Essai
Nouvelle parution
Courbet Scandale, Mythes de la rupture et modernité

Courbet Scandale, Mythes de la rupture et modernité

Publié le par Marielle Macé (Source : D. Massonnaud)

COURBET SCANDALE, Mythes de la Rupture et Modernité. D. Massonnaud.


L'Harmattan. Coll. Approches Philosophiques. 2003.
24,40 euros. 298 p.


L'étude d'un objet particulier, le tableau-événement que constitue la Baigneuse de Courbet, en 1853, fait apparaître la densité des enjeux souvent résorbés sous le terme de "scandale".
Le souci d'archive et la perspective d'analyse "au plus près" du tableau font apparaître une part du conditionnement de notre pensée critique et artistique depuis le XIXe siècle. La référence aux ruptures et aux actes de naissance relève d'un pouvoir de la catégorie qui permet aux récepteurs d'une oeuvre le repli vers une rationalité. Elle épargne la difficulté de l'engagement parfois violent, parfois intime, dans une rencontre esthétique où prime la sensation. Les critiques, le public
- et sans doute, à certaines heures, chacun d'entre nous - sont souvent avides de mythes fondateurs, de reconstructions, qui relèvent d'un esprit de système, ancré dans l'origine même de la pensée rationelle.
A partir de la Renaissance, la présence du spectateur impliquait un regard spécifique, assigné : l'oeil du spectateur, simon du Prince. Notre position critique doit cependant faire droit à la mise en cause plastique de ce système de valeurs, au milieu du XIXe siècle. Le dérangement, la perturbation, suscités par le tableau "moderne" engendrent une mise en cause sur le plan épistémologique. sorit de cette primauté du lisible sur le visible nous impose alors de perdre notre position de maîtrise. Quitte à n'y rien voir, comme on l'a reproché aux commentateurs de Courbet en 1853, il s'agit donc de prendre un risque : risquer ainsi une méthode, qu'on pourrait appeler une "métanalyse".


Dominique Massonnaud, MCF en Littérature à l'Université Grenoble III, prépare une anthologie de textes critiques d'art : LE NU AU SALON (1799-1853) à paraître aux Ellug en 2004.