Revue
Nouvelle parution
Europe 1041-1042, janvier-février 2016:

Europe 1041-1042, janvier-février 2016: "Témoigner en littérature"

Publié le par Emilien Sermier

Europe 1041-1042, janvier 2016:

"Témoigner en littérature"

ISBN: 9782351500774

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Compte rendu publié dans Acta fabula (Mai 2017, vol. 18, n°5) : "Le témoignage, contre la démémoration & l'oubli" par Frédéric Torterat

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Lire l'introduction : "Ce que le témoignage fait à la littérature…"

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Présentation de l'éditeur:

Longtemps, on n’a pas « témoigné » en littérature.Le fait qui consiste, pour les survivants d’un crime de masse, à rédiger et à publier le récit circonstancié des violences dont ils ont été les témoins pour les porter à la connaissance de tous est une pratique sociale récente, qui s’est inaugurée comme telle au début du XXe siècle, dans le sillage de la Première Guerre mondiale et du génocide des Arméniens. Dans ce moment advient en effet un nouvel intolérable : la négation du crime — sous toutes ses formes. Cédant à « la violence d’une impulsion immédiate, aussi impérieuse que  les autres besoins élémentaires », comme l’écrit Primo Levi, certains entreprennent alors, parfois au péril de leur vie, de décrire ce qu’ils ont subi pour l’attester. Là réside la spécificité du genre : fondé sur le modèle judiciaire, le témoignage littéraire est une déposition devant l’Histoire reposant sur le serment que fait le témoin de dire « la vérité, toute la vérité, rien que  la vérité ». À la fois œuvre littéraire et document doté d’une valeur probatoire, le témoignage consacre une ruptureradicale avec la doctrine de l’autonomie de l’art héritée du romantisme ; il invite ainsi à un réexamen critique de certains crédos contemporains relatifs à l’absolue liberté d’inventionde l’artiste, à la déliaison de l’éthique et de l’esthétique, ou encore à la réduction de la littérature à la fiction. L’avènement du témoignage a produit un schisme littéraire dont on n’a peut-être pas encore pris toute la mesure.De la Grande Guerre au génocide des Tutsi du Rwanda en passant par le génocide des Arméniens, les camps de la Kolyma,l’univers concentrationnaire nazi, l’extermination des Juifs d’Europe, le bombardement atomique d’Hiroshima, l’exil rural forcé dans la Chine populaire des années 1968-1980, le génocide cambodgien et la « décennie noire » qui ensanglanta l’Algérie des années 1990, ce numéro d’Europe invite à une nécessaire réflexion sur l’acte de témoigner en littérature. Puisse-t-il contribuer à marquer un tournant dans l’histoire de la réception d’un genre qui demeure encore trop souvent relégué dans une position marginale, alors même qu’il a donné, selon les mots de Georges Perec, « l’exemple le plus parfait de ce que peut être la littérature ».

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Sommaire…

Frédérik Detue, Charlotte Lacoste, Guy Hallé, Krikor Beledian,

Chavarche Missakian, Jean-Baptiste Para, Elena Vladimirova,

Assia Kovriguina, Primo Levi, Marie Hartmann, François Rastier,

Maya Morioka Todeschini, Ôta Yôko, Lili Du, Rithy Panh,

Tristan Leperlier, Barbara Métais-Chastanier, Marcel Cohen,

Philippe Beck.

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On peut lire sur le site enattendantnadeau.fr un article sur cet ouvrage :

"Le témoignage, une troisième époque", par T. Samoyault.