s'est tue : la mort est devenue dans les sociétés occidentale […] l'obscénité par excellence, le mot que l'on ne doit pas prononcer, la chose que l'on ne peut évoquer » comme le montre L.V. Thomas et bien d'autres , effectue un retour en force dans la société occidentale contemporaine, notamment dans l'art, qu'il s'agisse d'arts visuels, de littérature, de spectacles vivants ou éphémères, de cinéma, de séries télévisées, de théâtre, de chansons et de musiques, de bandes dessinées et de mangas…
La mort ne pouvant être appréhendée sociologiquement qu'à travers ses mises en forme matérielles dont les créations artistiques et littéraires, l'objet de ce colloque sera l'analyse des représentations actuelles artistiques et de ce fait sociales de la mort. Car, en accord avec P. Baudry, « être mort ne relève pas seulement d'un état ; il s'agit surtout d'un statut […] la mort n'est pas le point qui termine la phrase de chacun, isolément des autres phrases. Mais ce que le texte social inclut pour l'exclure, et exclut pour l'inclure » De fait, analyser la mort au travers des objets, des pratiques et des constructions artistiques, permet d'appréhender la construction sociale de la mort et de sa matérialisation qu'est le cadavre. Il apparaît donc nécessaire de s'interroger sur la manière dont les formes artistiques tentent de s'en saisir et de questionner les oeuvres actuelles (leur contexte et leur forme de création, de diffusion et de réception), et ainsi le contexte social dans lesquelles elles apparaissent et s'inscrivent.
Deux grands courants théoriques sur les représentations de la mort et du mort s'affrontent. On peut par exemple considérer avec L.V. Thomas, à propos des publicités et autres spectacles télévisuels et cinématographiques que : « brader le mort en la mettant à toutes les sauces pour satisfaire le voyeurisme est sans doute une manière concluante de nier la mort : on la banalise en la réduisant à un fait divers dont la répétitivité désamorce le tragique » ou bien se rapprocher de M. Vovelle qui, dans l'introduction de la récente réédition de son ouvrage majeur La mort et l'Occident de 1300 à nos jours , n'hésite pas à affirmer « il me semble aussi que cet intérêt à la mort dans l'écrit, spectaculairement repris par les médias, la presse, la télévision, est une autre manifestation de l'ampleur de ce qu'il est convenu aujourd'hui d'appeler la demande sociale. Nous sommes sortis du stade de la redécouverte et la mort, sous tous ses aspects, reflète un problème majeur de société qu'il est désormais impossible d'esquiver. »
Si le thème principal est la mort, le corps sera aussi traité, comme l'indique le titre, un e thème est double: c'est la mort mais aussi le corps, mais le corps souffrant (comme le body art), les performances sanglantes (dans la ligne de ce qu'ont fait les activistes viennois), la violence physique (au cinéma, dans les films gore, de guerre, policiers, etc., au théâtre avec la reprise de pièces comme Titus Andronicus ou le Grand Guignol), l'art trash. C'est aussi le corps mis en danger. Mais ce n'est pas le corps esthétisé, le corps en travail du sportif, le corps sain et en bonne santé pas plus que le corps handicapé. Le corps peut-être aussi bien celui de l'artiste que celui de n'importe traité comme matériau artistique.



Ce colloque se propose d'interroger la question de la mort et du corps selon 3 axes :

Axe 1. Les représentations de la mort
Les représentations de la mort et du mort véhiculées par des créations contemporaines.
La mise en scène des cadavres, entiers ou morcelés.
Le traitement de la mort et du corps dans une perspective esthétique.
Inversement, le traitement non esthétique du corps ; la corporéité dans son abjection, sa souffrance, sa déformation ou transformation.

Axe 2. La spectacularisation artistique de la mort et du corps
La violence et la mort dans les fictions cinématographiques ou télévisuelles.
La connaissance de la mort par celle du mort : autopsies et dissections dans la littérature, le cinéma et les arts plastiques.
La mort physique ou spirituelle dans l'art religieux contemporain.
Les réceptions (lectorales, picturales, iconiques…) des oeuvres macabres et mortuaires.

Axe 3. Corps et cadavre comme matériau de création
Les limites (éthiques, juridiques, sociales, culturelles, esthétiques, etc. ) qui se posent dès lors que l'art se saisit de la mort et du cadavre.
Le cadavre peut-il être un matériau de création comme un autre ?
L'auto-torture ou l'automutilation de l'artiste comme performance.
La question de la censure.
La question de la propriété de l'oeuvre : le mort appartient-il à sa famille ou à l'artiste ?

Cette liste est non exhaustive et des propositions autres, qui restent dans le cadre du colloque, sont les bienvenues.


Afin d'engager un débat scientifique sur les questions soulevées autour de cette thématique, nous attendons des propositions de communication représentatives des différentes formes de création contemporaine (musique, théâtre, arts plastiques, littérature, web art, danse, cinéma, photographie, B.D., etc.). Les communications qui abordent directement la question de la mort et du corps, soit en s'appuyant sur des recherches travaillant un terrain réel, soit en actualisant la réflexion sociologique (mais aussi anthropologique, historique, philosophique, juridique) sur la construction sociale de la mort et du corps, seront privilégiées

Les propositions devront être argumentées, comprises entre un minimum de 2 000 signes et un maximum de 4 000. La date maximum d'envoi des propositions est le 28 février 2007. Les réponses (acceptations ou refus) seront données fin avril.
Les auteurs devront envoyer leur texte en fichier attaché, format Word, et préciser leur nom, prénom, statut, adresse mail.
Les textes sont à envoyer à soldini@mmsh.univ-aix.fr et à sylvia.girel@wanadoo.fr

Le colloque aura lieu les jeudi 15, vendredi 16 et samedi 17 novembre 2007, au LAMES (LAboratoire MEditerranéen de Sociologie, UMR 6127) dans les locaux de la Maison Méditerranéenne des Sciences de l'Homme, à Aix en Provence.