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Événements & colloques
Figures de l'autre

Figures de l'autre

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Georges Bertin CNAM)

CNAM/IFORIS.

Colloque été 07.
Figures de l'Autre.
Imaginaires de l'altérité et de l'altération.

Direction : Pr Jacques Ardoino et Georges Bertin.


Programme.

Lundi 9 juillet

9h : accueil des participants.

9h30 – 13 h : ouverture,

Ouverture : Vincent Baholet, directeur régional CNAM Pays de la Loire.


Conférences, position de la problématique.

Ardoino Jacques (Université Paris 8) : introduction, définitions, approche épistémologique,
Susong Gilles (Philosophe) : quelques réflexions sur les nouveaux visages de la haine. Approche philosophique.
Anciens et nouveaux visages de la haine.
Au centre des phénomènes que nous interrogeons, il y a, comme l'annonçait un film qui ne date pas d'hier, la haine. Pour la tradition philosophique, la haine n' est pas ce qu'il faut taire ou déplorer. Au contraire, la philosophie n'a jamais cessé de regarder la haine en face, et même plus: elle s'est attachée à en souligner la fécondité, le rôle paradoxalement structurant. Principe cosmique (Empédocle), moteur du progrès (Kant), condition de l' Oedipe, la haine, "plus ancienne que l'amour" (Freud), n'a pas contre aucune autre issue que la folie collective si elle n'est pas dérivée, canalisée, par une culture. La sauvagerie de certains actes récents paraît bien en fournir la démonstration par la négative.
Qu'y a-t-il d'ancien, qu' y a-t-il d'inouï dans l'hostilité contemporaine? Un objet s'impose, à propos duquel tenter de formuler une première réponse: l'antisémitisme, en son inquiétante résurgence. A condition, comme j'essaierai de le montrer, de n'en faire ni un phénomène cyclique, ni un signifiant "quelconque" de la haine.

Clier Colombani Françoise, (Lycée Flaubert et U. Rouen), Mélusine, figures de l'Autre et figures de la médiation entre deux mondes.
Il s'agit de montrer que cette personnalité mythique, figure des lombes de l'ambivalence dans son esthétique même, et figure de l'autre dans la mesure où elle apparaît et disparaît du monde socialisé pour répondre au monde sauvage, de la forêt, des limbes, est aussi une figure de la médiation. J'opposerai cette personnalité à celles de ses deux soeurs ou comparses : Mélior et Palestine.

Cazenave Michel (écrivain, producteur France Culture) : altérité, altération, lecture psycho anthropologique,
ALTÉRITÉ, ALIÉNATION, LECTURE PSYCHO-ANTHROPOLOGIQUE

À l'origine, l'alter (l'autre), et l'alienus (l'étranger), ont la même racine et nous marquent d'un même rapport ambigu au monde. Car, si l'autre est spontanément ressenti comme une menace pour notre moi, l'« étranger », lui, menace notre identité à la fois collective et de fond : l'altération débouche – ou peut déboucher dans nos fantasmes – sur une aliénation qui nous met radicalement en cause. Pourtant, le moi peut-il se construire sans un rapport à l'autre, et notre identité primordiale n'est-elle pas celle d'un Autre qui nous « étrange à nous-même » (Du Bellay) pour mieux nous dévoiler ? En interrogeant l'ancienne figure de Dionysos, celle de l'Étrangère de Mantinée chez Platon – et nombre de cultes de possession actuels – nous essaierons de comprendre cette dialectique à quatre pôles et comment, sans un constant processus d'altération, nous serions psychiquement, socialement, collectivement, des « morts-vivants » - sans tomber dans une altération qui nous détruise et une aliénation qui rende fous.


Après-midi 14h30 -17h30) :
Figures de l'autre dans le Vivant : le sujet et ses autres.

Régulation : Jacques Ardoino, Marie Thérèse Neuilly.
Invité : Professeur Philippe Bagros, Faculté de Médecine de Tours.

Cottier Martine (psychiatre) et Canevet M (infirmier psy- secteur psychiatrique de Saumur) : le regard posé par l'autre sur le sujet en place de patient et le travail de réhabilitation.
Autour d'un travail de réhabilitation. Il s'agit d'amener le sujet à se rencontrer différemment dans le regard de l'autre au prétexte de supports valorisés par la société elle-même. Ainsi un travail autour du regard, posé par l'autre sur celui en place de patient, permet d'interroger cette supposée place, amenant par retour une double interrogation :
- chez « l'autre » : comment un « patient » peut-il venir m'émouvoir ainsi s'il n'est aussi et avant tout sujet… L'émotion est-elle dès lors lieu de rencontre possible et restauration d'un « être avec » possible.
- chez le supposé « patient » : je me pensais uniquement « patient », je (re)découvre à cette occasion du projet que je peux aussi être autre et reçu pour tel.

Neuilly Marie Thérèse, (Université de Nantes), l'autre comme victime, la politique de la pitié, De la construction sociale du SDF à la mise en scène de la misère

Dans un temps social qui allie retrouvailles et réjouissances, retours aux mythes de l'enfance insouciante et comblée, dans le scintillement des lumières et de cadeaux, surgissent des tentes rouges, abris éphémères pour des sans logis.
L'autre, partie de nous-mêmes abandonnée, maltraitée, souffrante, surgit.
A ceux qui s'apprêtent à faire ripaille et aux politiques fragilisés en ces périodes pré-électorales, les Enfants de Don Quichotte désignent comme sujet de mauvaise conscience l'exclu de cette société, un autre qui souvent dérange, fait peur, et dans cette configuration attire compassion et pitié.
La construction sociale d'un état, celui de SDF, avec ses dispositifs de gestion, en particulier celui nommé « plan hivernal ». Les électeurs s'indignent, « mais dans l'indignation la pitié est transformée. Elle ne demeure pas désarmée et par conséquent impuissante, mais se dote des armes de la colère . »
Le thème de l'autre sera traité à partir de la crise de janvier 2007 concernant la prise en charge par Les Enfants de Don Quichotte, et ce de façon très médiatisée de SDF, dans des tentes installées d'abord à Paris puis dans quelques villes de province.
La méthode mise en oeuvre ici repose sur l'analyse de cette action à travers des documents, des entretiens semi directifs de responsables associatifs, de salariés de services sociaux, de politiques, de SDF qui ont participé à ces évènements.
L'autre est dans cette construction sociale de la victime, terme aseptisé qui permet d'oublier que l'autre est une personne.

Gouabaut Emmanuel Université de Montpellier III : L'Autre de l'homme, l'animal, deux processus d'altération, humanisation et animalisation.
Il existe au sein de notre imaginaire social un « imaginaire zoologique contemporain » (Dalla Bernardina) dont les éléments agissent comme des révélateurs socio-anthropologiques. Ce bestiaire cohérent implique un jeu relationnel, conceptuel et mythique de l'Humain et de l'Animal. Nous prendrons les exemples des fermes pédagogiques, des zoothérapies et du dauphin. En effet, les processus d'humanisation des dauphins et de delphinisation des hommes (animalisation) révèlent le développement de rhétoriques contradictoires, de fantasmes et d'idéologies, rappel de la complexité de l'Homme et de sa nature d'animal symbolicum.
Retrouvant une place cohérente dans sa relation aux autres vivants, l'homme pourrait être capable de considérer l'autre-animal non plus comme un objet, une bête (l'équivalent du sous-homme), et ainsi, peut-être, intégrer un peu plus « les races inférieures », ceux des marges, ceux qu'on traite « comme des chiens » et qui composent finalement l'Autre-Humain.

Karjousli. Soufian Laboratoire ERELLIF, Université Rennes 2 : La notion d'autrui dans la pensée arabo musulmane.

La notion d'autrui dans la pensée arabo-musulmane est fortement influencée par les interprétations religieuses du texte coranique et véhicule des représentations, parfois étriquées. Elle a fortifié tout un imaginaire qui alimente jusqu'à maintenant beaucoup de clichés. Ces représentations stéréotypées qui viennent souvent d'une interprétation religieuse étroite se sont notamment construites à propos des Juifs.
Nous voulons ici réinterroger ces constructions et montrer comment l'instrumentalisation des textes et de manière plus générale de la langue arabe, par le non respect de la polysémie notamment, amène parfois à agresser « autrui », mais aussi finalement à tuer la diversité de cette langue et au bout du compte à anéantir la pluralité de la pensée arabo-musulmane. Les arguments linguistiques et théologiques qui nous servent d'appui sont connectés avec une mise en perspective historique et sociale.

Lipschitz Arouna (psychanalyste, philosophe, écrivain) : la nostalgie de l'ailleurs.


Arantes Pagona, (IFCAAD Strasbourg), maison de retraite et séparation, la dérive de l'animation
Nous tenterons de comprendre la dérive de l ‘animation dans les maisons de retraite. L'animation devient de plus en plus une technique au service du soin. Tout est pensé (c'est plutôt une absence de pensée) comme si les liens étaient directs et allant de soi entre les besoins fondamentaux (ou vitaux plutôt) et les activités sociales, artistiques, esthétiques…. Une société toute entière sous perfusion !

19h : réception à l'hôpital Saint Jean, Mr JC Antonini, maire d'Angers.


Ateliers.
Mardi 10 juillet

Ateliers en parallèle: politique, éducation, création artistique:
9h-12h 30 et 14h30 : 17h30

Atelier Figures de l'autre dans le Politique.
Grand témoin  : Professeur Berger Guy (Université Paris 8)
Régulation : Dominique Géraud, Emmanuel Gratton.

Mardi matin.
Xypas Constantin (Professeur de sciences de l'éducation, directeur des études doctorales, Université Catholique de l'Ouest) : les jeunes des banlieues entre imaginaire collectif et idéologie républicaine.
La révolte des banlieues (novembre 2005) constitue-t-elle une réfutation des valeurs républicaines ou, au contraire, leur revendication ? La situation peut être expliquée par la conjonction de deux courants théoriques. L'un, historique, liant les problèmes de l'immigration au passé colonial de la France (La fracture coloniale), l'autre, sociologique, la « théorie de la reconnaissance » (G. H. Mead, A. Honneth) expliquant la perte de l'estime de soi comme conséquence du mépris ressenti et attribué à l'environnement social. Selon le premier courant, c'est dans la colonisation et dans les luttes de décolonisation que s'enracine le mépris des Français de souche pour les immigrés originaires des anciennes colonies. D'après le second courant, c'est ce même mépris qui engendre la honte de soi que ressentent les jeunes des banlieues. Dans ces conditions, les valeurs républicaines – la laïcité, la citoyenneté universelle et le triptyque « Liberté-Égalité-Fraternité » – sont à la fois contestées comme formelles, voire hypocrites, à cause des discriminations et injustices vécues au quotidien et en même temps revendiquées car elles sont au coeur de la francité.


Françis Deneve Corinne, (Université de Liverpool), Entre les murs de la langue.

Pour beaucoup, le « jeune de banlieue » est l'autre, et il l'est surtout par sa « langue » - ce sociolecte particulier sur lesquels linguistes et journalistes se penchent. Altérité va ici avec altération : on souligne les écarts que le « parler des banlieues » fait subir au français « normal », même si cette altération est parfois repositivée au nom d'un réenchantement de la langue-morte. Nous voudrions dans cette communication nous pencher sur ces « romans de collège » qui abondent désormais dans la littérature française, et pour lesquels la question de l'altérité/altération est essentielle. Dans ces romans en effet, écrits souvent par des professeurs de français, la langue devient une langue de contact. Puisque le jeune est l'autre, comment sa langue entre-t-elle donc par effraction dans le français, dans la langue du roman ? Au-delà de cette question de l'altération, se pose en effet une question radicale : l'école républicaine peut-elle faire une place à l'altérité ?


Labari Brahim (Université Paris 10 Nanterre - CNRS ) : expatriation et altérité dans le contexte franco marocain,

Scrutant les PME françaises délocalisées au Maroc, notre communication entend explorer un aspect méconnu de la littérature économique à savoir l'expatriation des patrons se chargeant eux-mêmes de « bricoler » l'implantation de leurs unités industrielles. Cet apprentissage ethnographique s'élabore à un double niveau. Le premier niveau prend la forme d'une initiation à la culture marocaine, souvent dans un cadre stéréotypé quasi folklorique. Il s'agit de soigner son rapport avec les Marocains en veillant au respect de leurs traditions et valeurs. Le second niveau est relatif aux rapports qui doivent prévaloir en milieu de travail.

Simonet François (Chargé de cours de Siences de l'éducation à l'Université de Pau et des pays de l'Adour – Département Sciences sanitaires et sociales)  : l'imaginaire social comme espace de détermination et de construction des valeurs, le cas du recrutement,
Le recrutement est généralement assimilé au rationnel. Cependant, il est mobilisé par l'imaginaire social qui organise toute activité humaine (C.Castoriadis) ; son processus est amplement imprégné de caractéristiques imaginaires et culturelles qu'aucune procédure, qui se voudrait en mesure d'objectiver les critères de la « valeur », ne peut supprimer. De ce fait, il se présente comme le produit des systèmes de valeurs dont il « dépend », d'après les caractéristiques culturelles de l'entreprise.
Ce que l'on peut constater, c'est que les réponses apportées au « malaise » actuel de la société sont technicisées, dépouillées de toute âme, plutôt que sociales. Ainsi, pour ce qui est du recrutement, il est question de politique de « discrimination positive », du « curriculum vitae anonyme » par exemple. L'imaginaire social semble prendre une forme technocratique, mettant au second plan les valeurs humaines, humanistes. Sa structure évolue et son aspect leurrant (E. Enriquez) envahit notre quotidien, où chacun se laisse prendre au piège d'un déterminisme social par lequel la technique apparaît comme la seule réponse possible, le moyen salvateur pour sortir des crises.

Mardi Après Midi.
Pr Guy Berger : l'imaginaire de l'exil.

Ollier Fabien (revue Mortibus).
La dogmatique d'un pluralisme des identités culturelles aussi différentes qu'authentiques constitue la face idéologique du multiculturalisme. Sa face politique consiste à y ajouter la reconnaissance et la protection publiques par le droit. Plus qu'un traditionalisme qui ne ferait que prêcher le retour à des modes de vie anciens, partagés par et au sein d'une communauté en quête permanente d'authenticité de l'Être, le multiculturalisme est aussi l'entreprise pseudo humaniste tout autant que mercantile d'une réduction de l'homme à une partie de lui-même (étiquetage) et d'un sacrifice de la particularité du sujet à la pseudo particularité du souverain contexte « culturel ». Il s'agit d'une machinerie de l'abstraction dans laquelle les rouages se nomment différence, identité, pluralisme des visions du monde, relativisme des vérités, culture affirmative et irrationalisme. Machinerie doublée d'une machinerie de l'énonciation qui rend visibles, reconnaissables et légitimes ces abstractions sur le marché. Le multiculturalisme est l'alibi culturel et politique de la réification totale en cours. Il est le murmure des kapos qui court au sujet de la culture.

Roux Martine (PRAG ISBA–UFR Langues et Lettres Hispaniques (Université de Poitiers) : Nations castillane et galicienne, une altérité irréductible ?
Le XXe siècle espagnol vécut jusqu'à l'affrontement armé une opposition radicale entre deux conceptions, considérées comme distinctes, du nationalisme. D'un côté, depuis le centre de l'Espagne, on dénonçait les nationalismes régionaux. De l'autre, depuis la périphérie, on plaidait en faveur de l'instauration d'une république fédérale.
Dans l'un et l'autre camp se développait une même croyance en l'existence d'un « caractère » national distinct déterminé par le passé singulier –réel et/ou supposé- de chaque nation, une même recherche de définition, une même approche de la vérité d'un prétendu « être national » préalable à toute construction destruction historique ; ce qui favorise l'émergence de définitions singularisantes opposables qui, en situation de conflit exacerbé, sont érigées en valeur et contre-valeur. L'Autre n'est plus un alter ego, il devient un étranger, un barbare qui ne peut qu'être avili, dominé, supprimé.
J'évoquerai principalement deux motifs de rejet et d'incompréhension, deux exemples d'altération de la perception de l'altérité : d'une part le mythe fondateur et d'autre part le topique ethnico-culturel qui, semble-t-il, opposent collectivement les « Huns et les Hautres » -selon l'expression de Miguel de Unamuno- à travers les écrits de fiction du Galicien Alvaro Cunqueiro (1911-1981) et du Castillan Francisco Umbral (1935).

Buse Ionel, professeur de l'Université de Craiova, Directeur du Centre de Recherche sur l'Imaginaire et la Rationalité : l'émigrant roumain dans les médias et l'imaginaire occidental,
Le premier janvier 2007, date de l'adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie à l'U. E., une armée de journalistes attendait – micros en main, peut-être bien de l'ail aussi ! – à l'aéroport international de Londres les descendants de Dracula... Stupeur! Seuls avaient atterri deux hommes d'affaires et quelques étudiants. L'imaginaire collectif occidental est, d'une manière en quelque sorte naturelle, défavorable à l'émigration, à la roumaine en particulier. Quelles sont les causes de cette image négative? L'altération des frontières de l'altérité ? La condition sociale de l'émigrant qui quelque fidèle qu'il puisse être à son espace d'adoption, il continuera à rester longtemps, selon le propos de Platon, une sorte de „bâtard”, à la frontière entre le citoyen et l'étranger ? L'Est contaminé par Dracula et Ceausescu ? Les „hommes nouveaux” créés par la Dictature : voleurs, prostituées, émigrants illégaux travaillant au noir ? La médiatisation excessive d'une Roumanie sous-développée: corruption, pauvreté, enfants abandonnés, orphelinats etc.?

Taddei Jean-Claude, (ESSCA Angers), de l'autre côté de la limite, une nouvelle lecture du territoire économique.

La limite formalise une surface et autorise sa qualification, sa dénomination et donc son existence. Ainsi, l'identification du territoire permet l'identification de l'extérieur et donc des Autres. Sans cette double identification, la "vie" ne peut se développer. Celle-ci n'existe, finalement, que par l'altérité. Nous avons choisi de vérifier de quelle façon la limite influençait les types de territoire. En conséquence, nous posons l'hypothèse selon laquelle la limite enferme ou au contraire attire, ce qui permet de regrouper les espaces économiques dans un type de territoire que nous nommerons PARC ou dans un autre que nous nommerons PÔLE. Cette relecture des territoires doit nous conduire à une requalification de la classification des territoires et finalement, interroger la limite conduit à interroger une représentation et un instrument de l'ordonnancement social.

Géraud Dominique, (CNAM/IFORIS Responsable du Pôle formations supérieures),

Altération de l'autre, altération de soi dans l'intervention sociale,

Le socle de l'intervention sociale, c'est le changement. Intervenir, c'est se poser entre, c'est être à la rencontre de l'instituant et de l'institué, c'est, avec un regard extérieur, poser un diagnostic sur une situation pour produire du changement social. Bien sûr, la finalité en est le « mieux être » des populations. C'est en tout cas au nom de ce supposé « mieux être » que se légitimera l'intervention. Changer l'autre, c'est le plus souvent produire un arraisonnement (perspective heideggérienne), une domestication (M. Foucault), participer à l'asepsie de la société (M. Maffesoli), ou, si l'on revient chercher plus loin en arrière le modèle des sociétés de cour, contribuer à la curialisation (N. Élias) . Cette intervention sur autrui n'est pas sans laisser de traces : s'appuyant souvent sur une logique de professionnalisation, elle privilégie la méthodologie « rigoureuse » du projet, contribuant en cela à la production d'une identité professionnelle de l'intervenant social « expert », avec son corollaire, l'usager « victime ».

Mercredi matin (9h-11h) :
Pr Besses Pierre (Université de Toulouse) : l'occident imaginaire dans le discours des nationalistes, l'inversion du regard,

Journet Christophe, Journaliste indépendant – médialogue, Université d'Angers): le regard des journalistes sur eux-mêmes.
"Rompu à l'art de parler d'autrui, le journaliste répugne généralement à établir son auto-portrait, qu'il s'agisse de celui de son entreprise ou des professionnels qui la font vivre. Pourtant, peu de professions influent autant sur l'image que la société peut avoir d'elle-même, de façon symptomatiquement croissante depuis la montée en puissance de l'actualité de l'après Gutenberg, celle du multimédia, voire du tumulte immédiat qu'elle engendre parfois.
Sans contre-pouvoir réel, le fameux "4e pouvoir" n'en est-il pas réduit au rôle de "faiseux de rois et de reines", de co-gestionnaire du monde de l'image dans lesquels les nouveaux dictateurs de l'audimat aimeraient bien inclure toujours plus de lecteurs-auditeurs-téléspectateurs?

Drouard Hervé : Dr en sociologie . (Affuts)

A première vue, il peut sembler incongru d'aller déterrer dans la tradition biblique pour imaginer la fonction ou le statut du travailleur social les figures antiques de « roi, prêtre et prophète » ; de vouloir les unifier, les fondre alors que selon la théorie des trois fonctions de Georges Dumézil , on fonde les cultures indo-européennes sur leur distinction : prêtre, guerrier, producteur. C'est oublier que notre inconscient collectif a été recouvert par des siècles de rêves chrétiens, que le travail social moderne reste un avatar de « l'éminente dignité reconnue aux pauvres » et à ceux qui s'en préoccuppent, dans toute la tradition évangélique.
Alors d'où vient ma formule : « tous, rois, prêtres et prophètes ou chacun, roi, prêtre et prophète » Que signifie-t-elle ? En quoi elle peut percuter, altérer notre conception du travail social, enrichir notre altérité, construire notre identité personnelle et sociale ?
Après un rappel anthropologique, nous verrons comment s'est nourri le rêve messianique : un roi-prêtre-prophète, comment la théologie chrétienne l'a vu réalisé dans le Christ d'abord, puis en chaque être humain mais en inversant les valeurs constitutives. Enfin nous appliquerons cette utopie à la praxéologie du travail social.

Atelier Figures de l'Autre dans l'Education .l'Education comme altération.
Régulateurs: Richard Lescure, Béatrice Pothier, Jacqueline Branger. Eric Golhen.

Grand témoin : Albin Wagener, doctorant en Sciences du langage, "les malentendus de la conversation dans une optique interculturelle ».

Mardi matin.

Lescure Richard (Université d'Angers) : les langues comme facilitateurs de la rencontre de l'Autre.
Cette communication se propose de montrer en quoi les conceptions actuelles de l'enseignement-apprentissage des langues nationales, régionales et étrangères – initiées par le Conseil de l'Europe, relayées souvent dans les institutions et systèmes éducatifs – ont pour projet de faciliter et démythifier la rencontre de l'autre, de favoriser, pour ce faire, la compréhension mutuelle et la « citoyenneté » nationale et supranationale par une approche du plurilinguisme et des démarches pédagogiques communicatives, « actionnelles » et « interculturelles ». Ne perdons pas de vue que la problématique de l'altérité dépasse un enseignement des langues, restrictivement conçues comme disciplines scolaires cloisonnées mais renvoie à toute une démarche politique et éducative globale.
Par rapport à l'apprentissage des langues, seront évoquées aussi les questions sous-jacentes et les limites de ces conceptions : en effet, elles postulent que les Européens puissent et veuillent réellement se comprendre et échanger.

Stitou Rajaa (Université Montpellier 3) La mise à l'épreuve du lien social face à l'étrangeté de l'adolescent
L'adolescence constitue le paradigme du changement qui vient actuellement mettre à l'épreuve l'altérité en bousculant les frontières entre le même et le différent, l'étranger et le familier. En effet , la jeunesse est de plus en plus considérée comme une jeunesse à risque, comme si l'étrangeté dont cette dernière est porteuse venait rencontrer la part obscure de la civilisation .Le regard social, dont la fonction est de protéger et d'humaniser, peut se transformer en regard persécuteur lorsque l'étrangeté qu'incarne l'adolescent, et qui se redouble avec la différence culturelle , est perçue uniquement comme une menace et non pas comme une ouverture vers l'altérité. C'est ce dont témoigne l'expérience clinique au quotidien (plus particulièrement ceux que l'on appelle les jeunes des banlieues) ; expérience qui nous incite à repenser les dispositifs d'écoute qui permettent d'aider ces adolescents à se défaire de la violence, à renouer avec la créativité.

Falgas Claude, Martinez Brigitte, Sofianos Didier (Université de Rennes 2) : , la force des petits riens, le pari de l'éducation.
En accompagnant des jeunes à l'étranger, nous avons souvent remarqué le phénomène sur lequel s'appuie maintenant l'Education Durable : une personne déstabilisée par les réactions inhabituelles de son environnement, est obligée de fonctionner en dehors de sa propre « zone de confort » et doit alors se réajuster, s'autoréguler. C'est ce qui se passe, par exemple, quand un jeune se rend à l'étranger dans le cadre d'activités professionnelles. Comment se développe la conscience des processus informels en jeu? Leur accompagnement consiste à agir au bon moment et de manière « suffisamment juste ». Et là, un « petit rien » (une parole, un geste, une question...suffit souvent pour faire évoluer la situation vers une dynamique de structuration personnelle (créativité en situation, sens de sa propre responsabilité...). Pour cela, la pratique artistique accompagnée semble fournir une aide réelle. Nous ferons le point de nos expérimentations.

Mouttapa François, ( IPR Lettres EN) ma position sur l'altérité.
En partant d'une description objective des situations d'écriture proposées dans l'enseignement secondaire, on fera observer que la plupart du temps l'écriture ne circule que du même au même : élève-professeur / correcteur à partir des mêmes exercices. A partir de ce constat on mettra en relation étroite les blocages scolaires liés à l'écriture et la difficile prise en compte de l'altérité dans l'institution. C'est bien parce que des élèves, par les difficultés qu'ils rencontrent, interrogent notre enseignement, qu'il faut se saisir de leur point de vue pour observer nos pratiques sur d'autres bordures.

Mardi après midi.
Pr Pothier Béatrice (Dr IRFA, UCO)  : quand la langue s'en mêle, (s'emmêle, sans mel, sang mêle),

Michel Marhadour, " le regard de l'autre : du ressenti d'un Sourd". Interviewé par B Pothier.

Mallet-Marie Chantal (EN Alençon) : la relation d'altérité au coeur du processus de formation, l'exemple de l'apprentissage de la lecture. (approche politique et anthropologique des choix pédagogiques).
La relation d'altérité au coeur du processus de formation – Pour une approche politique et anthropologique des choix pédagogiques – L'exemple de la lecture.

Lors du vigoureux affrontement provoqué dans le champs scolaire par la décision de Gilles de Robien d'imposer la méthode syllabique en C.P. pour la rentrée 2006, je m'étais rangé dans les camps des défenseurs de la syllabique.
Ce n'était pas tant, à l'instar de notre ministre, les avancées des neurosciences qui m'avaient convaincue. Ma position était plutôt l'aboutissement d'une pratique professionnelle et de sa mise en perspective à l'occasion des débats du champ de la pédagogie.

Il est probablement nécessaire de se situer au delà du champs de la pédagogie, au niveau symbolique, pour apprécier ce qui se joue en définitive dans l'apprentissage de la langue écrite. Au-delà (et en deçà) de la capacité de reconnaissance des mots et de l'activité de compréhension des textes, il doit y avoir prise de conscience d'un rapport d'altérité.
Les sociétés sans écriture ne témoignent pas d'une incapacité à y accéder mais d'un refus de la division en leur sein (Clastres). Elles préfèrent que la loi du groupe soit inscrite dans les corps.
A un autre niveau, on retrouve une problématique proche chez des enfants qui refusent d'entrer dans les apprentissages scolaires par peur de trahir leur groupe social d'origine et par peur de se perdre.
L'écrit inscrit donc le sujet dans le rapport d'altérité coextensif à l'individualisme des sociétés modernes.

On essaiera de montrer que dans le domaine de la lecture, les approches synthétiques sont les plus susceptibles de mettre en place cette disposition au rapport d'altérité et à l'acceptation d'une dynamique d'altération.

Dans un second temps et de manière embryonnaire, on tentera de mettre en lumière l'implicite anthropologique et politique des positionnements en matière de pédagogie.

Maquaire M (IPR EN) : enseigner la littérature de voyage, entre identité et altérité.
L'oeuvre littéraire viatique peut être considérée comme un médiateur de la découverte de l'Autre dans l'enseignement aux apprenants étrangers. Pour cette communication, on présentera la tension entre altérité et identité à travers une étude littéraire et un projet didactique sur trois oeuvres viatiques anti-colonialistes : Voyage au Congo de Gide de 1927, Aden Arabie de Nizan et Voyage au bout de la nuit de Céline, publiées en 1931.
Cette communication sur cette confrontation entre identité et altérité se présente aux confluents de la littérature, de l'histoire, de la politique, des arts plastiques et des réflexions didactiques sur le transculturel, et la notion d'étranger.

Valastro OM (IRSA Montpellier, sociologue Catane)  : l'imaginaire autobiographique.
Orazio Maria Valastro: IRSA-CRI Université "Paul Valéry", Montpellier. Revue Electronique m@gm@ Sociologue Professionnel, Catania.

L'imaginaire autobiographique
La pratique de l'écoute sensible dans la narration et l'écriture de soi, s'accomplissant en tant que pratique d'attention et dévoilement de soi et de notre histoire, valorise l'histoire de l'autre et de nous-mêmes. Une pensée autobiographique engage une esthétique de l'existence favorisant une présence éveillée à soi, aux autres et au monde, devenant un exercice concret de l'existence et générant une réflexion génératrice de solidarités et réciprocités fondées sur le sentiment de la reconnaissance réciproque de soi et de l'autre. Un laboratoire de pratique autobiographique devient ainsi une opportunité pour nous prendre soin de notre vie et celle des autres, un espace pour soi et un espace de soins au sein duquel permettre au monde de la vie de devenir objet de pensée tout en libérant la créativité et notre imaginaire. Définir cet espace un atelier d'art de la narration et de l'écriture de soi, un atelier de l'imaginaire autobiographique, revient à rétablir les potentialités d'une poétique de la narration avec ses capacités de création et transformation de l'existence, une poétique de l'existence comme pratique et reconstruction de sens.




Mercredi matin : 9h-11h.

Gohlen Eric, Centre National Pédagogique des Maisons Familiales) et U.P.P.A. (Pau), l'alternant, l'autre trouble de l'école,

Progressivement construite au fil de la modernité européenne, l'école a imposé "le modèle jésuite de la promotion rituelle à l'intérieur d'une structure hiérarchique fermée" (Ivan Illich), forme privilégiée de légitimation des élites. Ainsi l'instance scolaire (Bernard Charlot) incarne le rêve d'une formation partielle mais à scolarité totale ; cependant, depuis quelques décennies elle a dû affronter des réalités sources de troubles qui en fragilisent les fondements comme, par exemple, la massification des dispositifs ou encore la mise en perspective voire en cause de l'enseignement au regard d'enjeux éducatifs. En outre, depuis une trentaine d'années se développe l'idée d'une "formation à temps plein mais à scolarité partielle" (Georges Lerbet) ; l'école, plus souvent contrainte que décideuse, tente d'en adopter les contours, au risque de ne pas prendre la mesure de l'alternant comme possible nouveau modèle, certes encore trouble, de formation des élites.

Nafti Catherine, (MCF UCO), l'altérité dans le rapport au savoir, l'exemple polynésien,
En Polynésie, les enseignants qu'ils soient polynésiens ou métropolitains se plaignent des difficultés scolaires des élèves maoris. En effet, statistiquement ce sont ceux qui réussissent le moins bien à l'école .Aussi, les élèves maoris quittent-ils l'école dés 16 ans ou sont orientés dés l'âge de 14 vers la classes –ateliers où ils apprennent un métier.
Interrogés sur les difficultés scolaires des enfants polynésiens, les enseignants se plaisent à répéter que les « petits polynésiens » sont des créatifs et des manuels. que l'école ne les intéressent pas.
Or, depuis 9 ans que je travaille avec les équipes éducatives de l'enseignement primaire et secondaire polynésiens, la question que je me pose est : Quel regard les enseignants ont-ils sur les élèves maoris. ? A travers les différents travaux que j'ai menés avec les enseignants, je me suis aperçue que l'élève polynésien en tant qu'autre est nié, que les enseignants ne sont pas dans un rapport au savoir mais plutôt dans un rapport de savoir dû à l'histoire de la Polynésie, à la conception occidentale voire française du savoir ou de la connaissance.
J'aimerais à travers cette communication démontrer que les problèmes scolaires de certains élèves polynésiens sont liés à une non reconnaissance de l'autre dans son savoir et sa culture .L'apprentissage est par conséquent pensé comme une imposition et non comme une médiation entre l'enseignant et l'élève.
Mots clés : rapport, reproduction, institution, histoire, colonisation.

Dumouchel Bernard et Stogaitis Ginette. : Le portfolio professionnel en éducation agissant en tant que témoin évolutif des représentations du sujet dans ses rapports à l'autre
Le portfolio professionnel en éducation (Dumouchel et Stogaitis, 2000, 2002, 2003, 2005, 2007) peut se donner à voir en un triptyque interactif entre l'observateur-sujet, l'objet-sujet d'observation et l'observatoire construit. Nous souhaitons revisiter et enrichir ce modèle en prenant appui notamment sur les notions d'altérité et d'altération (Todorov, 1982 ; Ardoino, 2000), de mythe (Eliade, 1975) éclairant l'imaginaire et les représentations du sujet dans ses rapports à l'autre s'inscrivant dans la durée.
Nous revisiterons le terreau littéraire québécois mettant l'accent sur l'imaginaire de l'autre au sien d'une sélection forcément limitée : Les relations des Jésuites (1636 - Le regard du missionnaire Français Brébeuf porté sur les Hurons.
L'esquisse de cette approche plurielle vise une meilleure compréhension des représentations de l'autre inscrites au sein du portfolio professionnel en éducation.



Atelier Figures de l'Autre dans la création artistique.
Régulateurs : Lorine Grimaud, Georges Bertin, Alain Lefebvre, Chantal Riou.
Le Bosse Michel Vital, (CENA Caen), La recherche de l'autre et de l'ailleurs d'Homère à Todorov via Levi-Strauss , de l'ipséité à l'altérité.

Piriou Martine (Université Paris IV Sorbonne, et C.I.E.F.): Surburban Blues de Georges Yémy ou le chant d'une lieuebannie

Cet exposé analysera un exemple de représentation littéraire de l'altérité, voire de l'altération, et de son corollaire la quête de soi, en s'appuyant sur l'étude du second roman de Georges Yémy, Suburban Blues, publié en 2005 aux Editions Robert Laffont. A travers une description détaillée de l'originalité de cette oeuvre mosaïque, tant en terme d'esthétique que de substance, ce développement mettra en exergue les épreuves initiatiques (trahison familiale et étatique, clandestinité, discrimination, etc.), qui jalonnent la « migrance » d'un narrateur-personnage pris dans le tourbillon de l'entre-deux mondes urbain et suburbain parisien. Cette intervention tendra donc à réaliser un état des lieux « bannis », selon Yémy, pour pouvoir ensuite dépasser les antagonismes centre-périphérie, dominant-dominé, qui n'ont eu de cesse que d'emprisonner la France dans une fracture sociale quasi janusienne.


Mardi après midi.

Sike Yvonne de (CNRS), Figures de l'autre, la masque et la fête.
Figure d'identité au départ, le masque funéraire couvre le visage du défunt pour lui assurer la pérennité et peut être la mémoire identitaire (cf. masques d'Egypte, mycéniens, etc.) ; il exprime, par ailleurs, la présence divine grâce à son abstraction figurative (masques de la Mésopotamie et du Proche-Orient, masques dionysiaques, icônes). C'est la création-présence du masque dans le jeu de l'être et du non-être, conçu dans le temps linéaire de l'existence dont dépendent les patrilignages, le culte des ancêtres et celui des héros-dieux, qui deviendront, à leur tour, des dieux saisonniers, protecteurs de la fertilité et de la fécondité, maîtres de la vie, de la mort, et de la renaissance.

Prosopeion en grec, persona en latin, le masque induit l'émergence de l'altérité, la « création » d'une personne « autre » que celle qui le porte et favorise la naissance du théâtre comme expression d'une pensée politique. C'est le temps des alternances, des messages croisés entre société-auteur-acteur-société où le masque assume pleinement sa fonction sociale et éducative dans le contexte de la démocratie antique.

Enfin, le masque nous conduit progressivement vers l'altération, la contestation, voire l'opposition au pouvoir et au status quo social. C'est le temps de la comédie, du charivari, de la jeunesse révoltée du Moyen Age. Le masque assure l'impunité mais aussi le passage cyclique du chaos à l'ordre, en provoquant la déchéance rituelle de l'ordre établi au profit du chaos générateur d'un ordre parfait.

De nos jours, ce sont les fêtes saisonnières où le masque joue un rôle déterminant (Halluin, les apparitions masquées entre Noël et l'Epiphanie, Carnaval, 1er mai) qui assument, dans une certaine confusion, ses anciennes fonctions….

Bellakdar Abdelhak (GRAFE l'ENS Meknès) : Altérités assimilées ; altérités altérées (La définition de soi comme maîtrise/altération de l'autre et du monde. Quelques écrits de Saint-John Perse)

Il est, parfois, de curieux partages dans les grandes oeuvres : la voix-origine, prise souvent pour le lieu de parole d'un homo oeconomicus qui se constitue graduellement, est en réalité l'antivaleur de l'ensemble de l'oeuvre à venir. Autocratique, elle s'institue en entité ontologique qui, pour se construire, croit devoir tantôt dénier et tantôt assimiler toute altérité.
Si l'attitude s'inscrira constamment dans l'intervalle ces deux dispositions, dont aucune n'est préférable, ni condamnable.
Cette dialectique de l'être et de l'altérité, substitut moderne au couple moi/non-moi romantique, couvre l'ensemble de la création chez Perse, du motif totémique (mer, neige, vent…) à la conception un peu idéaliste et ‘'humaniste'' de La Société des Nations, dont le projet (ou l'un des projets) fut rédigé par Alexis Leger sous contrôle d'Aristide Briand.
A travers la lecture de quelques lettres, poèmes, textes politiques de Perse, je propose d'examiner, avec mon auditoire, les fluctuations de la conception de l'autre chez ce poète ; l'autre différent assimilé, l'autre rejeté, l'autre menace constante de soi quand ce dernier se fragilise ; mais l'autre (psyché et miroir sans tain) toujours nécessaire à la définition de soi.


Grimaud Lorine (CRAI, Angers, Université Paris X Nanterre ) : L'Autre narrateur : de l'altérité à l'indécidabilité Charles Dickens, Great expectations et Gunter Grass, Die Bleschtrommel

D'un côté, il y a les auteurs et les lecteurs, et de l'autre, il y a la fiction. D'un côté donc, la réalité et des êtres de chair, de l'autre, l'illusion réaliste et des êtres de papier : un monde auquel on accède par convention. Entre ces deux univers étanches – sauf pour Don Quichotte et Emma Bovary -, il existe pourtant un trait d'union : le narrateur ou implied author (Gregory Curry à la suite de Wayne Booth), celui dont le lecteur s'imagine qu'il est l'auteur de l'histoire qu'il raconte. Sûrement pas une personne et pas toujours un personnage, le narrateur n'en demeure pas moins une figure stable, repérable, à laquelle le lecteur se fie par un engagement le plus souvent tacite, quand ce n'est pas par un pacte de lecture, posé par ledit narrateur. Son identité, qu'elle soit merveilleuse, fantastique ou absurde, son absence même parfois, sont, la plupart du temps, des éléments permanents, continus et homogènes dans un récit donné où il est un élément stable, servant de point de repère au lecteur qui lui accorde nécessairement crédit.

Qu'est-ce qu'un narrateur « non fiable », quand le propre du narrateur est justement de raconter et de demeurer un point de référence garant du récit pour le lecteur ? Où est-il et que fait-il quand il abdique la narration ou joue d'un lecteur suspendu au fil d'un récit qui n'est plus qu'un sac de noeuds ? Devant l'échec patent d'une interprétation reposant sur la logique, ne serait-ce pas tout simplement alors l'autre parole qui entrerait en jeu, la parole de l'Autre. Si la littérature est porteuse d'un savoir, peut-être loge-t-il dans ces ruptures narratives…

17h30
Pacault Daniel (CNR Poitiers et UPPA) les ateliers hip hop,

"Le cas d'un projet artistique dans une école de quartier populaire sera exposé
sous forme de témoignage video. La question de la pratique artistique (et
l'accès de la "culture" en général) est exposée ici. S'agit-il de proposer aux
enfants des classes "défavorisées" une culture conforme (comme par exemple dans
les fims "l'Esquive" ou "Billy Eliott"), ou le salut de l'accès à la culture
passe par des pratiques dites déviantes (ici la danse hip hop)?
Le témoignage reviendra sur des séances d'entraînement à la danse hip hop dans
une école, et les extraits d'un spectacle en fin d'année scolaire. L'exposé
préliminaire posera la question de la pratique culturelle et artistique à
l'école".


Mercredi matin :
Bertin Georges (CNAM IFORIS) : anima, figures de la femme et visages du temps,
Anima, figures de la femme et visages du temps.

Carl Gustav Jung désigne sous le nom d'anima l' archétype de la féminité présent au coeur de notre inconscient collectif, et donc de nos psychismes, et souvent vécu notamment du côté masculin -mais pas uniquement- sur le mode de l'altérité radicale. Nous tenterons de le visiter au travers de trois figures de la femme dans leurs rapports aux visages du temps: l'épouse, l'amante, la sorcière, telles qu'elles apparaissent dans la littérature occidentale, des romans médiévaux à Tahar Ben Jelloun, via André Breton.

Dans ce voyage aux arcanes du féminin, nous nous demanderons si les figures imaginaires convoquées par les poètes ne sont pas sans nous interroger sur les visages du Temps auxquels se soumettent les sujets désirant que nous sommes:
- temps héroïques, de la quête et de la poursuite éperdue d'un objet qui toujours est rendu plus inaccessible par sa poursuite elle-même,
- immobilité de la fusion réalisée au temps de l'Amour Fou, et l'on observera la prédominance du mythe de Vénus,
- temps cyclique du retour dans le mythe de Mélusine convoquant du fond des âges et de nos inconscients la capacité que nous aurions à vivre d'une vie émerveillée, entre philtres et magie.


Sarba Emmanuelle (EN) : qui est on quand on dit qu'on est la reine d'Angleterre sur scène ?

Chenouf Yvane (EN)  : l'altérité à travers albums et histoires d'anniversaires,

Mercredi 12 de 11h à 13 h.

Conclusions Générales (Bruno Pecqueux CNAM)
à partir des synthèses proposées par les ateliers.



Organisation : CNAM-IFORIS. Angers.

Lieu  : campus social angevin. Amphithéâtre de l'IFRAMES, Rue Darwin., IFORIS, ENSO.

Partenaires associés : CDDP 49, IFRAMES Le Campus, ENSO, ADMES, AFIRSE, LAREF, Université d'Angers.

Et l'aide de Conseil Régional des Pays de la Loire, Conseil Général de Maine et Loire, Communauté d'agglomération Angers Loire Métropole, Ville d'Angers, MAIF.