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 Jean Échenoz. La fiction, la langue

Jean Échenoz. La fiction, la langue

Publié le par Marc Escola (Source : EA 4509 - Sens Texte Informatique Histoire)

Le colloque international « Jean Echenoz : la fiction, la langue » proposé par l’EA 4509 Sens Texte Informatique Histoire,

organisé par Gérard Berthomieu (UFR de Langue française, Université Paris-Sorbonne) et Françoise Rullier-Theuret (Département de FLE, Université PSUAD)

avec la collaboration de l’EA 4503 Littérature Française XIXe-XXIe siècles (Didier Alexandre), du Service culturel de l’Université Paris-Sorbonne (Yann Migoubert) et de la Bibliothèque Jean Doucet (Isabelle Diu), aura lieu

le vendredi 24 mai 2013 en salle J 636 et le samedi 25 mai 2013 en salle des Actes à l’Université Paris-Sorbonne.

 

Dans un de ses plus récents entretiens, accordé à Jean Guiloineau, Jean Echenoz rappelle que son univers romanesque s’est construit aussi loin d’une « production traditionnelle » que d’une « littérature expérimentale », la première incapable de répondre à l’exigence d’un renouvellement des formes du récit, la seconde impuissante à satisfaire, selon la formule même de l’auteur, un « désir de fiction ». Et à l’idée selon quoi prévaudraient dans ses romans « l’écriture, le jeu avec le langage et la forme du récit » quand l’intrigue ne serait qu’un « fil rouge sans importance », il répond que si l’attirent «  le mouvement et la scansion de l’écriture, le rythme et la sonorité, le regard et la perspective, bref tout ce qu’écrire peut laisser espérer », le support de l’intrigue n’est jamais pour lui un « prétexte », mais le facteur premier qui lui permet de « construire un récit dans lequel et avec lequel jouer ». Suivant une logique analogue, interrogé sur la gageure que représenterait Ravel, donné pour un roman sur le vide, Échenoz déclare ne pas se reconnaître entièrement dans cette « géographie du vide » par quoi on a voulu caractériser son œuvre – mais se dit pourtant tenté par la formule flaubertienne du « livre sur rien ». Sans renoncer à croire, au demeurant, qu’il pût y avoir dans ce rien même matière à romanesque, et à soutenir que la vertu du roman demeure dans « le suspens et le mouvement ».

Bref, conclut l’auteur, et c’est le moins qu’on puisse dire, « je suis un peu ambivalent »…

C’est cette ambivalence même que le présent colloque voudrait interroger, et la coexistence de postulations de prime abord aussi contradictoires. Et afin que cette interrogation demeure totalement ouverte, c’est à la simple parataxe (la fiction, la langue…), et à ses multiples possibilités, que l’intitulé du programme a été confié. On peut choisir de penser que la fiction se construit contre, malgré, ou en dépit de la langue si l’on estime que la force de l’invention relègue au second plan la pesée critique des langages du roman, de leurs formes, de leurs lieux, de leur elocutio, et que l’accent mis sur le style ne freinerait en rien l’emportement du romanesque. On peut choisir de penser au contraire que la fiction se fait par la langue, voire grâce à elle, à charge de démontrer alors comment peut naître un intérêt proprement romanesque qui trouverait sa ressource dans le regard sur l’outil même, plus que dans ce qu’il nous permettrait de regarder.

« De toute(s) façon(s) », en usant de l’adverbe favori d’Echenoz, la fiction doit se penser avec la langue, et l’élaboration de l’une en même temps que la critique de l’autre.

Quelles sont les formules que se donne cette conjonction paradoxale ? Quelles sont les difficultés et les limites de l’entreprise, quels sont les conditions et les moyens de sa réussite ? Comment ces tensions peuvent-elles s’équilibrer, et s’acclimater à une conception une de l’œuvre ? En quoi peuvent-elles aider, au-delà de ce que le romancier partage avec l’esthétique de son temps (ce qu’on a appelé un « style de groupe », et les romanciers de Minuit en offrent un), à définir une manière Echenoz ? Quels en sont, du Méridien de Greenwich au récent 14, les invariants repérables et les variations ? Peuvent-elles éclairer les choix successifs de différents types de récit, du roman d’aventure à la biographie romanesque, en passant par une gamme combien diverse de modèles et d’emprunts ? En quoi peuvent-elles expliquer la construction d’un romanesque nouveau ? Et ce romanesque, quel est-il ? Etc.

Voilà quelques-unes des questions qu’il sera possible d’envisager. Pour tenter d’y répondre, les coorganisateurs de ce colloque ont tenu à associer à des chercheurs que leurs habitudes portent à interroger en priorité l’elocutio (stylisticiens comme poéticiens ou narratologues), des chercheurs plutôt habitués à interroger l’inventio, spécialistes d’une esthétique et d’une histoire des lieux et formes du roman.

 

 

JOURNÉE DU VENDREDI 24 MAI

9h00-18h00, en Sorbonne, Salle J 636 (Esc. G, 3e étage)

 

9h00-9h20 : Accueil des participants ; allocution de Mme le Professeur Joëlle DUCOS.

 

9h20-9h50 : Conférencier invité : Didier ALEXANDRE (Université de Paris-Sorbonne)

Images du romanesque dans l’œuvre de Jean Echenoz

 

10h00-11h00 : séance 1 (Président de séance : Didier ALEXANDRE)

 

10h00-10h25 : Alexandre GEFEN (CNRS)

Echenoz biographe du vide

10h25-10h50 : Élisa BRICCO (Université de Gênes)

Des Éclairs de Jean Echenoz ou les avatars d’un style

 

11h15-12h45 : séance 2 (Présidente de séance : Christelle REGGIANI)

 

11h15-11h40 : Jacques DÜRRENMATT (Université de Paris-Sorbonne)

« À part ça, je hais les points de suspension »

11h40-12h05 : Sophie JOLLIN-BERTOCCHI (Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines)

L’imprévisible dans la phrase d’Echenoz (Cherokee, L’Équipée Malaise)

12h05-12h30 : Isabelle SERCA (Université de Toulouse le Mirail)

La phrase de 14

 

14h30-15h00 : Conférencier invité : Bruno BLANCKEMAN (Université Sorbonne Nouvelle)

Contraction, décontraction : l’invention d’un style

 

15h10-16h10 : séance 3 (Président de séance : Bruno BLANCKEMAN)

 

15h10-15h35 : Pierre SCHOENTJES (Université de Gand)

L’ironie d’Echenoz : des chiffres et des lettres

15h35-16h00 : Agnès FONTVIEILLE-CORDANI (Université de Lyon III)

Je m’en vais : l’humour arctique de Jean Echenoz

 

16h25-17h40 : séance 4 (Président de séance : Pierre SCHOENTJES)

 

16h25-16h50 : Frank WAGNER (Université de Rennes II)

Le canard-lapin, sauce Echenoz

16h50-17h15 : Christelle REGGIANI (Université de Lille III)

Fictions temporelles dans les biographies de Jean Echenoz

 

18h-19h15 : Inauguration de l’exposition en Sorbonne de manuscrits de Jean Echenoz

(exposition organisée par la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet)

19h30-20h30 : Lecture publique en Salle Louis Liard d’extraits d’œuvres de Jean Echenoz par la Compagnie Les Livreurs

(lecture organisée par le SCE de Paris-Sorbonne)

 

Ces manifestations se dérouleront en présence de l’auteur.

 

JOURNÉE DU SAMEDI 25 MAI

9h30-17h30, en Sorbonne, Salle des Actes (Centre administratif)

 

9h30-11h00 : séance 1 (Président de séance : Jacques DÜRRENMATT)

 

9h30-9h55 : Cécile NARJOUX (Université de Paris-Sorbonne)

« Tant pis, allons-y, courons », ou la grande « machine » narrative de Jean Echenoz

9h55-10h20 : Claire Stolz (Université de Paris-Sorbonne)

14, roman : L’Histoire comme si Echenoz y était

10h20-10h45 : Sophie Milcent-Lawson (Université de Lorraine)

« Sophistiquer le désordre » : Glissements métonymiques et subterfuges rhétoriques chez Jean Echenoz

 

11h15-12h20 : séance 2 (Présidente de séance : Elisa BRICCO)

 

11h15-11h40 : Éric Pellet (Université de l’Est Parisien)

Stylistique de l’incongruité

11h40-12h05 : Alexandru MATTEI (Université de Bucarest)

Jean Echenoz : Morales de la langue littéraire

 

14h00-15h30 : séance 3 (Président de séance : Frank Wagner)

 

14h00-14h25 : Catherine RANNOUX-WESPEL (Université de Poitiers)

Echenoz : changements de régime

14h25-14h50 : Caroline SURMANN (Agence exécutive du Ministère Allemand de l’Éducation et de la Recherche)

L’écriture visuelle d’Echenoz (à propos des Grandes Blondes)

14h50-15h15 : Florence LECA-MERCIER (Université de Paris-Sorbonne)

Anamorphoses des Grandes Blondes

 

15h45-17h : séance 4 (Présidente de séance : Claire STOLZ)

 

15h45-16h10 : Françoise RULLIER (Université PSUAD)

Echenoz et le cercle narratif

16h10-16h35 : Laurent SUSINI (Université de Paris-Sorbonne)

La Vénus au griffon : Ravel au labyrinthe

16h35-17h00 : Gérard BERTHOMIEU (Université de Paris-Sorbonne)

« De toute(s) façon(s) »

 

17h00-17h30 : Discussion et bilan du colloque