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Femmes de(s) lettres minoritaires (Rennes)

Femmes de(s) lettres minoritaires (Rennes)

Publié le par Vincent Ferré (Source : Erwan Hupel)

Appel à communications

Femmes de lettres minoritaires / Femmes des lettres minoritaires

Université Rennes 2

Centre de Recherche Bretonne et Celtique de Rennes (EA 4451)

Les 19 et 20 mars 2020

 

    Au mois de mars 2019, le colloque international Hentoù nevez al lennegezh : Les nouveaux chemins de la littérature réunissait des chercheurs d’Afrique, d’Amérique et d’Europe invités à repenser l'analyse des littératures en langues minorisées.
    
    Ces journées ont été l’occasion d’envisager un décentrement, de réfléchir aux conditions du discours sur ces littératures et de s’intéresser aux relations qui existent entre des systèmes linguistiques et littéraires qu’on ne peut pas réduire à leur situation sociolinguistique. Cette manifestation scientifique marquait aussi la naissance du Groupe Interuniversitaire d’Étude (GIE) : « Langues et cultures minoritaires » qui rassemble pour le moment les universités Bordeaux-Montaigne, Rennes 2, UPPA (Pau) et UPVD (Perpignan).
    Dans le prolongement de cette première rencontre, nous proposons un nouveau colloque consacré à la place des femmes dans les littératures en langues minorisées. Il s’agira d’étudier d’une part les écrits de femmes s’exprimant en langue minorisée et les conditions de leur participation à l’activité littéraire et d’autre part les représentations des femmes dans les littératures en langues minorisées.

    Comment, d’une société à une autre, d’une langue à une autre, sont construites les catégories de sexe et tracées les « lignes de démarcation mystiques » entre femmes et hommes ? Les communications pourront porter sur la mise en texte des corps, sur les formes de censure, en réfléchissant notamment au rapport de chacun à la langue — aux langues — dans les différents textes étudiés.
  

 On s’intéressera également au statut des héroïnes et, plus généralement, aux portraits de femmes réalisés par les auteurs s’exprimant en langue minorisée en étudiant   les mythes qui ont pu nourrir ces imaginaires littéraires : l’« éternel féminin », le « mystère féminin », le lien de la femme à la nature ou encore le matriarcat primitif.
    Tous les types de littérature sont ainsi susceptibles d’être analysés : le roman, la poésie, le théâtre, mais aussi le conte, la fable, la chanson, la complainte… Nous attendons également une critique généalogique des discours sur les femmes et l’étude des textes anciens a donc toute sa place dans ce colloque. Elle permettra d’apprécier leur part dans la construction des archétypes féminins et/ou dans le travail de déshistorisation de la domination masculine (Bourdieu).

   L’autre aspect de ce colloque concerne les femmes de lettres minoritaires et l’on pourra se demander pourquoi et comment elles ont pris la plume en réfléchissant, par exemple, au sentiment d’insécurité linguistique des unes et des autres en diglossie.

   Les limites historico-culturelles qui réduisent l’écriture aux lois masculines ne sont pas les mêmes partout et, par conséquent, les transgressions ne sont pas toutes du même ordre. Si l’on peut refuser l’idée d’une écriture féminine (Wittig), les études que nous espérons réunir permettront d’apprécier les continuités et discontinuités d’un ensemble de textes de femmes qui toutes écrivent dans un monde linguistiquement dominé. À cet égard, une attention particulière sera accordée aux approches comparatistes entre différents domaines ainsi qu’à l’étude d’auteures habitant plusieurs langues et qui n’écrivent pas la même chose, ni de la même façon, dans l’une et dans l’autre.

    Enfin, il conviendra de s’intéresser aux textes qui, d’une manière ou d’une autre, remettent en cause la domination masculine. Quels discours les auteurs en langue minoritaire produisent-ils sur la féminité ? Proposent-ils une assimilation des valeurs masculines ? Un renversement de la hiérarchie ? Dans quelle mesure et par quels moyens interrogent-ils leur langue et ses présupposés ?

   Une écriture féministe en langue minoritaire porte en elle des revendications multiples. Si « la femme » reste un « continent noir » (Cixous) il n’est plus temps de constater qu’elle est une autre parmi d’Autres (Beauvoir), mais de dépasser un féminisme civilisationnel (Vergès) pour adopter un point de vue différent et s’intéresser à la concordance et à la concurrence des luttes. On s’efforcera alors d’étudier comment se conjuguent les régionalismes, nationalismes avec le fémonationalisme (Farris) et comment s’exprime les revendications féministes en langue minoritaire.


Références citées :

Beauvoir Simone de, Le Deuxième sexe, Gallimard, Paris, 1949.
Bourdieu Pierre, La domination masculine, Le Seuil, Paris, 1998.
Cixous Hélène, Le Rire de la Méduse et autres ironies, Galilée, Paris, 2010.
Farris Sara R., In the Name of Women’s Rights. The Rise of Femonationalism, Duke University Press, Durham, 2017
Vergès Françoise, Un féminisme décolonial, La Fabrique éditions, Paris, 2019
Wittig Monique, La pensée straight, Amsterdam, Paris, éd. 2018.

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Modalités de participation

•    Langues du colloque : Français, Anglais.

•    Droits d’inscription : 20 euros

•    Date limite de soumission des propositions : 15 décembre 2019

•    Les propositions devront être envoyées à : erwan.hupel@univ-rennes2.fr sous forme d'un résumé de vingt lignes suivi d'une présentation biobibliographique de l'auteur d'une dizaine de lignes.

•    Les actes du colloque seront publiés par les éditions TIR.


Direction : Audrey Debibakas (Université de Guyane) et Erwan Hupel (Université Rennes 2)

Comité scientifique : Martine Berthelot (Université de Perpignan Via Domitia – VECT EA 2983), Monique Blérald (Université de Guyane — MINEA EA 7485), Anne Carovani (Humboldt-Universität zu Berlin), Natali Fabiana da Costa e Silva (UNIFAP), Mariana Janaina dos Santos Alves (UNIFAP), Audrey Debibakas (Université de Guyane — MINEA EA 7485), Besa Hashani (UCLouvain), María Lopo (Universidade de Santiago de Compostela – USC), Laurence Malingret (Universidade de Santiago de Compostela – USC), Céline Mounole (Université de Pau et des Pays de l’Adour — IKER UMR 5478), Muriel Poli (Université de Corse Pasquale Paoli — UMR CNRS 6240 LISA).