Essai
Nouvelle parution
D. Rabaté, Le Roman et le sens de la vie

D. Rabaté, Le Roman et le sens de la vie

Publié le par Marielle Macé

Compte rendu publié dans le dossier critique d'Acta fabula "Situations du roman" (janvier 2011, Vol. 12, n°1) : "Maintenir une question" par Laurent Zimmermann.

Dominique Rabaté, Le Roman et le sens de la vie
Paris: Éditions José Corti, coll. "Les Essais", 2010,128 p.

  • Isbn 13 (ean): 978- 2-7143-1019-4
  • 19€

Présentation de l'éditeur:

Dans Voyage au Phare, Virginia Woolf parle de « la vieille question qui continuellement traverse le ciel de la pensée, la vaste question générale », qui accapare soudain Lili Briscoe. Cette question n'est rien moins que celle-ci : « Quel est le sens de la vie ? ». Et c'est au même personnage qu'on doit la remarque qu'il s'agit d'un « simple slogan, glané dans quelque livre, qui ne s'ajustait que vaguement à sa pensée ».

« Le sens de la vie » : l'expression porte à sourire, tant elle semble usée et formulaire. On s'étonnera donc que j'aie inscrit dans le titre de ce livre pareil « slogan », sans prendre la précaution de le mettre en italique ou de l'inclure dans une question – ce que Lili Briscoe fait avec plus de prudence. Si je n'ai pas choisi d'afficher une telle ironie, ce n'est pas parce que j'ai l'intention de donner une réponse (même complexe) à semblable question. Je montrerai plutôt que la question doit demeurer, comme une inquiétude, comme un partage. Ce que je veux souligner, avec sérieux, c'est l'articulation que le roman moderne opère quant à ce questionnement dont il fait sa matière mystérieuse.

Ma thèse, si je la simplifie, est que le roman est l'un des lieux privilégiés où ce questionnement se réfléchit avec le plus d'ampleur, le plus de finesse, où se relance « la vieille question » mais selon des inflexions singulières, des réponses partielles, des apories indécidables. Je prolonge une intuition capitale de Walter Benjamin qui voit dans le roman moderne la recherche passionnée du sens de la vie pour des consciences séparées et solitaires. C'est une intuition que je discute dans cet essai. Selon trois temps : d'abord une méditation théorique sur l'idée de « vie à soi » et les pouvoirs de la fiction, méditation qui appelle deux lectures d'oeuvres célèbres : La Mort d'Ivan Illitch de Tolstoï et Voyage au Phare de Woolf. Car c'est en nouant le plus personnel avec l'impersonnel que le romancier sait nous donner à penser la vie comme l'impossible totalité qui est la nôtre et qui ne cesse de nous échapper.

Sommaire:

UNE VIE A SOI ?

  • De la question
  • Walter Benjamin et le roman
  • Prédication du quelconque
  • Privilèges du roman ?

LA LECON DE LA MORT

  • Du général au particulier
  • Une vie donnée en exemple ?
  • La conversion
  • A soi ?

L'IRREMEDIABLE ET L'INOUBLIABLE

  • " Combien de temps croyez-vous que cela durera ? "
  • L'architecture du temps
  • Question et intrigue
  • Instant, durée, éternité
  • Endurer

Du même auteur, aux éditions Corti :
Vers une littérature de l'épuisement, 1991 (réédition en 2004) ;
Louis-René des Forêts, 1992 (réédition en 2002) ;
Poétiques de la voix, 1999 ;
Le Chaudron fêlé. Ecarts de la littérature, 2006.

Chez d'autres éditeurs :
Le Roman français depuis 1900, Que sais-je ?, n° 46, PUF, 1998 ;
Pascal Quignard, Étude de l'oeuvre, Bordas “Écrivains au présent”, 2008 ;
Marie NDiaye, livre-CD, Cultures France et Textuel, 2008.