Web littéraire
Actualités

"La cendre des cerisiers", par Ph. Forest (remue.net)

Publié le par Marc Escola

Sur le site Remue.net, un texte de Ph. Forest à paraître en préface à l’anthologie L’Archipel des séismes chez Picquier en février 2012


pix.png De ceux qui furent les victimes vraies du grand naufrage que connut le Japon ce 11 mars 2011 où, comme un navire secoué par la tempête qu’une lame éventre et envoie par le fond, le pays fut soudain submergé sur certains de ses rivages, nous ne connaîtrons jamais le récit qu’ils auraient fait du drame qui mit fin à leur vie. Seuls peuvent encore parler ceux qui ont survécu : les rescapés que la chance protégea du désastre et puis les témoins qui observèrent celui-ci depuis l’abri de fortune où ils avaient trouvé refuge ou ceux, nous étions parmi eux, qui se tenaient, plus loin encore, derrière l’écran de leurs téléviseurs, à l’écart d’une horreur devenue spectacle, sidérés par la peinture poignante d’un paysage sur lequel une vague effaçait toute vie, éprouvant cependant le soulagement d’avoir été épargnés dont parle un vieux poète, il se nomme Lucrèce, lorsqu’il évoque la jouissance coupable que procure à certains le malheur d’autrui.

pix.png Je n’ai recours qu’avec une réticence certaine à cette image qui assimile à un naufrage les événements récents du Japon : le tremblement de terre, le raz de marée, la catastrophe nucléaire toujours en cours à laquelle la destruction de la centrale de Fukushima expose tout un peuple, les générations actuelles comme celles encore à naître, et qui concerne à ce titre toute la planète. Je sais bien qu’une telle image confond ce qui demanderait à être distingué et qu’elle conduit à considérer comme le produit indifférencié d’une fatalité naturelle et puis d’un infortuné concours de circonstances, une situation terrible où l’imprévoyance criminelle des hommes eut aussi sa part. […]

Lire la suite sur remue.net…