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Les imaginaires de la traduction (Paris)

Les imaginaires de la traduction (Paris)

Publié le par Marc Escola (Source : Christina Bezari )

Appel à contributions / Call for papers (scroll down for English version)

Journée d’Étude

 

Les imaginaires de la traduction

Campus Condorcet (Universités de Paris XIII et Paris III, en partenariat avec l'Université de Gand)

Samedi 4 mars, 9h00-18h00, Salle Bourjac, 17 rue de la Sorbonne, 75005 Paris

 

Cette Journée d’Étude, organisée dans le cadre des Journées de Doctorants du Campus Condorcet, rassemblera les réflexions théoriques et pratiques les plus récentes au sujet de la traduction littéraire. La première partie se déroulera pendant toute une matinée et sera consacrée à l’épistémologie de la traductologie. Des chercheur-se-s impliqué-e-s dans le renouvellement des approches traductologiques se réuniront autour d’une table ronde pour évoquer les perspectives les plus novatrices. Figureront parmi ces intervenant-e-s : Astrid Guillaume, Charles Le Blanc, Jean-Yves Masson, Carole Birkan, Guillaume Coatalen et Philippe Guérin.

La deuxième partie de la journée sera consacrée à un « Atelier de Jeunes Chercheurs » pour lequel les doctorant-e-s et les jeunes chercheur-se-s du Campus Condorcet, ainsi que d’autres universités, sont invité-e-s à soumettre leurs candidatures.

 

Thématique

Après avoir décrit les dynamiques qui ont amené la crise actuelle des études comparatistes et les enjeux que le new comparatism (Gayatri Spivak : 2003) se prépare à affronter, Gillian Lane-Mercier signale dans un article de 2009 « l’urgence de remettre en cause les avantages – lire les visées – d’une interdisciplinarité sauvage, incontrôlée et incontrôlable qui, à force de jeter des ponts, court le risque de l’éclatement et, partant, l’autodestruction ».

Toutefois, la littérature comparée – comme la traductologie – reste une discipline inévitablement fondée sur l’hybridité et le croisement, et ne peut pas s’empêcher de penser et se repenser au prisme de cette inspiration, d’une « théorie de la mobilité » (Tiphaine Samoyault : 2011). Plus particulièrement, les rapports entre traductologie et littérature comparée dévoilent toute la complexité et les risques de ces disciplines hybrides, ainsi que l’importance de réfléchir sur leur identité et leurs spécificités. C’était déjà d’ailleurs, le thème du XIe Congrès de l’Association Internationale de Littérature Comparée (1985) : dans son introduction, José Lambert soulignait l’importance de la traduction comme étant un champ spécifique en même temps que la nécessité d’une interaction entre la théorie, l’histoire de la traduction et les autres disciplines. Cela revient à dire qu’il est souhaitable de considérer la traduction, non seulement d’un point de vue de la littérature, mais aussi l’histoire des savoirs et des pratiques sociales (F. Rastier : 2011 ; A. Guillaume : 2015 ; Y. Chevrel, J.-Y. Masson : 2015). Il nous semble donc nécessaire de repenser la traduction au prisme de la philosophie, de la poétique, des études sur l’imaginaire, enfin, de la repenser comme un art et non comme l’un des domaines de la linguistique appliquée.

En effet, comme l’a avancé G. Lane-Mercier, la littérature comparée et la traductologie trouveraient leur spécificité commune à la fois dans la visée centrifuge, nomade ou encore « cartographique » qui les anime, et dans la logique de l’intersection, du réalignement, de la traversée. C’est par le biais d’un tel processus que ces deux disciplines deviennent des champs de conflit mais aussi de synthèse.

Dans ce contexte, nous voulons tenter une expérience aussi simple que nécessaire : proposer une nouvelle réflexion sur la pratique et la théorie du traduire, une nouvelle manière de « penser la traduction », selon l’inspiration formulée par Jean-Yves Masson (1999, 2013). Tout en suivant une démarche « cartographique », nous souhaitons envisager une hybridation entre la traductologie et les études sur l’imaginaire. Il est en fait crucial d’observer les manières par lesquelles l’imaginaire intervient dans la « réélaboration socio-symbolique des pratiques traductives » (Antonio Lavieri : 2010). On peut en fait constater que nombre de choix traductionnels dérivent de l’imagination créatrice des traducteurs, qui s’incarne, consciemment ou inconsciemment, dans des choix linguistiques et même poétiques, comme l’on peut remarquer par exemple à travers les études de de Linda Collinge (2000) ou de Mathias Verger (2010). Nous traiterons donc la traductologie d’un point de vue d’une « génétique de la traduction » (Charles Le Blanc : 2009), mais qui repense son identité à la lumière des études comparatistes.

Cela revient à considérer la traduction à l’intérieur de ce qu’on pourrait appeler les « circonstances événementielles de la production imaginaire » (Laurent Van Eynde : 2005). En effet, on peut constater que nombre de choix traductifs dérivent de l’imagination créatrice des traducteurs, à savoir une « imagination active » (Carl Gustav Jung : 1970) qui s’incarne, consciemment ou inconsciemment, dans des choix linguistiques, traductologiques, et même poétiques.

Cette conception de l’imagination fait clairement écho à celle de Giambattista Vico qui, dans la Scienza nova (1744), expose la doctrine des « universaux fantastiques » dans laquelle l’imagination est considérée par rapport à son lien avec la poétique. Il ne s’agira pas de réinventer une « théorie de l’imagination » à la manière de Paul Ricœur (1986), mais plutôt d’envisager ce qu’il nomme une « poétique de la volonté » (P. Ricœur : 1986) en observant un certain nombre de phénomènes et d’expériences « à la charnière du théorique et du pratique » (P. Ricœur : 1986). Par ailleurs, c’est par le biais d’une telle interdisciplinarité qu’on arrivera à surmonter toutes les intrications de la traduction littéraire, afin de pouvoir y saisir une nouvelle réalité linguistique et socioculturelle (Susan Bassnett : 1998). En effet la traduction met en œuvre un travail sur l’imagination et sur toutes ces facultés qui vont au-delà, et en deçà, de la dimension langagière. Comment l’explique François Vezin, les compétences linguistiques ne suffisent pas à la traduction, « car il faut autant et bien davantage une imagination productrice, comme disait Kant, avec cette différence qu’il faudrait en l’occurrence aller jusqu’à parler d’une fonction translinguistique de l’imagination » (F. Vezin : 2005).

Il s’agira ainsi d’étudier, dans le sillage de Christine Lombez (2016), les paratextes, les essais, les influences, les alliances intertextuelles… qui informent le travail des traducteurs et leurs imaginaires. Cette inspiration théorique pourrait s’incarner finalement dans une multiplicité d’analyses, de méthodes, de lectures, dans le but de tracer des profils inédits des traducteurs et de repenser les études en traductologie.

Plusieurs axes proposés :

  • imaginaires et pratiques de la traduction
  • les imaginaires dans les projets de traduction
  • imaginaires comparés des traducteurs
  • l’imagination des traducteurs face aux intraduisibles
  • l’imaginaire en jeu dans l’auto-traduction

 

Modalités de soumission

Les communications pourront faire l’objet d’une publication. Ces textes devront être inédits et devront passer par une sélection ultérieure. Ils seront envoyés dans le mois suivant la Journée d’Étude. Les normes de publication seront communiquées aux candidats pour les articles retenus.

Les propositions de communication sont à adresser en anglais ou en français aux adresses suivantes avant le 31 novembre 2016. Elles comporteront un résumé de 300 à 400 mots, un titre, une notice biographique et les coordonnées des intervenants.

 

Christina BEZARI (Université de Gand): bezari.christina@gmail.com

Riccardo RAIMONDO (Paris-Diderot/Sorbonne-Nouvelle): raimondo.riccardo@yahoo.it

Thomas VUONG (Paris-Nord): ths.vuong@gmail.com

En ligne : https://imagotrad.hypotheses.org/   

Cette action est soutenue par le Campus Condorcet.

http://www.campus-condorcet.fr/

 

English Version

Workshop

The imaginaries of translation

Campus Condorcet (Paris XIII, Paris III, in partnership with Ghent University)

March 4, 2017, Paris, France

Sorbonne University, Auditorium Bourjac

 

This workshop is part of the Campus Condorcet initiative and wishes to introduce new ideas concerning the theory and practice of literary translation. The first half of the workshop will be devoted to translation theory. International experts such as: Astrid Guillaume, Charles Le Blanc, Jean-Yves Masson, Carole Birkan, Guillaume Coatalen and Philippe Guérin, will have the chance to present their research paying special attention to the current state of the art. The second half of the workshop is open to young PhD students and international researchers who wish to share their thoughts concerning the correlations between comparative literature and translation theory.

 

Theme

After describing the dynamics that led to the current crisis of comparative studies and discussing the issues at stake that will be dealt with by a new comparatism (Gayatri Spivak: 2003), Gillian Lane-Mercier emphasized “The urgency to question the benefits -or the objectives- of an uncontrolled and uncontrollable interdisciplinarity. Due to the fact that it has been bridging too many gaps in the past few years, interdisciplinarity now runs the risk of an imminent and self-destructive breakdown” (Gillian Lane-Mercier: 2009).

Nevertheless, both comparative literature and translation studies are disciplines that are based on hybridity and the crossing-over of networks. In that sense, both of them are seen through the prism of cultural and linguistic interactions or through the lenses of a “theory of mobility” (Tiphaine Samoyault: 2011). More specifically, the relationship between translation studies and comparative literature reveals the complexity and risks of such hybrid disciplines while emphasizing the importance of rethinking their identity and their specific features. This was the main subject of the 11th Congress organized by the International Association of Comparative Literature (1985). In his introduction, José Lambert stressed the importance of translation as a specific field and underlined the need of an interaction taking place between the theory and history of translation and the other disciplines. It is therefore desirable to grasp translation, not only from the viewpoint of literature, but also from the viewpoint of the history of knowledge and social practices (F. Rastier: 2011; A. Guillaume: 2015; Y. Chevrel, J.-Y. Masson: 2015). It also seems necessary to rethink translation through the prism of philosophy, poetics, studies on the imaginary, and finally, to consider it as an art and not as a branch of applied linguistics.

Indeed, as argued by G. Lane-Mercier, comparative literature and translation studies are intrinsically linked because of their common centrifugal, nomadic or “cartographic” aims as well as the common logic of the intersection, the realignment and the crossing of borders. It is through such processes that these two disciplines become fields of major conflicts, but also fields of major synthesis.

In this context, we would like to try a quite simple but much needed experiment by introducing new considerations concerning the theory and practice of translation. This experiment will inaugurate a new way to “meditate on translation” as stated by Jean-Yves Masson (1999, 2013). By adopting a “cartographic” approach, we will attempt to develop new critical reflections on how to compare language practices and imaginaries. In this attempt, it is crucial to take into consideration the ways in which the imagination is involved in the “socio-symbolic elaboration of translation practices” (Antonio Lavieri: 2010). We will thus treat translation studies from the standpoint of a “genetic translation” (Charles Le Blanc: 2009), while rethinking its identity in the light of comparative studies.

Translation can also be examined through the prism of the so-called “circumstances of the imaginary production” (Laurent Van Eynde: 2005). Indeed, we can notice that in a translated text many choices derive from the translator’s creative imagination. As a consequence, the “active imagination” (Carl Gustav Jung: 1970) of the translator is, consciously or unconsciously, embodied in his linguistic, stylistic or even poetic choices.

This conception of the imagination largely echoes the doctrine of “fantastic universals” exposed by Giambattista Vico in his work the Scienza nova (1744). According to Vico, imagination is considered in relation to its link with the poetic. This doesn’t have to do with reinventing a “theory of the imagination” in the way that Paul Ricœur has shown (1986). What is important here is to examine Ricœur’s “poetics of will” (P. Ricœur: 1986) by observing a number of phenomena and experiences that are situated “between theory and practice” (P. Ricœur: 1986). Such a posture will enable us to overcome the intricacies of literary translation and will lead us to a more thorough comprehension of a new linguistic and socio-cultural reality, as described by Susan Bassnett (1998). Indeed, translation is a discipline that invites us all to work on our imagination and to make use of the possibility to go beyond language’s restrictive dimensions. As shown by François Vezin, when it comes to translation, language skills alone are not enough “because, as Kant argued, it takes a great deal of productive imagination and in the case of translation we can go as far as to speak of a translinguistic function of the imagination” (F. Vezin: 2005).  

To conclude, in the wake of Christine Lombez (2016), we intend to take a closer look at the paratexts, the essays, the influences as well as the intertextual alliances that enrich the work and the imaginary of translators. This theoretical inspiration could eventually lead to a wide variety of analyses, methods and interpretations, which aim to create new critical tools for Translation Studies.

 

Submission Guidelines

We therefore invite young researchers to submit their abstracts. Some of the papers presented during the workshop might also be selected for an eventual publication. More information will be given to the selected candidates after the conclusion of the workshop.   

Please submit an abstract of 300-400 words to one of the following addresses before the 31st of November, 2016. Proposals should include a title, a short bibliography and a bionote.

 

Christina BEZARI (Ghent University): bezari.christina@gmail.com

Riccardo RAIMONDO (Paris-Diderot/Sorbonne-Nouvelle): raimondo.riccardo@yahoo.it

Thomas VUONG (Paris-Nord): ths.vuong@gmail.com  

Online: https://imagotrad.hypotheses.org/   

Campus Condorcet supports this initiative

http://www.campus-condorcet.fr/