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La Frontière (Revue Adhoc n° 5)

La Frontière (Revue Adhoc n° 5)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Adhoc Association des doctorants du Cellam)

Double appel à communication – La Frontière

Revue Adhoc n° 5 & Journée d’étude, 9 juin 2016

 

La renaissance des barbelés aux abords de certains pays européens rappelle bien que la frontière oscille entre les deux pôles de l’ouverture et de la fermeture, à la croisée de deux interprétations contraires : la porte ou le mur.

Pour aborder un terme aux implications politiques lourdes, tant dans la recherche scientifique que dans l’actualité médiatique, ce cinquième numéro de la revue Adhoc voudrait proposer le détour par la littérature et les arts. On s’intéressera donc à la notion de frontière dans ses représentations littéraires et dans les enjeux poétiques qu’elles incarnent. En effet, que ce soit en littérature, en musique, au cinéma ou au théâtre, cette « figure fertile » (Laurent Grison) irrigue la création en modifiant parfois le paysage des écritures et des scènes contemporaines. L’engagement politique, l’urgence avec laquelle est souvent traitée la question de la frontière dans l’art reflète l’imbrication persistante entre poétique et politique. Si la frontière nourrit des esthétiques, on peut aussi se demander dans quelle mesure ces nouvelles formes artistiques peuvent modifier en retour nos représentations de la frontière.

Cristallisant le rapport à l’altérité, elle est avant tout une notion géographique et géopolitique, qui dans son acception linéaire, détermine au départ les contours d’un territoire sur lequel s’exerce un pouvoir national. En voici la définition traditionnelle : « Limite du territoire d’un État et de sa compétence territoriale » (Roger Brunet, Robert Féras et Hervé Théry, Les Mots de la géographie : dictionnaire critique, 1992). Elle s’inscrit alors dans un processus de territorialisation : toute construction et mise en place d’un territoire induit nécessairement la constitution de frontières qui en sont le terme, au double sens de fin et de dénomination. Rappelons en effet que la frontière renvoie à une activité humaine fondamentale, celle du bornage, de la délimitation d’un espace propre.

Cependant, dans le contexte d’une mondialisation de plus en plus évidente, alors que se multiplient les flux transfrontaliers et qu’émergent des aires d’organisations supranationales, cette définition première de la frontière semble insatisfaisante, puisque ne reflétant pas la complexité et l’entrelacement des espaces de la modernité. Sont alors préférées les notions d’interface, de réseau dans lesquelles la ligne disparaît au profit de la zone plus large et plus diffuse. Cette acception contemporaine semble presque renouer avec une représentation plus ancienne : un des deux termes anglais s’appliquant à la frontière, border, désigne d’ailleurs historiquement les « marches » médiévales. Le terme français lui-même est ambigu, car il comprend les concepts de linéarité et de zonalité. La frontière qualifie jusqu’à la ligne de front, dynamique et non statique : the Frontier, dans la mythologie étatsunienne, matérialise l’avancée pionnière de la civilisation sur la sauvagerie.

Dans les années 90, s’appuyant sur le multiculturalisme et le postcolonialisme, les Border Studies tendent vers une posture très critique vis-à-vis de l’idée même de frontière, dans une perspective ouverte sur l’altérité. C’est oublier sans doute que la frontière elle-même, par la séparation, rend possible cette notion d’altérité, en supposant une traversée, un au-delà. Ainsi, la frontière, qui ne doit pas être confondue avec le mur, permet le passage et même la transgression. En retour, la possibilité même de transgresser atteste bien de l’existence d’une frontière, d’une ligne à franchir.

Nous attendons des propositions qui recoupent les problématiques suivantes dans le champ de la littérature, de la musicologie, des arts-plastiques, des études théâtrales et cinématographiques. Cette liste n’est pas exhaustive :

 

-      Identité/Altérité.

-      Transgression/Arbitraire de la ligne

-      Proximité/Eloignement

-      La frontière comme figure : symbole, expression, métaphore, allégorie.

-      Figures frontalières (transgresseurs, garants, passeurs).

 

Ce numéro 5 de la revue s’accompagnera d’une journée d’étude sur le même thème prévue le 09 juin 2016.

Plusieurs options sont possibles : faire une proposition pour la journée d’étude et la revue, une proposition uniquement pour la revue ou uniquement pour la journée d’étude. Dans tous les cas, les propositions (max. 1 page) doivent être envoyées au plus tard le 15 février 2016, accompagnées d’une notice biobibliographique et du laboratoire d’affiliation, à l’adresse asso.adhoc@gmail.com. En vue de la publication dans la revue, nous attendons la version définitive de l’article (30 000 signes espaces non compris) pour le 16 mai 2016 au plus tard.

Veuillez préciser si votre proposition concerne la revue et/ou la journée d’étude du 9 juin 2016.

Nous signalons enfin que le numéro 4 de Adhoc, consacré à « La Figure », est en cours de publication.

 

 

Quelques éléments de bibliographie

 

  • Anne-Laure Amilhat-Szary, Qu’est-ce qu’une frontière aujourd’hui ?
  • Gloria Anzaldua, Borderlands/La Frontera.  
  • Marc Augé, Non-lieux, Introduction à une anthropologie de la surmodernité.  
  • Michel de Certeau, Pratiques d’Espaces, Arts de Faire.
  • Régis Debray Eloge des Frontières.
  • Deleuze et Guattari, Mille Plateaux.
  • Michel Foucher, L’invention des frontières.
  • Laurent Grison, Figures fertiles.
  • Bertrand Westphal, Géocritique, mode d'emploi.

 

  • Responsable :
    Revue Adhoc
  • Adresse :
    Université Rennes 2