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Expérience, Récit et Violence

Expérience, Récit et Violence

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Nicolas Cominotti)

Séminaire de recherche hébergé par le Collège International de Philosophie


Penser l'époque est une tâche sans spécialiste désigné et si le séminaire "Radicalité : Expérience, récit et violence" se réclame d'une démarche philosophique, c'est pour mieux questionner les multiples descriptions du contemporain. De ce point de vue, il est possible (probable?) que notre époque soit la plus saturée d'informations à son propre endroit et pourtant la plus ébahie devant les violences, qu'il faut bien qualifier de "politiques", qui la déchire. L'époque parait cependant incorporer sans mal ses ennemis autoproclamés, adossée à la prétendue chute des Grands Récits historiques et des Grandes Utopies. Provocateurs, subversifs et autres radicaux en paroles semblent en effet puiser en elle un dégoût toujours renouvelé laissant pourtant inentamée la ferme croyance qu'elle est la dernière, la plus aboutie et en dernier recours la "moins mauvaise". Laissant aussi la part belle à d'autres régimes de radicalisation pour qui la volence réelle est une évidence sans recours.

En prenant appui sur une proposition de Walter Benjamin, nous tenterons de décrire l'anthropologie qui autorise et peut-être réclame cette situation étrange: celle d'une disparition d'un récit commun au profit d'un autre mode narratif, celui du récit de soi. Celle d'une disparition de toute notion du collectif au profit d'une pensée résolue de l'individu.

Notre démarche ne vise pas à rendre cette transformation elle-même évidente et sans recours, à valider un constat d'échec historique de la civilisation ou à promouvoir une forme antique d'authenticité de l'existence humaine. Tentations qui, toutes, se risquent à la restauration inintérogée d'une politique fantasmée sur le mode de la lutte à mort. Il ne s'agit donc pas de (re)mettre à l'honneur une "haine de la démocratie", pour reprendre le mot de Jacques Rancière, autorisant à distribuer des certificats de puretés politiques à qui se désigne en plus virulent contempteur de la modernité. Au contraire, nous chercherons à réfléchir ces trajectoires qui, croyant se tenir au plus loin de l'époque, l'incarnent peut être au plus près.

C'est dire que la dizaine de séances de travail que nous mènerons à partir du 4 octobre 2007, à raison d'une séance par mois, se donnent l'objectif, nécessairement démesuré, de penser l'époque en puisant dans la relation de l'expérience et de la violence.