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Inter-Lignes (printemps 2016): Les Arts et le carcéral

Inter-Lignes (printemps 2016): Les Arts et le carcéral

Publié le par Marie Minger (Source : Bernadette Rey Mimoso-Ruiz)

Appel à contributions

Inter-Lignes (printemps 2016)

Dossier : Les arts et le carcéral

 

Verlaine écrivait «Le ciel est par-dessus les toits/Si bleu, si calme/Un arbre par-dessus les toits/Berce sa palme», vision poétique derrière les barreaux qui laissent entrevoir ce que fut la liberté. Le chant s’élève avec une nostalgique sérénité. Mais tous les lieux d’incarcération ne suscitent pas une aussi lyrique mélancolie. Il est des prisons infernales aux contours tourmentés que Piranèse a dessiné de gris et de noir, seize prisons imaginaires d’une diabolique complexité, Carceri d’invenzione dont Marguerite Yourcenar saura, dans Sous bénéfice d’inventaire, saisir l’étrange inquiétude dont Hugo disait qu’elles étaient «le délire d’une fièvre». Ces représentations fantasmées d’espaces labyrinthiques où transparait un baroque morbide ouvre une thématique esthétique du «cerveau noir» qui préfigure les tourments de la mélancolie. L’art de représenter les prisons, transformant  ces lieux où la lumière se perd et où l’homme égare son âme en œuvre d’art, tel est le paradoxe apparent lorsque l’on juxtapose les deux termes «art» et «carcéral».

À côté de l’esthétique onirique, la représentation de l’univers carcéral livrée à l’Autre, celui qui en ignore les codes de survie et les machinations qui s’ourdissent en secret, prend des tonalités tragiques dans un huis-clos qui concentrent des êtres humains dans un espace trop étroit pour que la violence ne surgisse pas.

La littérature s’en fait l’écho, depuis Silvio Pellico inaugurant le thème de la prison romantique (Le mie prigioni, 1832) que Stendhal revisitera dans La Chartreuse de Parme (1839), jusqu’au tremendismo de La famille de Pascal Duarte (1942) de Cela où le condamné fait un retour sur lui-même, se remémore sa vie, ses amours, ses espérances qui trouvent derrière les murs leur conclusion. Versions romanesques et symboliques qui ne doivent rien au réel, si ce n’est la vaste métaphore de l’enfermement de soi ou de l’emprisonnement de la dictature. Soljenitsyne, après Dostoïevski, en décrit tous les tourments et la résistance à une lente dégradation programmée par la sentence d’un régime totalitaire comme le feront plus tard, les victimes d’un régime dictatorial régalien trop peu sûr de lui pour que sa justice en soi réellement une. Les récits des incarcérés se font témoignages d’une tranche d’histoire pour que l’oubli ne succède pas à l’horreur et nombreux sont les textes émanant des années de plomb marocaines, rédigés en arabe et en français, dévoilant une autre image du pays, balayant l’exotisme facile des dépliants touristiques. Une littérature carcérale qui résonne ponctuellement dans l’Histoire d’ici ou d’ailleurs puisque l’inventivité humaine dans les tortures et les humiliations est sans limites d’espace et de temps.

De la lettre à l’image, la prison s’incarne sur les écrans, dans ses turpitudes et ses angoisses, où la punition du crime, finit parfois par dépasser en cruauté le crime lui-même. Le film de Jacques Audiard, Un prophète (2009) et avant lui Midnight Express d’Alan Parker (1978), et tant d’autres, restituent  la brutalité de ce vase clos, les conflits relationnels, la hiérarchie qui recompose une société, tout comme les injustices qui y règnent.

 

Ce dossier se propose de considérer la thématique carcérale dans ses composantes fictives en littérature et dans les arts, mais aussi dans ce qu’elle comporte de dénonciation et de valeur initiatique.

Plusieurs directions sont suggérées:

- L’imaginaire de la prison (esthétique, poésie, conte…)
- L’espace carcéral (architecture utopique, interaction architecture/comportement…)
- Littérature carcérale et catharsis (témoignages, /fictionnalisation/…)
- Images et prison (cinéma, BD, dessins …)

Les textes ne dépasseront pas 8000 mots et comprendront

- un résumé en français, en anglais et si possible en espagnol (avec mots-clés)
- une courte notice biographique de l’auteur (avec ses coordonnées)

 

Ils seront adressés à Bernadette Rey Mimoso-Ruiz: bernadette.reymr@wanadoo.fr 

Ou par voie postale:

Revue Inter-Lignes
Institut catholique de Toulouse
31, rue de la Fonderie BP 7012
31068 Toulouse cedex 7

 

Le comité de lecture se réunira le 10 janvier 2016, date butoir de réception des articles, pour recueillir les propositions. Les réponses aux auteurs leurs seront adressées à partir du 17 janvier 2016.

La publication par les soins des éditions Artège aura lieu en avril 2016.