Questions de société
« Comment sortir de la société de l'évaluation générale et permanente ?» Projet d'atelier à Paris3

« Comment sortir de la société de l'évaluation générale et permanente ?» Projet d'atelier à Paris3

Publié le par Sophie Rabau

« Commentsortir de la société de l'évaluation générale et permanente ?»

Projet d'atelier de prises de parole; partage et miseen commun d'expériences, de recherches, et de réflexions. Continuation dumouvement de lutte des universités

 Audits, notation permanente de tout et de touteset de tous, évaluation des évaluateurs et des systèmes d'évaluation : lasociété de l'évaluation permanente et généralisée, effrénée , moded'organisation sociale du libéralisme, dans laquelle on prétend pouvoir rendreà chacun ce qui lui est dû, selon son mérite, et par conséquent combattrel'égalitarisme tout en conciliant liberté et responsabilité individuelles,cette formation sociale serait tout à la fois celle de la plus grande justicedistributive, et de la plus grande efficacité dans la production de la richessepour tous (pour tous ceux qui la méritent).

Or, la récente et très brutale aggravation de la crisedu système de production capitaliste vient de faire apparaître avec éclat lecaractère intensément fallacieux, illusoire, du principe d'évaluationgénéralisée. L'incompétence, globalement, des élites économiques mondiales estprouvée par leur échec. Peut-on encore justifier par une espèce d'ordre etd'équilibre dont on pourrait se cacher les cruelles imperfections l'écart entreles divers ordres de valeurs, en termes d'utilité sociale d'une part, et entermes de profit individuel d'autre part. Pourquoi par exemple l'utilitésociale d'un professeur des écoles ou d'une infirmière n'est-elle pas reconnuepar le salaire que lui accorde l'État ? On peut en outre s'interroger sur l'hypocrisied'une évaluation qui cache sous les atours de l'objectivité une tentative decontrôle, voire de « gestion » de l'individu.

Et si, nous arrêtantun instant d'évaluer ou de nous faire évaluer, nous nous mettions à parlersérieusement d'évaluation ?

Principe del'atelier: ouvert à toutes et à tous, à Paris 3, mais aussi bien au-delà, dansl'université française (membres du personnel et étudiants), dans l'éducationnationale (enseignants, parents d'élèves, lycéens), dans la fonction publique,et dans toutes les entreprises ; il s'agira de parler de ses propres pratiques,et actions, individuelles ou collectives. Comment évaluons-nous, comment sommesnous évalués, dans nos vies en général (et pas seulement dans nos activitésprofessionnelles) ? Quelles sont les conséquences collectives concrètes,précises, de cette orientation massive évaluatrice ? Quelles conséquencesindividuelles peut avoir la prégnance du modèle de l'évaluation sur les choixque nous devons faire sans cesse, sur la détermination des préférences qui sontles nôtres ? Des recherches seront à faire pour comprendre comment nous ensommes arrivés là (par exemple comment l'évaluation formative n'a pas réussi,dans le système scolaire français, à détrôner l'évaluation sommative). Il seraégalement demandé de penser à des façons de faire qui pourraient allégerl'évaluation, ou l'orienter pour qu'elle ne nuise pas à l'humain, voire larésorber peu à peu.

Il pourrait être intéressant, par exemple, pourcommencer, de nous demander quelles peuvent bien être les justifications, lesfinalités, l'utilité de l' « enquête qualité » menée en ce momentdans les bibliothèques de Paris 3 ; comment comprendre une telle enquêtealors que nos bibliothèques sont animées par des personnels hautementqualifiés ?

La première réunion de l'atelier aura lieu le mercredi 13 mai à 18h, au centre Censier(13, rue Santeuil, 75005, voir affichage de la salle dans le hall des amphis).Il est très largement et par principe ouvert à toutes et à tous. Merci dediffuser l'information autour de vous.

Alain Cantillon et Sophie Rabau