« L’effet propre de la tragédie » de l’humanisme aux Lumières
Journée d’études
Université Paris 8 – Vincennes à Saint-Denis, salle D002
samedi 29 septembre 2012
organisée par Marc Douguet, Ouafae El Mansouri et Servane L’Hopital
Avec le soutien des équipes d’accueil «Littérature et histoires» (Paris 8)
et «Groupe Renaissance et Âge Classique» (Lyon 2)
Cette journée d’étude réunit des jeunes doctorants spécialistes de théâtre (XVIe-XVIIIe siècles) autour d’une notion problématique de la tragédie : son « effet », son « effet propre ».
À la suite d’Aristote, la réflexion critique sur les moyens de la tragédie de l’humanisme aux Lumières tourne autour de ce concept trouble. Théoriciens et dramaturges rappellent sans cesse la nécessité de « faire effet » mais la nature de l’ « effet » en question n’est définie qu’avec difficulté et réticence, alors que le terme lui-même est propice aux glissements de sens. La double acception d’ « impression » et de « conséquence » permet de passer facilement du registre affectif au registre moral. « L’effet propre de la tragédie » ressemble parfois à un mystère sur lequel se fonde pourtant tout un édifice de contraintes formelles rigoureuses.
Si le couple aristotélicien de terreur et pitié est régulièrement convoqué, d’autres effets sont cependant envisagés par les dramaturges pour la tragédie moderne, que l’on songe à l’admiration, la tristesse, l’horreur... L’étude de tragédies traitant d’un même mythe permettra de souligner l’infléchissement opéré par chacune pour obtenir tel effet plutôt qu’un autre. On s’interrogera également sur des effets peut-être subalternes mais moins affectifs, effet d’attente et de surprise, musicalité de la langue, et sur leur rôle quant à l’effet tragique. Il s’agira donc de rouvrir l’éventail des effets, de repenser leurs rapports et leur hiérarchie.
Enfin au cours de cette étude nous rencontrerons des enjeux moraux et politiques. Tragédies hagiographiques ou patriotiques peuvent chercher non seulement à toucher le spectateur mais aussi à le faire agir ou à lui imprimer des valeurs. L’effet de la tragédie se cantonne-t-il au simple « divertissement » ?
Nous espérons que cette réflexion sur la poétique de la tragédie moderne permettra de mieux saisir la spécificité et l’historicité du genre.
9h30-10h : Accueil des participants et introduction
Tragédie et antiquité
Président : Pierre Frantz (Université de Paris 4)
10h-12h20
Tristan Alonge (Université de Paris 4), « Racine et Aristote : traducteur, théoricien, poète »
10h40-11h : Pause
Marek Ocenas (Université de Lyon 2 / Université Charles de Prague), « Crébillon et la dramaturgie de l’effet : l’exemple d’Électre (1709) »
Marie Saint-Martin (Université de Paris 4), « De l’"horreur" à la "compassion" : Électre, "une viande trop dure" pour les scènes parisiennes ? »
12h20-13h40 : Déjeuner
Tragédie et christianisme
Président : Emmanuel Bury (Université de Versailles – Saint-Quentin)
13h40-15h
Servane L'Hopital (Université de Lyon 2), « D'Aubignac, un abbé ? Vraisemblance de la tragédie et invraisemblance de l'eucharistie »
Emmanuelle Chastanet (Université de Tours), « L’Effet de la tragédie hagiographique : pleurer, imiter ou admirer ? »
15h-15h-20 : Pause
Des effets secondaires ?
Présidente : Christine Noille (Université de Grenoble 3)
15h20-16h40
Marc Douguet (Université de Paris 8), « Suspendus au bord de la falaise : entracte et effet d'attente »
Sylvain Garnier (Université de Paris 4), « "Au piteux écouter de si tristes paroles" : la recherche d'une musicalité déplorative comme effet tragique dans La Cléopâtre captive de Jodelle »
16h40-17h : Pause
Monstres et victimes
Présidente : Céline Frigau (Université de Paris 8)
17h-18h20
Ouafae El Mansouri (Université de Paris 8), « Stupeur et tremblements : effets terribles et plaisir esthétique dans Rodogune »
Thibaut Julian (Université de Paris 4), « "Échauffer le coeur, éclairer l’esprit, enchanter l’oreille" ou les effets propres de la tragédie nationale au XVIIIe siècle, autour de la Saint-Barthélemy »
18h20-18h30 : Conclusion et synthèse