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Appels à contributions
Ecrire la ville au cinéma (Paris)

Ecrire la ville au cinéma (Paris)

Publié le par Sabrina Roh (Source : Mélanie Forret)

ECRIRE LA VILLE AU CINEMA

COLLOQUE proposé par l’axe MASECI (PARIS 8 – Saint-Denis)

Organisé par Nicolas Droin et Mélanie Forret

APPEL A COMMUNICATIONS

Faisant suite à la journée d’étude « Ecrire la ville » consacrée au cinéma français contemporain (organisée au sein de l’université Paris 8, le 20 mai 2015) le colloque « Ecrire la ville au cinéma » aura pour objectif d’ouvrir et d’approfondir le rapport ville/écriture au regard de l’Histoire du cinéma comme du cinéma contemporain mondial.

Reposer la question de la représentation de la ville au cinéma au travers du prisme de l’écriture c’est poser ensemble deux mouvements qui peuvent sembler contradictoire, mais que Marguerite Duras avait posé comme étant le socle de son cinéma : comment une écriture-flux ou écriture-parole rencontre et s’enlace avec une écriture-lieux, visuelle. Comment l’entre tissage des mots et des lieux transforme continuellement ceux-ci, sans que l’on ne sache plus qui est premier et qui déforme l’autre. Déjà le cinéma de Duras s’était intéressé aux ruines, lieux abandonnés, comme aux traces éphémères sur les murs, jusqu’aux « mains négatives ».

C’est ainsi qu’il nous semble nécessaire aujourd’hui d’étudier les origines historiques et formelles multiples ainsi que les variations contemporaines, à l’échelle du cinéma mondial, de ces rapports entre écriture et image, entre les mots et les lieux, et plus précisément dans la rencontre d’une écriture-trace et de la ville-mouvement.

Dans le cadre de ce colloque, nous proposons de penser une écriture en mouvement, une écriture saisie dans le mouvement même de son effectuation, au risque de la biffure, de la trace, du jet, ainsi que le poète Henri Michaux, évoqué en ouverture de la journée d’étude, nous y invite. Soit une image de la pensée que le cinéma est capable de saisir, par la voix off vis-à-vis de la représentation urbaine, comme par l’enregistrement de tags, graffs et autres « empreintes » éphémères de la ville métamorphique.

Il nous semble dès lors impossible de dissocier l’écriture-voix proposée par de nombreux cinéastes dans la constitution d’une représentation de la ville et l’écriture-trace des écritures urbaines enregistrée par le cinéma (et la photographie) depuis ses origines jusqu’à aujourd’hui.

Dans les deux cas l’identité, le localisation, la temporalité sont remis en question, déplacés, dépaysés. Par la voix comme par les inscriptions sur les murs, les cinéastes interrogent le présent comme un palimpseste de vies dans la fragilité qu’évoque le geste ou l’élan : apparaissant pour ensuite disparaitre, laissant trace mais pouvant être effacé, remplacé, mouvement entre l’espace et le temps, entre le solide et le fluide, que détourait si bien Baudelaire dans son poème dédié « à une passante ».

De ce constat nous aimerions, dans le cadre de ce colloque, développer une réflexion à l’image de son objet d’étude, c’est-à-dire une réflexion qui englobe l’histoire du cinéma et la questionne au regard du cinéma contemporain : soit une réflexion palimpseste, fondée sur la pratique du montage ou du collage, sur des allers et retours permanents entre passé, présent et même futur (puisque ce cinéma n’est pas exempt d’anticipations). Il s’agira de penser dans chaque intervention, le cinéma contemporain au regard du passé qui « continue de se développer » dans le présent, selon la belle idée de la cinéaste Vivianne Perelmuter.

Une pensée du mouvement, du montage et du télescopage des temps et des lieux – sous l’égide de Bergson, de Deleuze ou de Georges Didi-Huberman - nous semble la plus à même de saisir les entrelacements de l’écriture et de la représentation de la ville au cinéma. Nous serions alors peut-être à même de « sentir » quelque chose de ce « Vertige  des possibles » qu’évoque le film éponyme de Vivianne Perelmuter au regard de la ville.

L’objectif du colloque est de faire discuter, dialoguer, artistes et chercheurs. Le colloque devra être l’occasion de faire venir des cinéastes (tels que Héléna Klotz, José Luis Guérin), ainsi que des artistes de street art, des écrivains, philosophes.

 

Plusieurs pistes de réflexion pour le colloque :

- Le rapport du texte littéraire, du monologue, avec la ville, ses lieux, traces, motifs propres et le rapport de l’écriture à la déambulation urbaine (marche, mouvements).

- L’association du monologue avec un montage fonctionnant par motifs, séries, mouvements, impliquant une écriture en train de se faire plus qu’une écriture déjà faite : l’écriture est à penser dans son mouvement constitutif, au moment « où ça s’écrit », comme si le film s’écrivait au fur et à mesure sous le regard des spectateurs.

- Au regard de l’histoire du cinéma, une écriture entre monologue et lieux urbains nous permettra d’interroger en retour la démarche de Marguerite Duras, de Bernard Queysanne et Georges Perec (Un Homme qui dort - 1974), de Guy Gilles… 

- Réinterroger sous le prisme de l’écriture les portraits cinématographiques des grandes villes, des années 20, dans le cinéma d’avant-garde (Berlin, Symphonie d’une grande ville (1927), Walter Ruttmann, Nuits électriques (1928), Eugène Deslaw), au cinéma moderne (Antonioni, Rossellini…), jusqu’au cinéma contemporain.

- En écho à la création artistique moderne et contemporaine, des interventions pourront s’intéresser à la recherche d’écrivains comme Annie Ernaux qui enregistre les traces du présent et ses disparitions dans la ville (Journal du dehors - 1993, La Vie extérieure -  2000), ou d’artistes contemporains comme Cyprien Gaillard qui interroge les ruines contemporaines des villes et banlieues.

- Dans le rapport aux écritures urbaines (tags, inscriptions sur les murs, affiches, néons…) et aux lieux urbains, l’interrogation portera sur la réminiscence (d’un lieu à l’autre, d’un temps à l’autre, d’une ville à l’autre), la ruine et la construction, sur les transformations de la ville, et sur le temps inscrit sur les murs, dans les lieux, impliquant une réflexion sur une « archéologie possible du temps présent ».

 

Le colloque « Ecrire la ville au cinéma » se déroulera au sein l’université Paris 8 Saint-Denis sur 2 jours, le 6 et 7 mai 2016. Ce colloque interdisciplinaire interrogera le cinéma, la littérature, les arts plastiques, l’architecture, au regard de la question de la représentation de la ville.

Comité scientifique : Serge Le Péron, Laurence Schifano, Dominique Willoughby, Eugénie Zvonkine, Emmanuel Dreux, Grégoire Quenault, Nicolas Droin,  Mélanie Forret.

Modalités de soumission :

Les contributions se feront sous la forme d’interventions orales de trente minutes.

Les propositions de communications nous parviendront sous la forme suivante : un texte d’environ 300 mots (espaces compris), accompagné d’une courte biobibliographie de l’auteur avant le 15 décembre 2015.

Organisation et contact : Nicolas Droin (nicodroin@yahoo.fr), laboratoire ESTCA, axe MASECI (Modalités artistiques et stratégies économiques du cinéma indépendant) Maître de conférence en études cinématographique de l’Université Paris 8 Saint-Denis et réalisateur ; Mélanie Forret (melanieforret@yahoo.fr) laboratoire ESTCA, axe MASECI, doctorante en études cinématographiques, chargée de cours, réalisatrice.