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Figures du héros. Littérature, cinéma, bande dessinée

Figures du héros. Littérature, cinéma, bande dessinée

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Cristina Alvares)

Colloque Figures du héros. Littérature, cinéma, bande dessinée.

Université du Minho, Braga, Portugal

Depuis la nuit des temps, les groupes humains ont créé des héros pour y projeter leurs idéaux et valeurs, justifier leur existence et interroger leur structure éthique. Depuis le demi-dieu antique jusqu'au héros urbain postmoderne, les configurations historiques et culturelles du héros sont multiples et variées. Il y a des héros et des héroines mythiques, tragiques, comiques, épiques, romanesques, picaresques, classiques, traditionelles, modernes, contemporains, des anti'héros, des super-héros. Le héros a mille visages. Cependant, un telle diversité n'a pas empêché l'identification d'une structure ou morphologie invariante - le monomythe, l'archétype ou le mythologème héroique -, déterminée surtout par la fonction du héros dans les mythes: fondateur et transgresseur, il ou elle instaure l'ordre humain par la rupture avec l'ordre divin. Situé au-delà de la loi et de l'ordre que lui-même a fondé, le héros mythique constitue la référence et la mesure des typologies ou profils héroiques. Aussi tout héros garde-t-il quelque chose de ce modèle: mediateur entre ordre et contre-ordre, il prend une attitude de dénégation de la loi, tout en agissant à son service mais l'excédant, la subvertissant même. D'où son hybridité et sa liminarité, ses déplacements entre deux mondes: les vivants et les morts, le rêve et la réalité, la civilisation et la sauvagerie. Le héros est fondamentalement celui ou celle qui s'expose à ce qui advient (advenir, a(d)venture), qui est disponible à rencontrer l'altérité radicale, à chercher une dimension perdue, matérielle ou immatérielle, à changer son être et l'être du monde.

Dissident, déserteur, métis, pirate, missionaire, réporter, voyageur, séducteur, détective, explorateur, archéologue, justicier – ces figures héroiques et bien d'autres se retrouvent, au masculin et au féminin, dans des mythes, des contes, des romans, au théâtre, au cinéma, dans la bande dessinée, dans des jeux-video. Dans ce colloque nous voulons analyser et discuter les figures héroiques qui apparaissent dans des textes et des supports différents, moyennant différents abordages (inter)disciplinaires (narratologie, études sur l'imaginaire, études culturelles, études intermédiales, psychanalyse, néo-comparatisme, etc).

 

Topiques

Les communications peuvent aborder une de ces topiques ou en combiner plusieurs.

 

Le héros et la loi

Prométhée, Ève, Roland, D. Juan, Antigone... incarnent différents régimes du rapport du héros à la loi (fondation, transgression, défi, soumission, soustraction, résistance). Comment fonctionnent ces régimes ? Quelle(s) éthique(s) héroique(s) soutiennent-ils ? Est-elle compatible avec la morale collective ? Quel est le poids des intérêts et des inclinaisons personels (la vengeance, par exemple) dans l'aventure ? Que signifie du point de vue éthique la fonction de victime sacrificielle que le héros assume fréquemment pour servir au mieux le bien collectif ? Ceux qui brisent les lois fondamentales de l'ordre humain (Oedipe, D. Juan, Fantômas) peuvent être considérés des héros ? Y a-t-il de l' heroisme chez l'anti-héros ? Le passage entre héros et anti-héros constitue-il une continuité ou alors une discontinuité ?

 

L' anti-héros

Au contraire des récits plus classiques, la postmodernité a assisté à la consolidation de la figure du anti-héros, très présent notamment au cinéma. Son origine plus ou moins lointaine peut être située dans le Romantisme, bien qu'il y ait des anti-héros dans la littérature médiévale. Ce profil (anti)héroique ne vise pas forcément à sauver un bien commun et cède facilement à des dérives marginales. Sur le plan éthique, il suit une moralité assez douteuse qui n'hésite pas à commettre le crime au nom d'une valeur supérieure ou même au nom d'un intérêt personnel. C'est le cas du protagoniste anonyme des westerns de Sérgio Leone, joué par le charismatique Clint Eastwood, par exemple.

 

Morphologies de l'aventure

L'aventure peut consister soit en un processus externe de purification du monde, laquelle peut avoir une signification historique et politique: chercher un trésor, libérer quelqu'un, capturer un criminel, combattre des terroristes, des traficants, des tyrans; soit en un processus interne de purification spirituel et d'accès à un savoir ou à une vérité sur soi-même, sur le monde et sur la vie; soit en des combinaisons variées des deux formes dont il importe d'étudier les régimes. Quel est, par exemple, le rapport de l'aventure avec la vie quotidienne ? S'insère-t-elle dans l'existence comprise entre le 'il était une fois' et le 'et ils ont vécu heureuxpour toujours' ? Ou, au contraire, l'aventure est-elle une discontinuité dans le temps linéaire de l'existence individuelle qui la projette sur un plan transbiologique dans lequel le héros n'a ni passé ni futur ? Quels sont les stratégies de déconstruction de l'aventure et de son absorption par le everyday life ?

Les morphologies et régimes pourront-ils déterminer ou conditionner des paradigmes de l'aventure ? Y a-t-il des paradigmes ou modèles traditionnels, modernes et postmodernes de l'aventure ?

 

Héros et Famille

Héraklès, Arthur, Tintin, Wonder Woman, Moise, Perceval, Beatrix K.… Orphelins, bâtards, enfants exposés, sans famille, matricides ... Les relations du héros avec sa famille d'origine et/ou la famille qu'il ou elle a constituée sont problématiques. Clivé entre l'aventure et la famille - abandonnée, trahie, oubliée pour un temps ou pour toujours ou au contraire/mais aussi protégé, sauvée, recomposée, réunie – le héros apparait fréquemment inscrit dans la sphère publique et la sphère privée de l'existence, tout en les gardant en tension ou en essayant de les faire coincider. Quelles configurations du rapport entre public et privé trouve-t-on et quels profils héroiques leurs sont associés ?

 

Héros et masques 

Les profils héroiques résultent d'une rhétorique de l'(auto)présentation et (auto) représentation: portrait et autoportrait, pose, attitude, mise en scène de son ego ou de son opacité subjective. Depuis le Bel Inconnu des romans arthuriens, le chevalier incognito des romans médiévaux, jusqu'à Zorro ou Spirit, et aux super-héros, costumes, armes, masques et marcarilles donnent des contours d'ombre et de mystère à l'identité opaque ou perdue du héros. Il y a pourtant d'autres façons de mettre en scène une opacité subjective ou une personalité énigmatique (la pose de Corto Maltese, par exemple). Comment fonctionnent ces formes de masque sans masque ?

 

Héros digitaux

Le développement du cinéma d'animation digital a créé de nouveaux protagonistes qui s'assument explicitement comme des successeurs de figures autrefois célèbres, notamment celles de l'imaginaire de Disney mais pas seulement. Ces figures héroiques tirées aussi bien de personnes réelles que de domaines tout à fait non-humains (par exemple, des voitures qui parlent et gagnent des courses héroiquement ou des jouets qui inter-agissent avec des humains, tout en s'en détachant par l'aventure dont ils sont les protagonistes), peuvent (d)énoncer une dimension héroique postmoderne.

 

Héros et parodie

La postmodernité reformule parodiquement des récits patrimoniaux entre autres. L'imaginaire des contes de fées est réécrit à partir de la figure grotesque d'un ogre sympa qui fait un trajet héroique tout à fait traditionnel, sauf pour la subversion des composantes canoniques du genre, avec des effets d'humour parodiques. Le célèbre agente secret 007 n'échappe pas non plus à la parodie par le non moins célèbre double parodique Johnny English (Rowan Atkinson). Quels rapports gardent les héros avec leurs doubles parodiques ? Quelles sont les composantes sur lesquelles se fonde la parodie et la déconstruction comique de la figure du héros ?

 

Le colloque a lieu les 26 et 27 avril 2012 à l'auditorium de l'Institut des Lettres et Sciences Humaines de l'Université du Minho, à Braga, Portugal

Les communications ne dépasseront pas les 20 minutes.

Langues de travail: Portugais, Espagnol, Français, Anglais.

Les résumés de communication (300 mots maximum) doivent être soumis jusqu'au 30 janvier 2012 aux l'adresses martagomes100@hotmail.com, spgsousa@ilch.uminho.pt, calvares@ilch.uminho.pt

 

Inscriptions:

Jusqu’au 5 avril:

avec communication: 85 €

sans communication : 70 €

 

Après le 5 avril:

avec communication : 95 €