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Interroger l’archive de l'indépendance algérienne. Vers une histoire décolonisée (Univ. de Virginie)

Interroger l’archive de l'indépendance algérienne. Vers une histoire décolonisée (Univ. de Virginie)

Publié le par Marc Escola (Source : Maya Boutaghou)

Interroger l’archive de l'indépendance algérienne : Vers une histoire décolonisée

24-25 mars, 2022

Appel à contributions


The Democracy Initiative à l’Université de Virginie en collaboration avec les départements de Français, d’Histoire et celui des Langues et Cultures du Moyen-Orient et d’Asie du Sud, a le plaisir d’annoncer l’appel à contributions pour une journée d’étude autour de la célébration du soixantième anniversaire de la guerre d'indépendance algérienne. Après une séance plénière accompagnée d’une exposition jeudi soir, la journée du vendredi sera consacrée à des discussions sur des travaux publiés ou en cours de publication concernant le traitement des archives et de l’historiographie de l’Algérie coloniale et postcoloniale. Nous invitons des chercheur.e.s à partager des travaux prometteurs, des chapitres ou des articles (publiés ou “en cours”) liés aux héritages de la guerre, son historiographie, les représentations (littéraires, artistiques, cliniques, etc.) Cette rencontre unique réunira des chercheur.e.s de différentes disciplines pour faciliter des échanges interdisciplinaires afin d’interroger l’état actuel des archives en Algérie et en France et des questions qu’elles suscitent.

Nous encourageons les chercheurs postdoctorants, les enseignants chercheur.e.s en début de carrière, et les doctorants avancés à envoyer des propositions.

Les participants recevront un honoraire pour les discussions. Les frais de voyage, d’hébergement et les repas seront couverts.

Nous invitons les candidat.e.s à envoyer un résumé de 300 mots et un c.v. à l'adresse email suivante: archivesalgerieuva22@gmail.com avant le 15 janvier, 2022.

Comité organisateur :

Maya Boutaghou, Emily Marks, Jennifer Sessions.

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Le soixantième anniversaire de l’indépendance de l’Algérie ne peut ni continuer à masquer les difficultés à écrire une histoire décolonisée de la période coloniale, des deux côtés de la Méditerranée, ni à séparer ces difficultés de la question de l’accès aux archives. Cet aspect est devenu évident lorsque deux historiens, Benjamin Stora et Abdelmadjid Chikhi, ont été désigné, durant l’été 2020, afin de former une commission de conseils déléguée respectivement aux gouvernements français et algérien sur « la réconciliation des mémoires » de la colonisation et de la libération. Malgré le rapport remis en janvier 2021 par Benjamin Stora à Emmanuel Macron, émettant plusieurs recommandations dont la mise en place d’une commission d’historiens français et algériens, ainsi que la résolution de la question des archives et de leur accès à la fois en France et en Algérie, l’impasse entre les deux États à ce sujet n’est toujours pas résolue. 

Nous le savons, il y a d’emblée une inégalité dans l’accès bien complexe aux sources qui permettent d’écrire l’histoire de ce conflit et certains épisodes historiques qui le précèdent ainsi que ceux qui le suivent de près, qu’il s’agisse de la guerre de conquête en 1830 ou de la Révolution algérienne dès novembre 1954. Pour exemple flagrant de ce déficit des mémoires, l’absence d’accès à l’organe de presse principal du FLN, El Moudjahid qui n’est disponible dans sa totalité que dans des collections privées. Mais pour continuer à écrire l’histoire d’une longue période coloniale ainsi que celle de la post-colonie, la question des archives ne peut se résumer aux grandes questions qui entourent la guerre d’indépendance algérienne mais doit se poser pour l’ensemble d’une période qui a transformé une région du monde, devenue depuis paradigme des études postcoloniales. Comment reposer la question des archives lorsque nous prenons en considération la longue histoire coloniale qui déplace les limites imposées par les repères symboliques de 1830 et de 1962 ? Comment reposer la question des archives en supposant, comme le suggèrent des travaux récents, une continuité entre la période pré-coloniale, la période coloniale et leurs impacts sur les deux guerres — à savoir la guerre d’indépendance algérienne (1954-1962) et la guerre civile (1991-2002) ? Comment la relation entre les deux États au sujet de l’accès aux archives est-elle affectée par la disparition des derniers témoins vivants ? Et enfin comment interroger la périodisation de cette histoire ?

Ces questions ne sont pas réservées aux seuls historiens, même si ces derniers s’y heurtent régulièrement et sont tenus d’en répondre publiquement. Le devoir de mémoire et de réparation se fait donc de manière personnelle, dans l’intimité des histoires de familles. Les récits de témoignage prennent le relais d’une histoire dont certains chapitres ne sont pas encore écrits. Pourtant un nombre plus important d’historiens ont essayé plusieurs genres, plusieurs approches historiques, depuis la micro-histoire événementielle jusqu’à la biographie de personnalités politiques et historiques, ou encore les biopics au cinéma, pour faire connaître une diversité de récits. D’ailleurs l’accès sûrement plus facile à des archives familiales rend ce dernier type de travail plus accessible. Car l’archive est également une question de « corps », c’est de la matière. C’est le « réel » qui résiste et qui n’est pas encore passé dans le discours, dans la mémoire des institutions. La littérature, le cinéma, la représentation au sens large occupent l’espace laissé disponible par l’Histoire.

Cette rencontre a pour but d’interroger les usages de l’archive, « qui écrit » et « pour qui », cette histoire coloniale et celle de son indépendance ? L’Algérie, paradigme colonial, est aussi une réalité. Lorsqu’elle est étudiée outre Atlantique, représentée comme sujet de colloques ou de travaux de thèse, qui est-elle ? Et surtout pour quel lecteur se projettent tous ces travaux ? Pour quelle mémoire ?

Nous invitons les chercheurs, les artistes et les professionnels en sciences humaines et sociales à postuler en suivant les axes ci-dessous, bien que nous soyons ouverts à d’autres propositions en rapport avec le thème de la journée d’étude :

1-       Historiographie et périodisation de l’histoire de l’Algérie

2-       Des genres littéraires et autres arts pour écrire l’histoire

3-       Le statut des archives dans l’historiographie de la colonisation et de la décolonisation

4-       De l’archive de l’Algérie.