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Le retour : espaces, fractures, transitions

Le retour : espaces, fractures, transitions

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Laurent Dornel)

Le retour : espaces, fractures, transitions

Colloque international 27-28-29 mai 2015

Université de Pau et des Pays de l’Adour

 

Le motif du retour constitue un thème central dans la plupart des civilisations et des sociétés. Parabole dans la Bible (le retour du fils prodigue), paradigme matriciel dans la littérature (le retour d’Ulysse achève l’Odyssée) comme dans la religion (le messianisme, le mythe de l’éternel retour), rituel militaire (le retour des armées triomphantes ou vaincues), horizon d’attente chez bien des exilés ou des migrants (le retour au pays, réalisé ou toujours repoussé), motif dramaturgique majeur au cinéma (12 Years a Slave de Steve McQueen ou Ida de Pawel Pawlikowski, pour ne citer que deux films récents), le retour est un motif très riche dans ses formes comme dans ses très nombreuses significations.

Quoi de commun alors, entre le retour d'Ulysse, celui du fils prodigue, celui de Martin Guerre, celui des migrants ou des exilés, ou encore celui des combattants ? Est-il possible d’appréhender dans un même mouvement le retour de plusieurs centaines de Communards amnistiés, celui des combattants de la Première Guerre mondiale, celui des prisonniers de guerre ou des survivants des camps d’extermination ? Quelles questions posent ces différentes formes de retour ? Le retour « à la normale » est-il vraiment possible ? Quel imaginaire se cache derrière la figure du retour ? Revenir est-il un verbe synonyme de « retourner » ? Il y a dans le retour un tour et un détour qui est plus qu’une nouvelle venue.

A première vue, ce qui semble en jeu – et qui pourrait donc être appréhendé par l’ensemble des sciences humaines – ce sont les questions de l'identité et de ses transformations (Ulysse revient déguisé, Martin Guerre est un usurpateur...), celle du parcours initiatique (l'errance, la guerre, l'exil) et de ses enjeux territoriaux (les pérégrinations d’Ulysse dessinent un espace politique et anthropologique). Le retour peut aussi être un retour sur soi (le retour aux « racines » comme accomplissement d'une destinée personnelle ;  le retour au « pays », le retour dans sa famille...), un retour à une tradition le plus souvent réinventée. Générateur d’un « tiers-espace » (H.Bhabba), le retour est une traversée du temps qui brouille et renouvelle les frontières humaines, culturelles ou politiques.

Le retour, c'est aussi l'occasion d'analyser, en quelque sorte à rebours, la rupture réelle ou symbolique d'un ordre familial, social ou même économique « naturel ». S’il peut paraître comme une tentative de réparation d’un désordre de nature variable, s’il peut être une forme de célébration ou d’accomplissement de soi (le retour permet de se « retrouver »), il peut aussi être une manière de se perdre (l’assassin qui revient sur les lieux de son crime se trahit), susciter l’effroi ou le détour (« les gueules cassées ») et générer des désordres multiples. On peut donc également analyser les effets des retours dans les sociétés quittées : ceux qui reviennent apportent de nouvelles manières de voir et de faire propices aux hybridations et métissages multiples. En fin de compte, questionner le retour, c'est ici l’occasion de réfléchir collectivement sur le temps, son étirement, ses cycles, ses effets différenciés sur ceux qui partent et ceux qui restent.

En effet, le retour est toujours complexe. Les proscrits du Second Empire comme les exilés de la Commune, qui sont parfois les mêmes individus, l’expérimentent parfois brutalement. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Thomas Mann, dont l’antifascisme avait été sans failles, doit affronter à son retour en Allemagne un discrédit brutal, et finit par s’installer à Zurich. À partir de la fin des années 1980, les exilés chiliens rentrent en grand nombre chez eux, mais ces retornados, qui bénéficient pourtant parfois de dispositions financières favorables, éprouvent bien des difficultés à recoudre la trame déchirée de l’histoire et doivent souvent affronter l’hostilité de ceux qui sont restés. Ici, le retour est intéressant en ce qu’il permet, aussi, d’analyser différemment la rupture du départ parce que, comme l’écrit l’historienne Dominique Fouchard à propos des poilus de 14-18, « penser le retour, c’est rendre le départ possible ».

Un certain nombre d’axes de réflexion peuvent être proposés, sans exhaustivité aucune :

·      Trajectoires politiques et sociales : les retours d’exil, les migrations de retour (définitives ou saisonnières), le droit au retour (en Espagne, l’octroi de la nationalité espagnole pour les descendants d’exilés), les transferts culturels, le retour à la démocratie…

·      Le retour comme cristallisation des émotions collectives : le retour des troupes  (fêter la victoire ou pleurer la défaite) ; le retour des otages ou des prisonniers, le retour de l’homme providentiel…

·      Le retour « à la normale » : au lendemain d’un conflit armé, quels sont les formes et les effets de la démobilisation, dans l’ordre économique, politique, social, mais aussi dans le domaine de l’intime ? Que cache l’illusion de « retour à la normale »  après une crise économique ? La notion de « retour à l’ordre » ;

·      Le motif du retour en littérature ou dans les arts : morphologie, dynamiques, fonctions. Le « néo » ou le « revival ». L’iconographie du retour…

 

Modalités de soumission

Le colloque, qui donnera lieu à publication, se veut résolument ouvert à toutes les périodes et aux sciences humaines dans l’acception la plus large. Les communications se feront en français, anglais et espagnol. Les propositions de communication sont à envoyer jusqu’au 31 octobre 2014 (2500 caractères max.), le Comité scientifique enverra ses réponses autour du 15 janvier 2015.

Colloque organisé dans le cadre de la Fédération de Recherche Espaces-Frontières-Métissage, soutenu par l’Institut de Recherche sur l’Architecture Antique (IRAA), le Laboratoire Identités-Territoires-Expression-Mobilités (ITEM), le Centre de Recherche en Poétique, Histoire Littéraire et Linguistique (CRPHLL) et le Laboratoire Langues, Littératures et Civilisations de l’Arc Atlantique (LLC Arc Atlantique).

 

Comité d’organisation : Jean-Yves Casanova, Laurent Dornel, Michael Parsons, François Quantin

 

Renseignements et envoi des propositions de communication : colloqueleretour@gmail.com

 

 

Returning: spaces, fractures, transitions

International conference 27-28-29 May 2015

Université de Pau et des Pays de l’Adour

The theme of returning is a central theme in most civilisations and societies. A parable in the Bible (the parable of the prodigal son), a fundamental matrix in literature (Ulysses’ homecoming brings the Odyssey to an end) as well as in religion (the cult of the Messiah, the myth of the eternal return), a military ritual (the return of triumphant or defeated armies), a distant dream for so many exiles and migrants (returning to the homeland, whether actually achieved or indefinitely postponed), a major source of drama in the cinema (Steve McQueen’s 12 Years a Slave or Pawel Pawlikowski’s Ida, to mention just two recent films), the idea of returning is a very multi-facetted theme both in the different forms it takes and in its numerous different meanings.

So what is there in common between Ulysses’ homecoming, the return of the prodigal son, the return of Martin Guerre, of migrants and exiles or soldiers coming back home from the battlefield? Is it possible to understand in the same way what happened when several hundred rebels from the Commune of Paris returned home after their amnesty, when soldiers returned from the trenches or when prisoners of war or the survivors of extermination camps came back? What questions are raised by these different forms of homecoming? Is it ever really possible to “return to normal”? How is the notion of coming back after a separation imagined? Is coming back or coming home the same as returning? There is, in the idea of returning, the idea of a journey which leads the traveller back to a place which one cannot simply come back to as if nothing had changed in the meantime.

At first sight the issue appears to be something which the Humanities are well equipped to examine: questions of identity and its transformations (Ulysses returns in disguise, Martin Guerre is a usurper…), of rites of passage (journeying through the wilderness, war and exile) and territorial issues (Ulysses’ voyages define a political and anthropological space). There may also be instances where individuals make a personal journey back to something (back to their “roots”, thereby accomplishing a personal destiny, returning to their homeland or going back to their family) and returning to a tradition which most often has been reinvented. Returning, which generates a “third space” (H.Bhabba), is a journey through time which blurs and reinvents human, cultural or political frontiers.

Returning, or “coming home”, is also an opportunity to look back over the real or symbolical breakdown of a “natural” order in the family, in society or even in the economy. It may seem to be an attempt to repair various kinds of disorder, or be a form of personal celebration or accomplishment (a way of finding oneself again), but it can also be a way of losing everything (the killer returning to the scene of the crime and giving himself away) or cause people to turn away in horror (the hideously wounded men of the First World War) and generate a variety of disorders. In the end, thinking about the meaning of the homecoming and the return is an opportunity to think collectively about time, the way it waxes and wanes, its cycles, and the way it affects differently those who leave and those who stay.

Returning is always complex. The outlaws of the Second Empire and the exiled rebels of the Commune, who were often one and the same, experienced this in ways which were often harsh. After the Second World War, Thomas Mann, whose anti-fascist stance had been exemplary, was greeted with an uncompromising attack on his reputation and ended up settling in Zurich. In the late 1980s and beyond, Chilean exiles began returning home in great numbers, but these retornados, despite the fact that they sometimes enjoyed privileged financial support, found it very difficult to pick up the pieces of a shattered past and often had to face the hostility of those who had stayed behind. The theme of returning is interesting because it also means one can look differently at the disruption of leaving because, as the historian Dominique Fouchard wrote about the soldiers of 1914-18, “thinking about returning makes it possible to leave”.

A certain number of themes for research can be suggested, though this is in now way exhaustive:

·      Political and social trajectories: returning from exile, returning migrations (whether final or simply seasonal), the right to return (in Spain, the decision to grant Spanish nationality to the descendants of exiles), cultural transfers, the return to democracy…

·      Returning as a crystallization of collective emotions: returning armies (celebrating victory or lamenting defeat); the return of hostages or prisoners, the return of the providential statesman…

·      The “return to normal”: after an armed conflict, what are the forms and effects of demobilization, not only in the economic, political and social arena but also in the private, domestic sphere? What lurks behind the illusion of a “return to normal” after an economic crisis? What is meant by “re-establishing order”?

·      The theme of the return in literature or the arts: morphology, dynamics, functions. “Neo-” and “revival”. The iconography of the return…

This conference, which will form the basis of a publication, is resolutely open to all periods and to all the humanities in the broadest sense of the term. Paper will be given in French, English and Spanish. Proposals must be sent by 31 October 2014 (maximum 2,500 characters) ; the Scientific Committee will announce its decisions on or around 15 January 2015.

The conference is organized under the ægis of the Research Federation on Spaces, Frontiers and Hybridity (Fédération de Recherche Espaces-Frontières-Métissage), with the support of the Ancient Architecture Research Institute (Institut de Recherche sur l’Architecture Antique (IRAA)), the “Identities, Territories, Expressions, Mobilities” research centre (Identités-Territoires-Expression-Mobilités (ITEM)), the Poetry, Literary History and Linguistics research centre (Centre de Recherche en Poétique, Histoire Littéraire et Linguistique (CRPHLL)) and the Languages, Literatures and Civilisations of the Atlantic Arc research centre (Langues, Littératures et Civilisations de l’Arc Atlantique (LLCAA)).

Organizing committee: Jean-Yves Casanova, Laurent Dornel, Michael Parsons, François Quantin

Further informations and reception of proposals : colloqueleretour@gmail.com

 

 

El regreso: espacios, fracturas, transiciones

Congreso internacional 27-28-29 mayo 2015

Universidad de Pau et des Pays de l’Adour

 

El motivo del regreso constituye un tema central en la mayoría de las civilizaciones y de las sociedades. Parábola en la Biblia (el regreso del hijo pródigo), paradigma matricial tanto en la literatura (el regreso de Ulises cierra La Odisea) como en la religión (el mesianismo, el mito del regreso eterno), ritual militar (el regreso de los ejércitos triunfantes o vencidos), horizonte de espera para numerosos exiliados o migrantes (la vuelta a la tierra chica, realizada o siempre postergada), motivo dramatúrgico fundamental en el cine (12 Years a Slave de Steve McQueen o Ida de Pawel Pawlikowski, como ejemplos más recientes), el regreso es un motivo muy fructífero en sus formas como en sus innumerables significaciones.

¿Cuáles son los puntos comunes entre el regreso de Ulises, el del hijo pródigo, el de Martin Guerre, el de los migrantes o exiliados, o el de los combatientes? ¿En qué medida es posible abarcar en un mismo movimiento el regreso de un centenar de “Communards” amnistiados, el de los combatientes de la Primera Guerra mundial, el de los presos de guerra o los sobrevivientes de los campos de exterminación? ¿Cuáles son las preguntas planteadas por esas diferentes formas de regreso? ¿Es realmente posible la “vuelta a lo normal”?¿Qué tipo de imaginario se esconde detrás de la figura del regreso? ¿Regresar es un sinónimo de retornar? El regreso implica la vuelta y el rodeo y significa mucho más que llegar de nuevo.

A primera vista, lo que parece estar en juego – y que por consiguiente podría ser abarcado por las ciencias humanas – son las problemáticas de la identidad y de sus transformaciones (Ulises vuelve disfrazado, Martin Guerre es un usurpador....), del recorrido iniciático (el vagabundeo errático, la guerra, el exilio), y de sus envites territoriales (las peregrinaciones de Ulises delinean un espacio político y antropológico). El regreso puede ser también un regreso hacia sí (el regreso hacia las raíces como realización del destino personal; la vuelta a su tierra, la vuelta a su familia ...), una vuelta a una tradición, inventada la mayoría de las veces. Productor de un “Tercer Espacio” (H. Bhabba), el regreso es una travesía por el tiempo que desdibuja las fronteras humanas, culturales o políticas.

El regreso ofrece también la oportunidad de analizar, a la inversa en cierto modo, la ruptura real o simbólica del orden familiar, social, incluso económico, “natural”. Si bien parece ser como una tentativa de  reparación de un desorden, si bien puede ser una celebración o realización de sí (el regreso permite encontrarse de nuevo a sí mismo), es también una forma de perderse a sí mismo (el asesino que siempre vuelve al lugar del crimen, se traiciona a sí mismo), de suscitar el pavor o el rodeo (“les gueules cassées”) y de engendrar múltiples desordenes. Por consiguiente es posible analizar los efectos de los regresos en las sociedades que han sido dejadas : los que regresan aportan nuevas formas de ver y de actuar propicias a las hibridaciones y a los mestizajes. En resumidas cuentas, preguntarse por el regreso posibilita una reflexión colectiva sobre el tiempo, su dilatación, sus ciclos, sus impactos diferentes sobre los que se van y los que se quedan.

En efecto, el regreso siempre es complejo. Los proscritos del Segundo Imperio así como los exiliados de la Commune, que a veces son los mismos individuos, lo experimentan brutalmente. Después de la Segunda guerra mundial, Thomas Mann, cuyo antifascismo había sido sin tacha, debe enfrentarse con un descrédito total al volver a Alemania y tuvo que irse a vivir a Zurich. A partir de los años 80, los exiliados chilenos regresan a casa pero esos retornados, a pesar de aprovechar condiciones financieras favorables, experimentan muchas dificultades para restaurar los hilos del tejido desgarrado de la historia y tienen que enfrentarse con la hostilidad de los que se han quedado. Aquí, el regreso es interesante en la medida en que permite también analizar de modo diferente la ruptura del regreso porque, como escribe  la historiadora Dominique Fouchard a propósito de los “poilus” de 14-18, “pensar el regreso, es posibilitar la salida”.

 

Pueden proponerse, sin exhaustividad, varios ejes de reflexión: 

•       Trayectorias políticas y sociales : los regresos del exilio, las migraciones de los regresos (definitivas o temporales), el derecho al regreso (en España, la concesión de la nacionalidad española para los descendientes de exiliados), las transferencias culturales, la vuelta a la democracia ...

•       El regreso como cristalización de las emociones colectivas : el regreso del ejército (celebrar la victoria o llorar después de la derrota) ; el regreso de los rehenes o de los presos, el regreso del hombre providencial ...

•       El regreso a “lo normal” : después de un conflicto armado ¿cuáles son las formas y los efectos de la desmovilización en el orden económico, político, social, pero también en el ámbito íntimo ? Qué esconde el espejismo del “regreso a lo normal” después de una crísis económica? La noción de la “vuelta al orden”

•       El motivo del regreso en la literatura y en las artes: morfología, dinámicas. El “neo”, o el “revival”, la iconografía del regreso ...

 

Este congreso, que dará pie a una publicación, está abierto a todos los períodos y ciencias humanas en su acepción más amplia. Los idiomas de las ponencias serán el francés, el inglés y el español. Las propuestas serán mandadas antes del 31 de octubre de 2014 (2500 caracteres max.), el Comité científico mandará sus respuestas alrededor del 15 de enero del 2015.

 

Congreso organizado en el marco de la Fédération de Recherche Espaces-Frontières-Métissage, con el apoyo de: Institut de Recherche sur l’Architecture Antique (IRAA), Laboratoire Identités-Territoires-Expression-Mobilités (ITEM), Centre de Recherche en Poétique, Histoire Littéraire et Linguistique (CRPHLL) y Laboratoire Langues, Littératures et Civilisations de l’Arc Atlantique (LLC Arc Atlantique).

 

Comité de organización : Jean-Yves Casanova, Laurent Dornel, Michael Parsons, François Quantin

 

Informaciones y recepción de las propuestas de ponencia : colloqueleretour@gmail.com