Revue
Nouvelle parution
Europe, n°1022-1023, juin-juillet 2014:

Europe, n°1022-1023, juin-juillet 2014: "Romain Gary"

Publié le par Emilien Sermier

Compte rendu publié dans Acta fabula (Janvier 2015, vol. 16, n° 1) : "Romain Gary : les sens de sa vie " par Jonathan Barkate.

 

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"Romain Gary"

Europe, n° 1022-1023, juin-juillet 2014

ISBN: 9782351500651

20,00 €

Présentation de l'éditeur:

Romain Gary fait figure de marginal dans la littérature française. Cultivant le mythe de l’affranchi et du saltimbanque, sans frères de plume, sans compagnons de route, il est pourtant resté une figure marquante de notre littérature, au-delà même de l’extraordinaire « Affaire Ajar ». Lisant Gary, on ne peut oublier qu’il est un enfant de l’exil, dont le destin originel a été déterminé par la violence de l’Histoire ; que sa vie s’est terminée par une balle dans la tête (cette balle, on l’entend siffler dans ses textes) ; qu’il a risqué sa peau dans les combats aériens de la guerre avec une rare intrépidité, par goût de l’aventure peut-être, mais aussi par éthique del’exigence : au fil des pages se profilent la mort vue de trop près, la plongée de l’avion qui aurait pu ou dû tomber et s’écraser (et cette maîtrise dans  le looping inspire ses meilleures pages). On n’oublie pas non plus que sa vie aurait pu s’achever à Auschwitz. On est assailli, le lisant, par l’image du seigneur de la guerre autant que par celle du rescapé des massacreurs.

Le tragique du siècle est là, à chaque instant. Et aussi l’énergie et le sens de la dérision nécessaire pour mettre en lambeaux la tunique de Nessus que pourrait représenter telle ou telle de ces images. On aime en Gary sa radicalité comique, ce qu’il doit à la grande tradition déracinante de l’humour juif, ses angles de tir inattendus, ses formules en coups de fouet,sa façon souveraine de manier l’ironie, son art de jouer avec postures et impostures, de se dédoubler, de se multiplier, de faire le ventriloque, d’être résolument « pour Sganarelle »… On aime son côté passe-muraille, passe-frontière des genres, des normes, des goûts. Il est vrai aussi que certains de ses livres paraissent lourds, peinant à maintenir une ligne d’envol.

En même temps, l’époque ne se trompe pas en en faisant une des figures littéraires majeures d’hier — et d’aujourd’hui ? Un jugement bien balancé sur Gary risque fort de passer à côté de l’écrivain qu’il fut. Et il y a de l’impudence à venir chipoter ou ergoter sur l’œuvre de quelqu’un qui a pris de tels risques : les risques vitaux, mais aussi celui de ne pas se conformer aux réquisits littéraires de son temps, de se placer hors-jeu.

 

Maxime Decout, Julien Roumette, Roger Grenier, Yves Agid, Paul Pavlowitch,Jean-Marie Catonné, Kerwin Spire, Ruth Diver, Hélène Baty-Delalande, Anny Dayan Rosenman, Nicolas Gelas, Firyel Abdeljaouad, Yves Baudelle, Stéphane Chaudier, Claude Burgelin, Jean-François Hangouët, Benoît Desmarais, Geneviève Roland, Carine Perreur, Lou Mourlan,Hervé Le Tellier, Enrique Vila-Matas, Nancy Huston.

 

 

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