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Appels à contributions
L'enquête

L'enquête

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Alain Vaillant)

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«L'enquête»

appel à contributionpour le n° 2010-3 de Romantisme. Revue duXIXe siècle

A la fois pratiquesociale et professionnelle, opération intellectuelle et forme narrative,« l'enquête » s'est imposée au XIXe siècle comme une catégoriemajeure d'approche, de questionnement et d'interprétation de la société. Si laprocédure est évidemment plus ancienne (Michel Foucault en repéra la complexegénéalogie de la Grèce d'Oedipe à l'administration carolingienne et l'on saitcombien l'Inquisition constitua au milieu du XIIIe siècle une étape décisive),c'est bien au XIXe siècle qu'elle s'impose comme le mode privilégié deproduction et de diffusion du « vrai », élargissant sans cesse lepérimètre de ses compétences : de la justice à la littérature, de l'administrationà la question sociale, des savoirs scientifiques au reportage journalistique.Autour d'elle semble se dessiner un nouveau régime de savoir, où se trouventredéfinies les relations liant l'individu à la nature et à la société. Elleapparaît ainsi comme une « figure » historique centrale, où peut selire une large part de notre modernité culturelle, sociale, voire politique.

Bien que lesdiverses formes d'enquêtes procèdent d'intentions et d'enjeux spécifiques, etparfois contradictoires, on partira cependant de l'hypothèse suivante :désignées par un même terme (« enquête »), adossées à un corpusthéorique ou à des méthodes comparables empruntés pour l'essentiel aux sciencesdu vivant et de la nature (induction, taxinomie, comparaison, etc.),servies par un lexique et souvent une rhétorique communs, ces diversespratiques poursuivent un même objet : déchiffrer « l'énigme duréel », en l'occurrence du social que ces enquêtes instituent davantagequ'elles ne le révèlent, dire le vrai et le donner à lire. Toutes s'inscriventdonc dans un même régime de cohérence et d'appréciation, concourent à un mêmeimaginaire. Il peut donc apparaître légitime de les envisager et de les appréhenderensemble afin de comprendre comment ces formes, dans leur diversité tout autantque dans leur convergence vers une modalité épurée dont l'herméneutiquepolicière constitue sans doute le symbole, participent d'une même« culture de l'enquête » qui s'affirme au XIXe siècle.

Les contributions(qui ne pourront dépasser 30 000 signes, espaces et notes incluses)privilégieront les mises aux point synthétiques portant sur des formes« remarquables » d'enquêtes ou d'investigations mises en oeuvre auXIXe siècle (enquêtes administratives et gestionnaires, philanthropiques,sociales, pénitentiaires, scientifiques et médicales, religieuses, littéraireset journalistiques), pensées à la fois dans leurs fondements épistémologiques,leurs pratiques, leurs mises en scène, leur diffusion ou leur représentation.Des analyses plus spécifiques pourront aussi être consacrées à des formesparticulières d'investigation ou de figuration du social, aux modalités propresd'écriture de l'enquête, au fonctionnement de son récit, à des figuressingulières d'investigateurs/trices ou à des étapes significatives dansl'histoire ou l'écriture de l'enquête. La question des apories internes, desdébordements ou de la « perversion » des principes de l'enquête parses représentations peut aussi constituer un angle d'approche pertinent.

Les propositions(assorties d'un résumé d'une page insistant sur les intentions propres de lacontribution, les sources ou le matériau empirique utilisé, ainsi qu'une brèveprésentation de l'auteur) devront être envoyées à dominique.kalifa@univ-paris1.fravant le 30 avril 2009.