Essai
Nouvelle parution
F. Jameson, Archéologie du futur I.  Le désir nommé utopie

F. Jameson, Archéologie du futur I. Le désir nommé utopie

Publié le par Marc Escola

Fredric Jameson, Archéologie du futur I. Le désir nommé utopie, Paris, Max Milo, 27/9/2007, 393 p.

Traduit de l'américain par Nicolas Vieillescazes et Fabien Ollier


 

Isbn (ean13) : 9782353410200

25 euros

Du même auteur: F. Jameson, Archéologies du futur 2. Penser avec la science-fiction

 Présentation de l'éditeur:

Quel type d'humanité conviendrait à une société radicalement différente des nôtres ? Nous faut-il inventer un nouveau concept d'homme ? Mais qui croit encore à l'utopie ? discréditée par le naufrage 'totalitaire', méprisée par la gauche comme par la droite, éclipsée par les politiques 'pragramatiques', c'est -à-dire néo-libérales, et oubliée par un mouvement altermondialiste qui, dans l'ensemble, se satisferait d'un aménagement plus juste et plus égalitaire du système capitaliste mondialisé, l'utopie semble bel et bien morte. Frederic Jameson ne sous propose nullement une utopie supplémentaire. Cet ouvrage nous invite au contraire à reconsidérer l'utopie en tant que pensée (et pratique) de la Différence radicale. Différence spatiale, d'une part - dès le geste inaugural de Thomas More, l'utopie se voit définir comme un monde séparé obéissant à ses lois propres. Différence temporelle, d'autre part - la mise en place d'une société utopique constituant la négation de l'histoire humaine. Jameson ose chercher du côté de la science-fiction les indices d'une pensée de l'Altérité radicale : Philip K. Dick, H. G. Wells, Ursula Le Guin ou William Gibson sont entre autre convoqués.

Extraits:

"Destinée inhabituelle pour une forme littéraire, l'utopie a toujours constitué un problème politique ; pourtant, de même que la valeur littéraire de cette forme est sujette au doute permanent, de même son statut politique est structuralement ambigu. Et les fluctuations de son contexte historique n'aident pas à résoudre cette variabilité qui n'est pas non plus une affaire de goût ou de jugement individuel.
Durant la guerre froide (et, en Europe de l'Est, immédiatement après la fin de cette guerre), l'utopie était devenue synonyme de stalinisme : elle en était venue à désigner un programme qui négligeait la fragilité humaine et le péché originel, et trahissait une volonté d'uniformisation visant à la pureté idéale d'un système parfait, toujours à imposer par une force à des sujets imparfaits et réticents. (Boris Groys est même allé jusqu'à identifier cette domination de la forme politique sur le fond aux impératifs du modernisme esthétique .)"

"Peut-on inventer une manière de lire L' Utopie de More (1516) qui nous permette de retrouver un peu du choc et de la fraîcheur de son élégant néo-latin ressentis par ses premiers européens ? Ce ne sont toutefois pas les composants, ni même leurs modes individuels qui constituent cet hapax générique, mais plutôt la combinaison inhabituelle de connotations jusqu'alors indépendantes ; et un type de syntaxe qui pourrait ordinairement signifier l''humanisme' se trouve transformé pour s'inscrire dans un message complexe qui est lui-même sémantiquement unique.
Toutefois, nous devons dès le départ prendre une décision qui nous mettra face à deux interprétations distinctes, dans la mesure où l'on sait que le livre II, la partie proprement utopique du texte, a été écrit en premier. "