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Colloque international et interdisciplinaire sur l'Interpellation

Colloque international et interdisciplinaire sur l'Interpellation

Publié le par Marielle Macé (Source : Frédéric Torterat)

Colloque international et interdisciplinaire :
L'Interpellation. Perspectives linguistiques et didactiques


Dates : 16 – 17 mai 2008

Lieu : Maison de la Recherche, Paris

Contacts : Frederic.TORTERAT@unice.fr / marielouise.martinez@tele2.fr


Présentation du Colloque :

L'interpellation est directement impliquée dans les relations interindividuelles quotidiennes, verbalisées ou non, et s'inscrit dans l'improvisation de l'interlocution de la même manière que dans les pratiques ordinaires d'enseignement. Au sens linguistique, cette notion, dont la judiciarisation a contribué à en restreindre le sens et à en diminuer les emplois, renvoie toutefois à un certain nombre d'opérations et de catégorisations qu'il est difficile de mettre tout à fait à l'écart du champ de l'apostrophe et des interjections (ainsi que du vocatif), mais aussi ceux, plus généraux, de la nomination (Noailly 1995, Détrie 2007), de la désignation/référence (Schegloff, in Stivers et alii 2007) et de la topicalisation (Lambrecht 1998). De même, si l'on se place du point de vue de la structure prédicationnelle de l'énoncé (Scheppers 1999), le positionnement de l'interpellation en termes de prédication seconde mérite d'être consulté plus avant, d'autant qu'envisagée comme telle ou non dans les relations qu'elle entretient avec les appellatifs (Hammermüller 1997, Pop 2001), les désignations connotées (Lagorgette 2003, Marnette et Rosier 2004, O'Kelly dir. 2005) et les constructions appositives (Neveu 2000, Forsgreen, Jonasson et Kronning 1998), celle-ci apparaît quoi qu'il en soit comme un objet de recherche difficile à cerner. Qui plus est, l'interpellation implique une manière de rendre le destinataire présent non seulement dans ce qui réfère à lui, mais aussi dans la forme elle-même que prend le discours qui l'interpelle. En effet, les travaux sur l'interaction ont contribué, depuis les années 1960, à la prise en compte de la manière dont l'interpellé est désigné (Schegloff 1979), mais aussi à celle de la structuration du propos qui lui est adressé (recipient designed). De ce fait, il convient également d'envisager les cas où l'interpellation appartient au « cadre figuratif de l'énonciation », par le biais notamment de l'intimation, catégorie dans laquelle Benveniste place les ordres, ainsi que les appels « impliquant un rapport vivant et immédiat de l'énonciateur à l'autre » (1977, V). Par ailleurs, et là les faits se compliquent un peu plus, il importe sans doute de se prononcer, même de manière intermédiaire, sur l'éventuel statut illocutoire, et dans tous les cas socio-pragmatique de l'interpellation.
Au sens didactique, celle-ci présente un enjeu tout à fait spécifique. Action courante de ce que l'on pourrait appeler la « vie de classe », l'interpellation entre élèves, mais aussi entre les élèves et l'enseignant, pose la question d'une éventuelle gradation, ne serait-ce que sur le plan de ce que les textes officiels appellent « l'oral désordonné » (cf. Bertucci et David dir. 2003). Représentée dans sa dimension socio-pragmatique, l'interpellation s'inscrit à ce titre dans la problématique du schéma participatif, ainsi que celle des relations interpersonnelles (avec leurs paramètres de distanciation et de proximité). En plus du fait qu'elle participe des actions verbales scolarisées témoignant de certaines phases d'acquisition (Morrison et Ellis 1995, Spieler et Balota 2000), elle suppose aussi une réflexion sur l'alternance codique en général dans les situations d'accueil de jeunes migrants et de classes de Français Langue Seconde. Sans doute serait-il opportun, enfin, d'interroger la situation dans laquelle l'enseignant est pour ainsi dire interpellé par lui-même, à l'appui, par exemple, des pratiques de formation qui consistent dans les entretiens « d'explicitation » (Vermersch 1994) et d' « autoconfrontation » (Clot et alii 1999), mis en place dans certains IUFM.
Dans la droite ligne de ce qui a conduit certains acteurs de la recherche à réfléchir sur les enjeux de l'interjection (Strasbourg, 2004), y compris sur le plan modal avec Liana Pop, laquelle parle d'un « mode pragmatique appellatif / vocatif », de même que la répétition (journées d'études doctorales de Chambéry, avril 2007), la digression (Université d'El Manar, février 2006), la reformulation (Ibrahim et Martinot 2003, Kara 2006 inter alli), ou sur des problématiques plus restreintes telle que la périphérie gauche (Paris, CNRS, décembre 2006), ce colloque est la première édition d'une série de trois manifestations qui renverront à la question plus générale des interventions verbales « spontanées », dans leur consistance à la fois épistémologique, ontologique et praxéologique. Dans cette vue, les questionnements induits peuvent être l'occasion de revenir sur certains points relevant à proprement parler d'une « grammaire de l'oral », plus exactement à l'appui de phénomènes d'ordres prosodique ou interindividuel, comme c'est le cas pour les sommations interpellatives par exemple. Les deux autres éditions de cette série porteront sur la problématique de l'exemplification (2010), et, à l'horizon 2012, sur celle, plus générale, de l'intempestivité en discours.


La présente manifestation s'articule donc autour de deux grands axes, dont nous reportons ci-après les thématiques privilégiées. Cela étant, il est évident que celles-ci ne sont pas exclusives les unes des autres, et qu'elles ne renvoient pas à deux sessions distinctes : les questions abordées dans l'un et l'autre domaines, entre lesquels existent de nombreux liens, apparaissent dans bien des cas similaires, voire corollaires. A savoir que d'autres pistes de réflexion, qui présenteraient une certaine opportunité du point de vue des perspectives ouvertes par le Colloque, pourront éventuellement être traitées :

Thématiques d'ordre principalement linguistique :

interpellation et interjection(s)
l'apostrophe, sans l'ombre de l'apposition
interpellation et nomination
l'interpellation à connotation juridique / politique
interpellation et apotaxe
variabilité du vocatif en latin
invocation, convocation, évocation
en termes de prédication seconde
les interpellations indirectes
les injonctions implicites à caractère interpellatif
l'interpellation, un acte illocutoire ?
implications socio-pragmatiques de l'interpellation


Thématiques d'ordre principalement didactique :

les interpellations entre élèves en situation de classe
classification intermédiaire des « schèmes interpellatifs », verbalisés ou non, de l'enseignant
la question de la « lecture ouvroir » dans les séances d'apprentissage
interpellation(s) et incivilités scolaires
l'interpellation en général : marque d'un « oral désordonné » ou d'une intervention inappropriée ?
l'enseignant « interpellé » par lui-même : de l'entretien d'explicitation (Vermersch) à celui d'autoconfrontation (Clot)


Les actes des trois éditions (2008, 2010 et 2012) seront publiés par voie électronique, après avis du Comité scientifique, et une sélection d'articles intègrera une monographie dont la parution est prévue en 2013.


Comité d'organisation du Colloque :
Frédéric Torterat (Nice), Marie-Louise Martinez (Nice), André Thibault (Paris IV), Nicole Biagioli (Nice). Des membres de l'Equipe d'accueil 4080 (Université de Paris-Sorbonne) et de l'IUFM de Nice (Universités de Nice et de Toulon).

Comité scientifique :
Jean-Paul Bernié (IUFM d'Aquitaine), Nicole Biagioli (Nice-IUFM), Michèle Bigot (Saint-Etienne), Robert Bouchard (Lyon II), Mathilde Dargnat (Université de Provence), Catherine Détrie (Montpellier III), Claire Doquet-Lacoste (IUFM de Bretagne), Laurent Fauré (Montpellier III), Ligia Stela Florea (Cluj), Jacques Jayez (ENS-LSH), Alain Jean (IUFM de Montpellier), Dominique Lagorgette (Université de Savoie), François Larose (Sherbrooke), Denis Le Pesant (Lille III), Marie-Louise Martinez (Nice-IUFM), Yann Mercier-Brunel (CREFI-T), Lorenza Mondada (Lyon 2, ICAR), Marie-Annick Morel (Paris III), Michèle Noailly (Université de Bretagne), Elisabeth Nonnon (Lille-IUFM), Anna Orlandini (Toulouse II), Marie-Anne Paveau (Paris XIII), Jean-Christophe Pitavy (Saint-Etienne), Liana Pop (Cluj), Sophie Roesch (Tours), Laurence Rosier (ULB), Geneviève Salvan (Nice), Frédéric Torterat (Nice-IUFM).

Modes de participation :
- Quatre conférences plénières sur invitation.
- Interventions sélectionnées par le comité scientifique, sur la base de deux pages anonymées (soit 8000 signes environ), éléments de bibliographie compris (adresse d'envoi : Frederic.TORTERAT@unice.fr).
- Langues du colloque : français, anglais.
- Finance d'inscription (sauf pour les conférenciers invités) : 40 euros.

Calendrier :
15 mai 2007 : diffusion de l'annonce et appel à communications
10 décembre 2007 : date limite de la réception des propositions de communication
15-25 février 2008 : notification d'acceptation
mars 2008 : programme définitif
16-17 mai 2008 : colloque