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L'Auteur de cinéma : histoire et archéologie d'une notion

L'Auteur de cinéma : histoire et archéologie d'une notion

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Christophe Gauthier)

L'AUTEUR DE CINEMA : HISTOIRE ET ARCHEOLOGIE D'UNE NOTION

Présentation :

L'auteur : critiques et cinéphiles ont, depuis un demi-siècle au moins construit dans l'imaginaire collectif une mythologie du cinéma entièrement édifiée sur cette figure héroïque. L'histoire du cinéma s'est à son tour largement appuyée sur cette mythologie. Jamais cette notion d'auteur pourtant complexe ni ce processus de sacralisation n'ont pourtant fait l'objet d'une véritable histoire. C'est de cette histoire et de cette complexité que les organisateurs de ce colloque veulent aujourd'hui rendre compte.

Il s'agit de s'inscrire dans une démarche qui est celle de l'histoire culturelle du cinéma et qui refuse donc de choisir entre le cinéma-art et le cinéma-industrie, considérant d'une part que la notion d'art cinématographique elle-même doit être objet d'histoire, en ce qu'elle constitue une thématique majeure de l'histoire culturelle du XXe siècle, et d'autre part que l'histoire de l'industrie et du commerce cinématographiques est inséparable de cette histoire de l'art. A ce titre, l'histoire culturelle du cinéma s'intéresse au cinéma “ populaire ” comme au cinéma “ d'auteur ” (catégorie elle-même sujette à historicisation), son but n'étant pas de reproduire ni a fortiori de justifier les hiérarchies cinéphiles, mais précisément de comprendre les conditions d'élaboration de ces hiérarchies.
C'est donc dans une perspective généalogique que sera envisagée la notion d'auteur de cinéma. La célèbre “ politique des auteurs ” ne sera pas le fil rouge de ce colloque, mais sera envisagée comme un moment dans l'histoire de la notion d'auteur ; un moment qui a connu une fortune certaine mais qui, pour être situé au milieu de l'histoire du cinéma, ne se situe pas nécessairement en son centre et doit être, à son tour, objet d'histoire.

Deux grands axes sont donc envisagés pour ce colloque : une réflexion sur l'archéologie de la notion d'auteur d'une part, une étude de la fabrique du film d'autre part, où se joue l'agencement entre le collectif et l'individuel, essentiel dans la construction et la perception de la figure de l'auteur. Il s'agit donc de réintroduire de la complexité dans un objet d'étude trop souvent encore abordé sous l'angle hagiographique. De ce point de vue, et pour contextualiser la notion d'auteur, le colloque privilégiera les approches transversales sur un groupe de cinéastes, une cinématographie nationale ou un système de production, même si l'approche individuelle est bien entendu nécessaire dans certains cas.


Les propositions d'intervention pourront répondre aux questions suivantes :

1. Comment s'est élaborée juridiquement de la notion d'auteur, qu'en est-il des luttes pour les droits d'auteur depuis les premiers temps du cinéma, des débats autour de la reconnaissance en paternité du film, des enjeux corporatifs qui président à la construction de la notion d'auteur de film ?

2. Quelles sont les grandes étapes de l'histoire de la notion ? Comment ces étapes s'articulent-elles les unes par rapport aux autres ? Les années 1920, les années 1930, les années 1950-60 et la Nouvelle Vague ont contribué à l'élaboration de modèles distincts de la notion d'auteur ; qu'en est-il de la diffusion et de l'évolution du modèle “ Nouvelle Vague ” depuis les années 50, des contre-modèles portés par le cinéma “ populaire ” des années 1970-90 ?

3. De Stroheim à Lelouch, en passant par Gance, Guitry, Mocky, Kubrick ou Eastwood, quelles sont les différentes figures de l'auteur tout puissant, maître de son oeuvre et ses variantes, quelle en est la dimension mythologique, quelle en est l'importance réelle ? (on pourra décliner les figures du "démiurge", qui veut maîtriser l'ensemble du processus de création, de "l'homme-à-tout-faire", qui s'implique dans toutes les étapes, de l'écriture à l'exploitation, ou encore du "transfrontalier", qui passe du rôle de producteur à celui de cinéaste et inversement…)

4. Comment s'organise la collaboration entre les différents acteurs du processus de création intellectuelle du film (auteur littéraire d'une oeuvre adaptée et scénariste, scénariste et réalisateur, réalisateur et producteur) ? Qui conçoit le film, par exemple dans le cas des films adaptés de l'oeuvre de Pagnol ? Qu'est-ce qu'un producteur exécutif et quel est son rôle dans la création cinématographique ?

5. Dans le même ordre d'idées, l'exhumation d'un travail de collaboration, la participation de différents acteurs à la phase matérielle de création du film participe d'une histoire sociale du cinéma. Comment s'organise cette collaboration entre le réalisateur et les techniciens du film, en particulier le chef opérateur ?

6. Peut-on, dans le cas de l'inscription du réalisateur dans un processus collectif, opposer le cinéma d'industrie au cinéma d'auteur ? Peut-on parler d'un cinéma d'atelier contre un cinéma d'auteur ? (cas du système des studios hollywoodiens, cas du cinéma soviétique de l'entre-deux-guerres, cas des collectifs militants des années 1960-70…)

7. Quel est, par la suite, le rôle des différentes instances de réception du film et la manière dont elles influent sur la création cinématographique ? (la censure, le distributeur, la critique, le(s) public(s)…)


Dates et organisation :

Les propositions d'intervention (une dizaine de lignes) sont à renvoyer par mail aux deux organisateurs avant le 1er décembre 2006.

Le colloque se tiendra à Paris, à l'Institut national d'histoire de l'art, du 6 au 8 décembre 2007.

Il est co-organisé par l'Université Paris I (CERHEC – Centre d'études et de recherches sur l'histoire et l'esthétique du cinéma) et l'Institut d'histoire du temps présent (IHTP-CNRS).


Organisateurs :

Dimitri Vezyroglou est maître de conférences à l'université Paris I, dimitri.vezyroglou@wanadoo.fr
Christophe Gauthier est conservateur de la Cinémathèque de Toulouse, christophegauthier10@free.fr