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Edouard Glissant, pour une poétique de la Relation : limites, épreuves, dépassement

Edouard Glissant, pour une poétique de la Relation : limites, épreuves, dépassement

Publié le par Marielle Macé (Source : Loïc Céry)

Colloque international – Carthage, Académie tunisienne des Lettres, des Sciences

et des Arts,  26-28 avril 2005

 

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Edouard Glissant, pour une poétique de la

Relation : limites, épreuves, dépassement

 

Comité d'organisation : Samia Charfi – Sonia Fitouri – Loïc Céry

 

PROGRAMME DÉTAILLÉ : http://www.sjperse.org/colloqueglissant2005.htm

 

Qu'on l'associe à une figure tutélaire ou au maëlstrom actif d'une pensée vivante et toujours en mutation, le nom de Glissant est depuis plusieurs années régulièrement célébré dans le monde, et son oeuvre de mieux en mieux connue. Le salon de Drouant connaissait déjà cet enthousiasme, et à vrai dire l'effervescence coutumière qui saisit chaque année le Paris littéraire au début du mois de novembre, quand le Prix Renaudot fut décerné en 1958 à Edouard Glissant, jeune poète qui publiait là son premier roman, La Lézarde. Qui se souvient encore que cette année-là, c'est Francis Walder qui décrocha alors le Goncourt, pour Saint-Germain ou la négociation ? Le jury du Renaudot avait en tout cas eu là une intuition sûre en couronnant au début de son itinéraire celui qui devait s'imposer dans les années suivantes comme l'un des écrivains les plus essentiels, l'un des poètes les plus marquants, le contemporain capital en somme de ce que les typologies usées s'obstinent à nommer la « francophonie littéraire ». Et l'intéressé, il est vrai, par l'ampleur même de son oeuvre et de sa pensée, dépasse, déjoue, transcende de loin toutes les classifications traditionnelles, pour mieux habiter la « république mondiale des lettres » si bien décrite en son temps par Pascale Casanova – car Glissant appartient bien à cette catégorie rare des écrivains mondialement célébrés, et dont la parole occupe depuis maintenant une cinquantaine d'années une place unique, dans les esprits et dans les consciences créatrices. C'est en partie cette audience internationale de son oeuvre qui le place dans le club fermé des « nobélisables » : à l'instar de celui de 1958, le jury de Stockholm pourrait bien se tourner vers le penseur du tout-monde.

Les 26, 27 et 28 avril prochains, l'Académie tunisienne des Lettres, des Sciences et des Arts Beït al-Hikma accueillera un colloque international organisé par l'Université de Tunis, sous le titre « Edouard Glissant, pour une poétique de la relation : limites, épreuves, dépassement ». Autour de Glissant, qui nous fera l'honneur de sa présence, le colloque réunira les meilleurs spécialistes de l'oeuvre, mais aussi plusieurs écrivains de renom, tels que Patrick Chamoiseau, Salah Stétié, Alain Borer, Pierre Oster, Abdelwahab Meddeb. Au-delà du propos universitaire, le colloque de Carthage sera aussi l'occasion d'une rencontre humaine, un pont culturel et spirituel de ferveur dressé entre le Maghreb et les Antilles, reconnaissant là une communauté historique, issue d'expériences connexes et pourtant dissemblables de la colonisation.

Glissant vient tout juste de publier aux éditions Gallimard le cinquième volume de sa poétique, La Cohée du Lamentin – et c'est dire si cette oeuvre est bien loin de nous avoir livré la clé d'un corpus fermé : l'oeuvre vivante et toujours en cours d'un jeune poète de 76 ans, qui partage son temps entre Paris et sa chaire de Littérature à l'Université de New York, sans oublier le palpitant pays natal, cette Martinique qui l'habite comme paysage primal, lieu essentiel. Et ce n'est que justice si, de son vivant, en déjouant les hommages compassés et officiels qui peuvent aussi menacer la vie d'une oeuvre, un auteur qui a tant porté un lieu, pays rêvé ou pays réel, en soit considéré comme l'un des plus dignes représentants à l'étranger. Il est le porteur d'une parole dont sont avides les consciences de toutes les rives, une parole qui est attendue aujourd'hui en Méditerranée avec une rare intensité. Comme le Renaudot de 1958, c'est donc un jeune poète que fêtera la Tunisie en avril prochain, un poète qui chanta Carthage dans Le sel noir :

« Lève-toi. Garde-toi. Ville, déjà tu flambes. Vois.

Les chiens, les hommes, les beautés, ton coeur si tôt péri. »

Par-delà même les incendies de l'Histoire, Carthage se lèvera pour faire honneur à Edouard Glissant : rendez-vous à l'Académie tunisienne Beït al-Hikma, du 26 au 28 avril.