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Genèse et correspondances

Genèse et correspondances

Publié le par Julia Peslier (Source : F. Leriche)


Séminaire général 2007 - 2008

coordonné par Françoise LERICHE (ITEM / Université Stendhal-Grenoble III)
et Alain PAGÈS (ITEM / Université Paris III-Sorbonne nouvelle)


Genèse et correspondances II

(École Normale Supérieure
45, rue d'Ulm
Salle des Actes)

Les séances auront lieu le lundi, de 17 à 19 h.


Une correspondance d'écrivain peut-elle être considérée comme un objet génétique ? Bien qu'elle ait été posée à différentes reprises, cette question n'a jamais fait l'objet d'une réflexion approfondie. C'est une telle lacune que ce séminaire voudrait s'efforcer de combler.
On réfléchira, avant tout, à la situation de la correspondance comme archive de l'oeuvre littéraire : gardant la trace des documents utilisés, permettant de saisir les étapes suivies par l'élaboration d'une oeuvre, offrant des commentaires de l'écrivain sur son propre travail d'écriture.
En dehors des cas dans lesquels la correspondance sert d'auxiliaire aux études de genèse, on s'intéressera aussi à des situations plus ambiguës, où la frontière s'estompe entre témoignage sur l'oeuvre, brouillon même de l'oeuvre, avant-texte, moyen de diffusion : lettres où, oubliant son destinataire, l'écrivain se lance dans la première esquisse d'une oeuvre, la première ébauche d'un passage ; lettres reprises ultérieurement dans l'oeuvre ; lettres communiquant des textes inédits non publiés du vivant de l'auteur, posant à l'éditeur moderne la question du statut de ces textes…
Après l'examen de ces questions chez Zola, Proust, Balzac, les Goncourt, Stendhal, Flaubert etTocqueville l'an dernier, les interventions porteront cette année sur Aragon, Valéry, Dubuffet, Gabriel Marcel, Mallarmé et Yourcenar.

■ Daniel BOUGNOUX (Université Stendhal - Grenoble II) – lundi 12 novembre 2007 : « Correspondance Aragon ».

■ Micheline HONTEBEYRIE (CNRS, ITEM) – lundi 10 décembre 2007 : « Paul Valéry : Correspondance[s] et Résonances ».

■ Marianne JAKOBI (CNRS, ITEM) – lundi 21 janvier 2008 : « Genèse et correspondance d'artiste : le cas Dubuffet ».

■ Anne MARY (BNF) – lundi 11 février 2008 : « De la correspondance au journal de bord : le dialogue dans l'écriture théâtrale et philosophique de Gabriel Marcel ».

■ Bertrand MARCHAL (Université de Paris IV-Sorbonne) – lundi 17 mars 2008 : « Génétique et Correspondance : le cas Mallarmé ».

■ Eliane DEZON-JONES (Washington University) et Michelle SARDE (Georgetown University) – lundi 19 mai 2008 : « Marguerite Yourcenar. Écrire (de) l'exil ».

■ Michèle SACQUIN (BNF) – lundi 2 juin 2008 : Entretien avec Clément ROSSET.



La première séance aura lieu lundi 12 novembre
de 17h à 19h, Salle des Actes


Daniel Bougnoux
(Université Stendhal-Grenoble 3)


« Correspondance Aragon »

Le corpus des lettres écrites par Aragon est encore à constituer, même si plusieurs ensembles déjà se trouvent ici ou là rassemblés : lettres à Jacques Doucet, à Denise, à Jean Paulhan, aux Josephson, ou plus lacunairement à Cocteau, Éluard, Sadoul, Béguin, Max-Pol Fouchet…
Des Aventures de Télémaque à Blanche ou l'oubli, on note de sa part une dramatisation de l'idée de correspondance à travers le motif de la bouteille à la mer – où perce peut-être l'idée récurrente exprimée par cette phrase en forme d'aveu : « Je ne suis qu'une lettre qu'on n'envoie pas ».
Nous examinerons plusieurs de ces lettres, dont certaines encore inédites, pour montrer en Aragon un épistolier « généreux », capable de s'emporter ou de s'oublier au fil de sa propre plume, mais menacé aussi de se regarder écrire, ou de s'écrire aux deux régimes de ce verbe (accusatif-datif).
Déception pour le généticien, ou l'éditeur des ouvrages de la Pléiade toujours friand d'avant-textes : Aragon cloisonne strictement sa correspondance, il n'y commente aucunement son travail en cours, ni ses projets. Il lui arrive en revanche d'accéder de bonnes grâce à des demandes d'explications – ce mot ne valant à ses yeux que dans d'étroites limites. Aragon se montre en effet spécialement allergique aux explications des professeurs, ou à ce que lui-même quelque part appelle « cette affreuse bonne volonté critique ».
L'oeuvre proprement dite semble donc centripète : elle n'essaime pas, ne « fuit » pas en cours d'élaboration.
Encore une remarque pour introduire à cette séance : les lettres que nous avons pu consulter ont une étonnante tenue. Non qu'elles soient guindées, Aragon s'y « lâche » au contraire assez souvent, et de façon très émouvante ; mais il attend manifestement beaucoup de la relation épistolaire, quelque chose comme la manifestation d'un lien, une promesse ou une assurance morale.