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De la Mémoire orale au patrimoine écrit. Il était une fois le conte

De la Mémoire orale au patrimoine écrit. Il était une fois le conte

Publié le par Florian Pennanech (Source : Sonia Mhiri)

De la Mémoire orale au patrimoine écrit,

Il était une fois le conte

 

 

Colloque international

Département de Français

Faculté des Sciences Humaines et Sociales de Tunis

Université de Tunis

 

25 - 26 et 27 Avril 2013

 

 

       S’il est un genre immémorial, peut-être l’ancêtre de tous les genres, à la fois archaïque et sans âge, fusionnant en ses diverses variétés poésie, récit, théâtre du monde et de l’existence, c’est bien le conte. Rattachée à la tradition orale, cette création cristallise les grands mythes des sociétés humaines, dessine figures fantastiques et personnages emblématiques, proposant un viatique pour la connaissance de l’intime configuration des cultures. Dans la bouche du Conteur, qui rassemble en Afrique et dans les Amériques noires l’auditoire pour la transmission de ce précieux legs mémoriel, le conte est décliné selon les modes d’une appropriation, le Conteur multipliant les versions, jouant des figures de l’excès, inventant les formules de l’euphémisme, de la périphrase, de l’hyperbole, jusqu’aux limites de l’énigme. Paré de sa grammaire singulière, à l’intersection du monde ordinaire et du merveilleux, le conte n’est ni vérité ni fiction, mais peut-être une fiction en quête de sa propre vérité, en perpétuelle réinvention d’elle-même.

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       Dans la culture écrite, le conte devient partition que l’écrivain interprète à sa manière – deuxième appropriation. La fonction de transmission de la mémoire sociale évolue ainsi vers une confrontation avec le monde moderne, comme pour les Contes fantastiques d’Hoffmann. Charriant messages et symboles à déchiffrer, comme dans les contes de fées, lieu d’une mise en scène de l’extraordinaire complexité de l’être, théâtre des puissants rapports de force mettant aux prises les divers membres de la famille ou de la communauté avec l’interdit social ou moral, le conte appartient en partage au patrimoine immatériel au même titre qu’il pénètre de plain-pied la sphère littéraire, retrouvant son lien profond avec la fable ou la parabole, comme dans l’éloquence du conte philosophique.

       Sans doute, le conte fait-il partie du patrimoine de toutes les sociétés, depuis celles des peuples dits primitifs, jusqu’aux grandes sagas nordiques, ce qui lui confère une dimension universelle et transculturelle. Mais il peut, sous l’impulsion justement de cette interculturalité, connaître différentes réécritures qui en font un savoir vivace en perpétuelle mutation et non un genre éteint qui aurait tendance à se scléroser. S’il véhicule une identité culturelle inhérente à la société dans laquelle il s’enracine, il n’en compose pas moins l’anatomie d’un corps imaginaire collectif qui se construit de génération en génération. Cette flexibilité, cette aptitude à se ressourcer à partir d’une continuelle recomposition explique que dans un même pays, d’une région à l’autre, le conte nous dote de visions parfois très différentes d’une même réalité.

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       Patrimoine culturel, le conte constitue également un patrimoine linguistique dont l’enjeu est majeur. Ses formules spécifiques permettent en effet de retrouver d’anciennes structures syntaxiques qui ont disparu dans l’usage quotidien mais dont l’étrangeté familière perdure, comme une mémoire sonore antique, riche d’intonations et de formulations typiques, pleine d’un vocabulaire désuet. Dans cette perspective, le conte n’est rien moins qu’une vaste bibliothèque historique.

       Par ailleurs, la science, et en particulier la psychanalyse – pensons à Bruno Bettelheim – reconnaît au conte des vertus thérapeutiques. Susceptible de répondre aux angoisses enfantines, il peut ouvrir des possibilités de dépassement de soi en donnant de la vie une vision que les aléas de la civilisation moderne n’ont pas encore réussi à effacer. Le conte est en rapport avec la connaissance de soi et la découverte d'anciens schémas archétypaux. L'étude de ses motifs et de ses intrigues éclaire souvent sur la vie instinctuelle d'un groupe et en révèle l’inconscient collectif. Il est évident que le conte constitue une source d’informations précieuse pour les anthropologues qui y retrouvent des codes sociaux et culturels dont on décèle encore les traces dans les sociétés modernes.                                                                   

       Adapté au cinéma (Les contes de Canterbury ou le Florilège des Mille et une nuits de Pasolini, les Contes de la folie ordinaire de Ferreri, Blanche-Neige et le chasseur de Rupert Sanders où certains motifs du conte de Grimm sont détournés, Ehki ya Shahrazad de Yousri Nasrallah), et à la scène (Cendrillon), le conte est même exploité dans le domaine de la publicité, d’où l’intérêt d’explorer une rhétorique du conte dans les adaptations les plus originales.  

 

Pistes et axes de réflexions :

Tous les contes, du Moyen-âge au XXIe siècle :

- Les contes tunisiens, berbères et juifs

- Les contes africains, antillais, américains

- Conteurs et conteuses

- Le conte merveilleux

- Le conte fantastique

- Le conte philosophique

- Le conte érotique

- Le rôle du conte dans la préservation de la mémoire

- Le conte et l’interdit

- L’érotisme des contes

- Le conte comme ciment social

- Le conte comme patrimoine oral immatériel

- Le conte comme thérapie

- Les transpositions littéraires (de l’oralité à l’écriture)

- L’influence du conte dans les écrits modernes ou la modernisation du conte traditionnel. Les adaptations et les réutilisations du conte, l’importance de l’illustration.

- Le conte au carrefour des civilisations, étude comparative : les différentes versions d’un même conte d’un continent à l’autre, variations sur un même sujet. Dialogues interculturels ou transculturels.

- Le conte en tant que genre est-il en voie d’extinction ? Appartient-il à la littérature de jeunesse ?

 

Comité scientifique

  • Samia Kassab-Charfi (Université de Tunis)
  • Amel Fakhfakh (Université de Tunis)    
  • Najet Tnani (Université de Tunis)
  • Sonia Mhiri (Université de Tunis)

 

       Les propositions de contributions (titre, nom et prénom, institution d’affiliation, résumé en 10 lignes) devront parvenir avant le 31 décembre 2012 aux adresses suivantes :

Amel Fakhfakh: amelfakhfakh@yahoo.fr

Sonia Mhiri: sonia_mhiri@yahoo.fr

Samia Kassab-Charfi: samiakassab@yahoo.fr

Najet Tnani: najetlimam@yahoo.fr

Hédia Khadhar : hkhadhar@yahoo.fr

      

       Le comité scientifique répondra avant le 15 janvier 2013.