Dans ce numéro, nous cherchons à rassembler des contributions qui réfléchissent sur les conditions matérielles de la création, cette dernière étant entendue comme création artistique ou comme pensée théorique. Il est plutôt rare (surtout dans le domaine académique) que l'on s'intéresse aux contextes matériel, quotidien, corporel de la création, peut-être par volonté de garantir une certaine séparation entre les activités « élevées » de l'esprit humain et la vie humaine dans ses aspects mondains, profanes, ménagers, voire vulgaires.
Hygiène plutôt que praxis pour penser le rapport au monde matériel (les outils de l'artiste/penseur, la routine, le quotidien, l'isolement du monde, l'ascèse, au-delà de l'opposition praxis/poïesis, etc.) à partir d'un rapport au corps (la création et le sexe, l'organique, l'impureté et la pureté, temps de la création et temps du corps, les gestes de la vie et de la création, etc.). Créons-nous pour faire renaître la « conscience, émancipée de son support organique » (Gusdorf) de sorte à nous incarner dans une réalité libérée de ses impératifs matériels, ou la création permet-elle, au contraire, un ancrage plus profond dans l'expérience humaine du monde ?
Plus précisément, nous souhaitons poser la question du sexe comme fil conducteur de cette réflexion collective. D'une part, les femmes créent-elles dans les mêmes conditions matérielles que les hommes, et comment ces conditions créent-elles un rapport au monde spécifique qui façonnerait leurs œuvres d'art ou de pensée ? D'autre part, comment penser la vie matérielle (et donc physiologique) des œuvres tout en reconnaissant de façon féconde les débats contemporains sur la différence sexuelle ? Nous invitons les auteurs et auteures à traiter ce rapport non pas comme cadre théorique, mais comme ancrage d'une réflexion sur leur propre expérience de création, artistique ou théorique.
Veuillez envoyer vos propositions (de 350 à 500 mots) de textes à l'adresse suivante, avant le 1er septembre 2014 :
clara.dupuis-morency@umontreal.ca