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Dossier "Pres": La Lru n'était qu'un début (màj 22/03/10)

Publié le par Bérenger Boulay

PRES, Opé Campus, autonomie : la restructuration de l'enseignement supérieur en débat - Camille Stromboni, Educpros, 19 mars 2010

PRES, plan Campus, loi LRU, grand emprunt… Comment insuffler une cohérence à l'enseignement supérieur français en pleine évolution ? La question fait réagir les acteurs du secteur. Directeur général de l'ENS de Lyon, Olivier Faron ouvre la réflexion sur son blog dans un billet intitulé Autonomie versus alliance(s).

Président de l'UPMC (université Paris 6), Jean-Charles Pomerol estime dans son édito que trois logiques à l'oeuvre sont incompatibles : celle des PRES (pôles de recherche et d'enseignement supérieur), celle de la loi LRU et enfin la logique territoriale (Opé Campus). La CPU (Conférence des présidents d'université) s'intéresse également aux différentes logiques qui se superposent.

"L'actualité du grand emprunt conjuguée à la sortie d'un rapport sur les PRES, succédant lui-même à ce qu'on appelle le rapport Aghion, ont suscité la mise en débat, en CPU plénière, de deux textes consacrés l'un au grand emprunt et l'autre aux principes de la gouvernance", écrit-elle dans sa newsletter.

Le rapport sur les PRES en question, rendu par l'IGAENR (Inspection générale de l'administration de l'éducation nationale et de la recherche) et intitulé « Développement des PRES et reconfiguration des sites universitaires », fait réagir Pierre Dubois.

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Documents joints

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Sur le site de Poolp, samedi 20 mars 2010:

La loi LRU, ce n'était qu'un début...

... dans l'entreprise de démantèlement de l'université.

En effet, le dernier rapport de l'IGAENR à la ministre de l'ESR (n° 2010-014, mars 2010), intitulé "Pôles de recherche et d'enseignement supérieur (PRES) et reconfiguration des sites universitaires" [Rapport IGAENR sur PRES mars 2010] va au-delà de ce que l'on pouvait imaginer en 2006.
Ce rapport est édifiant en ce qu'il ne se préoccupe jamais de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique qui se font, mais exclusivement de la façon dont ils sont «gouvernés» pour obtenir des «performances» selon des «normes de qualité» visant «l'excellence» et fixées «à l'international». Par exemple:
"[…] « mieux gouverner, expérimenter de nouveaux modèles de gouvernance qui favorisent la définition de stratégies consistantes, accroissent la réactivité dans un contexte concurrentiel exigeant des circuits de décisions plus efficaces et plus courts, construisent un nouvel équilibre entre les attentes des partenaires externes et la participation des acteurs internes et parviennent à créer des modèles "à la française" adaptés à la nouvelle mondialisation des espaces de l'enseignement supérieur et de la recherche".[p.87]
On est frappé par la façon dont ce jargon fonctionne en boucle -mieux gouverner pour mieux concurrencer pour mieux gouverner...-, mais aussi par l'insistance sur la nécessité d'obtenir un "consensus", qui, elle, peut prêter à ricanement...
Gouvernance
- « Chaque "PRES 2", comme chaque campus d'excellence, devrait disposer d'un COS [comité d'orientation stratégique]  très largement, voire intégralement, ouvert sur l'extérieur et composé de telle sorte qu'il contribue fortement à définir des lignes prospectives de développement dans les domaines de la recherche, de la formation et du partenariat avec le monde économique et social. Les collectivités territoriales devraient, bien entendu, être pleinement parties prenantes du comité. » [p.92]
- « S'agissant de la gouvernance centrale, on voit bien qu'il convient de combiner un conseil d'administration resserré et largement ouvert aux personnalités extérieures, un comité d'orientation stratégique, une Assemblée académique, une instance de dialogue avec la communauté étudiante et un CTP.»  [p.96]
Les pouvoirs PRESsentis
Un PRES devra être en capacité de « négociation et de contractualisation au nom de l'ensemble des membres » et « pouvoir être investi de tous les types de compétences exercées aujourd'hui par les établissements (...) rien ne lui est par principe interdit. Un PRES doit pouvoir : inscrire des étudiants, délivrer des formations et des diplômes, organiser et porter des écoles doctorales, gérer et se voir rattacher des unités de recherche, etc.» [p.72]. En plus de pouvoir créer des fondations partenariales, un PRES devrait avoir -suggestion de l'IGAENR- « la capacité à intervenir dans le domaine de la gestion des ressources humaines et bénéficier des responsabilités et compétences élargies : ouvertures de recrutements, organisation de comités de sélection communs aux membres, affectation d'emplois et gestion de la masse salariale...» [p.82]
Méthode, vocabulaire et  cynisme
« Ainsi les règles à mettre en place prévoient que la liste des compétences déléguées au PRES doit pouvoir évoluer sur simples délibérations concordantes des établissements membres sans nécessiter de de modification de décret ; elles stipulent aussi que l'adhésion à un PRES est quasi-définitive, que ce qui est délégué doit rester délégué sans possibilité de retour en arrière ou pour le moins, en rendant très difficile un tel retour...» [p.75]. C'est ce qu'ils appellent un "cliquet anti-retour" (sic).
Pour « conduire -enfin- à la restructuration des sites (...), il conviendra de  « veiller à la qualité "démocratique" du fonctionnement du groupement, d'une part pour éviter toute frustration chez les membres "non dominants" mais aussi, dans le domaine de l'enseignement supérieur, pour emporter l'adhésion maximale des  personnels comme celle des étudiants.» [p. 66-67, les "" sont dans le texte de l'IGAENR !]. 
Pour ce "grand saut dans l'inconnu" [dixit p.97], "sens du dialogue, accompagnement et expérimentation"... de manière à faire glisser la pilule.
Un des schémas prônés par l'IGAENR est l'organisation des PRES en "grand établissement" mais... « la promotion de cette forme d'organisation est de nature à susciter des réactions tant de la part des partenaires sociaux que des étudiants dans la mesure où (...) la formule du grand établissement est associée à la sélection des étudiants et à la libre fixation des droits d'inscription. Ces débats doivent être anticipés et les dispositions utiles, permettant d'offrir des garanties, être préparés pour éviter que ne soit tuée dans l'oeuf une idée qui peut être féconde.» [p.100]
Autonomie et démocratie
Pour reboucler sur la gouvernance, p.71, « Dans un site choisi pour porter un campus d'excellence, les décisions d'un conseil d'administration qui touchent à la stratégie du pôle doivent pouvoir être prises sur avis conforme du conseil d'orientation stratégique (...)» 

La LRU, ce n'était qu'un début, continuons le combat !

Annexes