Questions de société
Journée manifeste :

Journée manifeste : "Quel français voulons-nous?"

Publié le par Marc Escola (Source : Adeline Desbois-Ientile)

Journée manifeste organisée par l'Association le latin dans les littératures européennes :

" Quel français voulons-nous? "

 

PROGRAMME :

Matin

9h00   Accueil et introduction par Cecilia Suzzoni, présidente d’honneur de l’ALLE

9h30   Ouverture de la journée par Michel Zink, professeur au Collège de France, Secrétaire perpétuel de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres.

Lecture d’un message d’Yves Bonnefoy.

 

Session 1 :

9h45   Thomas Pavel, professeur à l’université de Chicago : « La politique de l’oubli »

10h15 Michel Deguy, poète, écrivain : « De l’indestructibilité »

 

Session 2 :

11h15  Mireille Huchon, professeur à l’université Paris-Sorbonne : « Pour un nouvel Hercule gaulois »

11h45  Valère Novarina, écrivain, dramaturge, metteur en scène : « Désoubli »

 

Après-midi

14h15 Ouverture par Régis Debray, philosophe

 

Session 3 :

14h30 Pascale Bourgain, professeur à l’École Nationale des Chartes : « Nous latins »

15h   Alain Bentolila, linguiste, essayiste : « Le français, langue de résistance »

 

Session 4 :

16h   Jean-Michel Maulpoix, poète et critique littéraire, professeur à l’université Paris-III : « Pour une ligne de langue claire » 

16h30 Alain Borer, poète, essayiste : « Le latin est l’avenir du français »

17h   Jean-Michel Delacomptée, écrivain, essayiste : « L'art d'être simple »

Table ronde et échanges avec la salle, avec la participation de Xavier Darcos (sous réserve) et de Régis Debray.

 

ARGUMENTAIRE :

Nous vivons une crise des humanités dans une société du présent, de l’utilité et de la rentabilité. Les réformes de l’enseignement qui se succèdent nous prennent de court. Elles tendent à fracturer un peu plus le socle langagier sur lequel s’appuient notre histoire et notre culture. Il est temps d’exposer au grand public, au monde politique et journalistique, les fondements intellectuels de ces enjeux qui concernent l’avenir de la langue française.

Le latin n’est pas une langue ancienne parmi les autres : il est la langue ancienne du français, non seulement parce que le français est du « latin continué », mais aussi parce qu’il s’est défini, au moins depuis le XVIème siècle, par rapport au latin, dans une relation de filiation à la fois critique et constructive. Le français doit-il rester cette langue de culture qui tient sa substance vive d’un long compagnonnage, amoureux et conflictuel, avec sa langue mère le latin, et qui lui a permis de servir d’outil à toutes les formes de la pensée et du génie humains : science, droit, histoire, philosophie, poésie ? Préfère-t-on le couper de ses racines, reléguer l’étude du latin et des langues anciennes à quelques laboratoires antiquisants, faire de notre idiome une simple langue de communication, en concurrence directe et forcément défavorable avec l’anglais global ?

            Le développement accéléré des technologies modernes de communication soumet les langues à rude épreuve. Les impératifs de vitesse, de mécanisation et de monosémie, appauvrissent leur potentiel de signification. C’est désormais une responsabilité historique pour l’École de la République de défendre le français comme langue de culture, enracinée dans une histoire et une littérature qui constituent les garantes indispensables d’une richesse, d’une audace et d’une originalité de pensée. Personne, sans doute, n’imagine sérieusement un enseignement de la langue et de la littérature françaises amputé de cette latinité bien vivante ; et pourtant, par étourderie, paresse, irresponsabilité, on peut renoncer à la langue ancienne et ce faisant priver sa langue maternelle de la profondeur historique qui en fait une langue de culture.  On croit rompre avec les Anciens ; on rompt avec le plus proche, c’est-à-dire avec soi-même.