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L’art de vivre / de survivre / de revivre (Łódź)

L’art de vivre / de survivre / de revivre (Łódź)

Publié le par Romain Bionda (Source : romanistyka.lodz.50@filologia.uni.lodz.pl)

L’art de vivre, de survivre, de revivre. Le 50anniversaire des études romanes à l’Université de Łódź

L’histoire de la philologie romane de Łódź commence juste après la Seconde Guerre mondiale, lorsque, en 1945, la première unité de recherche dans le domaine de la langue et de la littérature françaises a été créée. Pendant quelques années, ce département s’est développé de façon très intense. Pourtant, en 1951, à l’époque du stalinisme et de la guerre froide et des événements politiques qu’ils impliquaient, les autorités communistes ont suspendu l’enseignement des disciplines néophilologiques, y compris celui des études romanes, tout en permettant, néanmoins, de poursuivre les recherches dans ce domaine. En 1960, le Département de Philologie Romane a été incorporé au Département de Théorie de la Littérature. L’enseignement à la philologie romane de Łódź n’a repris qu’en 1971 et, deux ans plus tard, à la suite de la réorganisation administrative de l’Université, le département a été transformé en Chaire de Philologie Romane. Les célébrations de l’année en cours visent donc la commémoration du 50e anniversaire de la réactivation des études romanes à l’Université de Łódź en tant qu’unité de formation et de recherche autonome. La même année 2021 est également marquée par le 10eanniversaire de la création du Département de Philologie Italienne au sein de l’Institut d’Études Romanes. L’occasion de célébrer sera donc double. Un colloque international, préparé ici, à Łódź, dans le bâtiment de notre Faculté de Philologie, serait une forme naturelle de commémoration d’un tel anniversaire. Hélas, la pandémie de coronavirus, qui a infecté les zones les plus sensibles de la vie sociale en Pologne et dans le monde entier, rend impossible l’organisation d’un tel événement. Cependant, afin d’éviter la situation où nous serions obligés de reporter les célébrations du jubilé d’un an, ou peut-être même de deux ou trois ans –qui sait combien de temps les conditions extraordinaires nous confineront encore chez nous –, nous aimerions inviter, dès aujourd’hui, tous les intéressés à participer à notre projet de publication commémorative. C’est-à-dire à écrire un article que nous publierons dans une monographie thématique dédiée à la célébration de notre 50e anniversaire.

 

« L’art de vivre / de survivre / de revivre » – tel est le titre du projet que nous proposons comme thème conducteur. Sa valeur principale est de combiner l’histoire de la Philologie Romane de Łódź, inscrite dans une série d’événements historiques tumultueux, avec celle des expériences pénibles du moment présent, marqué par la pandémie: dans les deux cas,nous observons le phénomène de rupture qui, d’un tracé épais, sépare ce qui a été de ce qui est et de ce qui sera. La rupture chasse nos habitudes confortables ou neutralise les sources antérieures de nos maux et chagrins, et nous contraint incessamment à réfléchir sur les formes de vie de l’individu dans une nouvelle réalité et, par la force des choses, à réévaluer son actuel modus vivendi. Bien sûr, nous n’apprendrons pas à bien vivre du jour au lendemain; pour le faire, nous avons besoin de distance temporelle et de sa fonction cognitive dont Marcel Proust parlait d’une manière si suggestive. Cependant, on peut dire avec certitude que l’art de vivre / de survivre / de revivre suppose une réflexion ancrée dans un axe temporel. Mais qu’est-ce que le temps? Ce qui n’est plus et ce qui n’est pas encore, mais aussi ce qui est à la frontière entre le passé et l’avenir, ce moment insaisissable qui meurt aussitôt qu’il naît. Ce nihilisme philosophique peut certes être atténué par la conception bergsonienne de la durée, la seule forme réelle de l’expérience du temps. Mais l’humaniste ne manquera pas de trouver, dans ces considérations, l’horizon intellectuel de ses propres réflexions et de s’interroger sur le quoi, le comment et le pourquoi. Il se penchera sur ce qui est et ce qui dure et sur les formes que la durée peut revêtir. Enfin, il donnera libre cours à son imagination pour modeler la vision de son propre avenir et celui de la communauté dont il fait partie.

 

Notre publication sera axée sur deux domaines scientifiques : la littérature et la linguistique.

Dans le domaine de la littérature, nous vous invitons à réfléchir sur l’art de vivre dans le passé, aujourd’hui et dans l’avenir. Par l’art de vivre nous entendons un ensemble d’attitudes intellectuelles, émotionnelles, spirituelles et morales adoptées par l’individu face à son existence dans diverses communautés et dans des conditions historiques et sociopolitiques spécifiques. Nous voulons mettre l’accent sur les approches thématiques des processus d’adaptation à de nouvelles réalités à l’ère actuelle et dans le passé, ainsi que sur les moyens d’expression qui accompagnent ces changements. Nous nous adressons aux littéraires, aux historiens de la littérature, aux historiens des idées et à d’autres spécialistes qui seront intéressés par la problématique de notre projet. En particulier, nous proposons les champs thématiques suivants qui n’excluent pas, bien évidemment, d’autres axes de réflexion :

– la vie avant / pendant / et après la pandémie

– interprétation du passé : passéisme, idéalisation / cristallisation du passé vs condamnation des temps anciens ; évaluation et critique du temps passé

– contestation / réinterprétation du passé, révisionnisme, réaction

– rupture, moment crucial, tournant, réorientation, révolution

– tournant comme effet d’une nécessité soudaine vs comme résultat de transformations graduelles

– valeurs matérielles, morales, sociales, culturelles, politiques, spirituelles et religieuses liées à la rupture

– relations individuelles en période de rupture / observations de phénomènes collectifs en période de tournant comme contrepoids aux relations individuelles / tensions sur l’axe entre l’individu et la communauté / idée du village global à l’ère d’Internet (avant) et à celle d’Internet et de pandémie (maintenant)

– passivité (repli sur soi), activité (par actes et paroles) en temps de catastrophes naturelles (peste, tsunami...), écologiques (Tchernobyl) et humaines (guerre)

– situation des institutions culturelles en période de rupture

– visions de l’avenir : utopie / dystopie comme forme de commentaire littéraire portant sur l’actualité ; réformes politiques et sociales, rêves / attentes individuels ; temps d’espoir / temps d’illusions

¬ vision de la reconstruction / du renouvellement après le tournant / création d’une nouvelle réalité / référence à la tradition

– la vie littéraire qui ne commence qu’après la mort de l’auteur (la vie – l’art de vivre – et de survivre du point de vue de l’auteur) / glorification de l’auteur post mortem, politique culturelle à l’égard de la littérature nationale (critères de sélection des auteurs qui entrent dans le programme d’études)

– post-mémoire (individu et société en tant qu’héritiers de la mémoire – en particulier dans le contexte des expériences traumatiques) / relation du discours littéraire à la réalité non littéraire (décorum), problématisation du statut de la fiction littéraire / vie en temps de malheur collectif vs survie dans la littérature

– « revivre » comme ré-expérience de quelque chose qui a été déjà vécu, possible grâce à un souvenir, à un rêve qui renvoie à des événements passés – ou comme opportunité de réaliser ses rêves / thème du printemps comme renaissance de l’amour ou de toute activité humaine

– recherche d’une nouvelle forme d’expression pour décrire une crise, une rupture, des événements traumatiques / tradition vs modernité

– anxiété / angoisse / peur de l’inconnu face à l’avenir (par exemple dans le cadre du programme de l’UE Nouvelle Génération – Next Generation EU)

 

Dans le domaine de la linguistique, l’objectif général du volume sera de s’interroger sur la / les manière(s) dont le langage, envisagé dans sa diversité, représente la vie et le fait de vivre, de (sur)vivre et de (re)vivre à l’époque du Covid-19, mais aussi après elle et, pourquoi pas, aussi avant l’arrivée de la pandémie.

Voici une liste non exhaustive des principaux axes de réflexion et de problèmes proposés, dont les approches peuvent être tout aussi descriptives que contrastives, synchroniques que diachroniques, épistémologiques que pratiques.

En lexicologie :

– quels sont les mots relatifs à la vie et au fait de vivre à l’époque de la pandémie et en général ?

– quelles formes prennent-ils pour exprimer quels sens ?

– quels sont les moules lexicogéniques mis à l’oeuvre pour exprimer les expériences de la pandémie ?

En lexicographie :

– quelles sont les représentations lexicographiques des mots et expressions relatifs à la vie et au fait de vivre à l’époque pandémique et en temps normal dans les dictionnaires contemporains et anciens ?

En néologie :

– quelles sont les sources des néologismes récents ?

– en quoi les mots nouveaux constituent-ils des mots-témoins de la réalité actuelle ?

– en quoi la créativité lexicale est une réaction à une nouvelle réalité et quelles en sont les fonctions ?

En sociolinguistique :

– quelles sont les façons de parler de la vie et du fait de vivre à l’époque de la pandémie et en général dans différentes variantes socio- et technolectales ?

– quels mots pour qui, pour quoi, quand, dans quelles situations ?

En phraséologie :

– comment la vie et le fait de vivre sont-ils appréhendés et reflétés par les expressions figées et les proverbes ?

– comment « vit » le figement : entre les syntagmes libres, figés et défigés ?

En analyse discursive :

– quelles sont les perceptions et les représentations de la vie et du fait de vivre à l’époque du Covid-19 dans tout type de discours ?

– quelles sont les stratégies argumentatives dans le discours face à la situation pandémique ?

– quels sont les instruments lexicaux et discursifs mis à l’oeuvre dans la verbalisation des émotions qui accompagnent les tournants, les points critiques dans une communauté ?

En onomastique :

– comment les noms propres dans différentes sphères de la culture et de l’espace naturel reflètent les changements, les tendances et les besoins de l’identification et de l’énonciation adaptées à la réalité de l’époque donnée ?

– quels sont les témoignages de la dynamique culturelle de l’existence humaine et de son entourage matériel et immatériel dans les onomasticons à travers le temps ?

En traductologie :

– entre l’implicite et l’explicite : comment faire revivre et faire survivre un texte en traduction ?

– quelles sont les stratégies permettant de faire revivre et / ou de faire survivre des contenus sémantiques et culturels en traduction ?

– quelles difficultés concrètes représente la traduction de l’humour verbal vu comme l’art de survivre face à des moments difficiles ?

En glottodidactique :

– comment vivre la / les langue(s) et en langue(s) dans le contexte scolaire et en dehors de la classe ?

– quelles relations envisager entre l’art de vivre, l’art d’enseigner et l’art d’apprendre en classe de langues ?

Langues de publication : français, italien, espagnol

 

Délais :

– nous attendons jusqu’au 31 mars 2021 vos projets de publication (1000 signes espaces comprises) avec une brève notice biobibliographique ; envoyez-les, svp, à l’adresse suivante : romanistyka.lodz.50@filologia.uni.lodz.pl

– avant le 15 avril 2021 le comité scientifique vous informe sur la décision concernant votre projet ;

– nous attendons vos articles jusqu’au 31 juillet 2021.

 

Au plaisir de vous lire !

Équipe de philologie romane de l’Université de Łódź