Essai
Nouvelle parution
F. Cousinié, Esthétique des fluides. Sang, Sperme, Merde dans la peinture française du XVIIe s.

F. Cousinié, Esthétique des fluides. Sang, Sperme, Merde dans la peinture française du XVIIe s.

Publié le par Marc Escola

Esthétique des fluides - Sang, Sperme, Merde dans la peinture française du XVIIe siècle
Par Frédéric Cousinié


Paru le: 4 novembre 2011
Editeur: Félin (Editions du)
Collection: Les marches du temps
ISBN: 978-2-86645-760-0
EAN: 9782866457600
Nb. de pages: 366 pages


Prix éditeur : 35,00€

    
La représentation picturale des différents fluides corporels - larmes, sang, lait, ou encore bave, excréments, sperme ou sueur - paraît pouvoir réaliser l'exceptionnelle conjonction de l'objet visé par le projet mimétique et de la matière employée.
Ce qui est représenté, l'est avec l'élément même de la représentation et exalte visuellement ce qui en est l'essence : la liquidité, la fluidité, l'écoulement. Une telle conjonction semble devoir écarter non seulement la signifiante des fluides, guère interrogée par l'histoire de l'art, mais jusqu'à l'intermédiaire qui semble nécessaire à la réalisation de la représentation : l'artiste, son pinceau et son art, coupables de réintroduire la forme trop maîtrisée, la ligne excessivement arrêtée, la matière figée.

C'est, anecdote célèbre et l'un des mythes constitutifs de la peinture occidentale, l'origine de la fameuse " écume " du chien haletant de Protogenes, ou celle des chevaux d'Apelle ou de Néalcès évoqués par Pline, fluide organique complexe et instable dont l'impossible représentation fut finalement réalisée non par les moyens communs de l'art et l'intentionnalité usuelle de l'artiste mais par le " hasard " et la " fortune " du jet furieux d'une éponge, qui peint et dépeint simultanément, sur la peinture imparfaite : " C'est ainsi que, dans cette peinture, la chance produisit l'effet de la nature.

"Ce défi représentatif est à nouveau relevé au XVIIe siècle par trois peintres qui s'illustrèrent alors par leur maîtrise de la peinture religieuse, de la peinture mythologique et du paysage : Philippe de Champaigne, Jacques Blanchard, et Claude Le Lorrain. Dans leurs oeuvres, la représentation des fluides, où s'origine toute une esthétique de la fluidité, de la liquidité, de l'écume, de la plasticité et de nos modernes " flux ", convoque simultanément la spiritualité, la mystique, l'érotique et la politique du Grand Siècle.

 

Frédéric Cousinié est professeur à l'Université de Rouen où il enseigne l'histoire et la théorie de l'art et de l'architecture.
Ses recherches portent essentiellement sur les relations entre images et spiritualité à l'époque moderne. Derniers ouvrages publiés: Sébastien Bourdon : Tactique des images, Paris, éd. 1 :1, 2011 ; Le Peintre et le Philosophe. L'histoire de l'art à l'épreuve de la philosophie au XVII° siècle, actes de colloque, Rennes, PUR, 2011.

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On peut lire sur le site nonfiction.fr un article sur cet ouvrage:

"Extension du domaine des fluides", par C. Ruby.