Édition
Nouvelle parution
Comte, Cours de philosophie positive - Leçons 46-51

Comte, Cours de philosophie positive - Leçons 46-51

Publié le par Nicolas Geneix

Auguste Comte, Cours de philosophie positive - Leçons 46-51

Édition réalisée et commentée par Michel Bourdeau, Laurent Clauzade et Frédéric Dupin.

Paris : Hermann, "Hermann Philosophie", 2012.

480 p.

EAN 9782705681630

48,00 EUR

Présentation de l'éditeur :

Le « Cours de philosophie positive » a deux buts, énoncés dès la première leçon : d’une part, systématiser l’ensemble du savoir positif, et, d’autre part, créer une science spécifique, la sociologie.
En six volumes publiés entre 1830 et 1842, Comte répond à ce double objectif : les trois premiers traitent d’épistémologie et constituent une référence classique en philosophie des sciences ; les trois suivants entreprennent de fonder la sociologie.
Trop longtemps restées inaccessibles au lectorat contemporain, sont ici republiées les six premières leçons du « Cours de philosophie positive », consacrées à la « partie dogmatique de la philosophie sociale », autrement dit aux questions de méthode. Le positivisme comtien s’y manifeste dans toute sa force et son originalité.

Intitulé des leçons :

46e leçon - Considérations politiques préliminaires sur la nécessité et l'opportunité de la physique sociale, d'après l'analyse fondamentale de l'état social actuel.

47e leçon - Appréciation sommaire des principales tentatives philosophiques entreprises jusqu'ici pour constituer la science sociale.

48e leçon - Caractères fondamentaux de la méthode positive dans l'étude rationnelle des phénomènes sociaux.

49e leçon - Relations nécessaires de la physique sociale avec les autres branches fondamentales de la philosophie positive.

50e leçon - Considérations préliminaires sur la statique sociale, ou théorie générale de l'ordre spontané des sociétés humaines.

51e leçon - Lois fondamentales de la dynamique sociale, ou théorie générale du progrès naturel de l'humanité.

Extrait :


Dans chacune des cinq parties précédentes de ce Traité, l'exploration philosophique a constamment reposé sur un état scientifique préexistant et unanimement reconnu, dont la constitution générale, quoique toujours plus ou moins incomplète jusqu'à présent, même à l'égard des phénomènes les moins compliqués et les mieux étudiés, satisfaisait déjà cependant, au moins en principe, même pour les cas les plus récents et les plus imparfaits, aux conditions fondamentales de la positivité, de manière à n'exiger ici qu'un simple travail d'appréciation rationnelle, toujours dirigé suivant des règles incontestables, et conduisant, presque spontanément, à l'indication motivée des principaux perfectionnements ultérieurs, destinés surtout à dégager définitivement la science réelle de toute influence indirecte de l'ancienne philosophie. Il n'en peut plus être ainsi, malheureusement, dans cette sixième et dernière partie, consacrée à l'étude des phénomènes sociaux, dont les théories ne sont point encore sorties, même chez les plus éminents esprits, de l'état théologico-métaphysique, auquel tous les penseurs semblent aujourd'hui les concevoir comme devant être, par une fatale exception, indéfiniment condamnées. Sans changer de nature ni de destination, l'opération philosophique que j'ai osé entreprendre devient donc maintenant plus difficile et plus hardie, et doit présenter un nouveau caractère : au lieu de juger et d'améliorer, il s'agit désormais essentiellement de créer un ordre tout entier de conceptions scientifiques, qu'aucun philosophe antérieur n'a seulement ébauché, et dont la possibilité n'avait même jamais été nettement entrevue.
Une telle création, fût-elle plus heureusement accomplie, ne saurait, évidemment, élever tout à coup cette branche complémentaire de la philosophie naturelle, qui se rapporte aux phénomènes les plus compliqués, au niveau rationnel des diverses sciences fondamentales déjà constituées, de celles même dont le développement est le moins avancé. Que cette fondation soit d'abord poussée au point, non seulement de constater, pour tous les bons esprits, la possibilité actuelle de concevoir et de cultiver la science sociale à la manière des sciences pleinement positives, mais aussi de marquer nettement le vrai caractère philosophique de cette science définitive, et d'en établir solidement les principales bases, c'est là, sans doute, tout ce qu'il est permis de tenter de nos jours : en même temps, cela suffit essentiellement, comme j'espère le démontrer, à nos plus urgentes nécessités intellectuelles, et même aux besoins les plus impérieux de la pratique sociale, surtout actuelle. Ainsi réduite, l'opération n'en demeure pas moins trop étendue encore pour que je puisse lui accorder tout le développement convenable dans un ouvrage qui doit, avant tout, rester consacré à l'ensemble de la philosophie positive, où cette science nouvelle ne saurait figurer qu'à titre de l'un des éléments indispensables, celui de tous d'ailleurs dont l'importance mérite, à tant d'égards, de devenir aujourd'hui prépondérante. Par un Traité spécial de philosophie politique, j'exposerai ultérieurement, d'une manière directe et complète, la série de mes idées sur ce grand sujet, avec les diverses explications qu'il exige, et sans négliger les principales applications usuelles à l'état transitoire des sociétés actuelles. Ici, je dois nécessairement me restreindre aux considérations les plus générales, en me tenant toujours, aussi scrupuleusement que possible, au point de vue strictement scientifique, sans me proposer d'autre action immédiate que la résolution de notre anarchie intellectuelle, véritable source première de l'anarchie morale, et ensuite de l'anarchie politique, dont je n'aurai point ainsi à m'occuper directement.