Questions de société

"Bibliothèques universitaires : l'absence de règles n'est pas une solution", communiqué AutonomeSup (28/03/11)

Publié le par Matthieu Vernet (Source : autonomesup.com)

"Bibliothèquesuniversitaires : l'absence de règles n'est pas une solution".

AutonomeSup exprime sonopposition au projet de décret soumis aux membres du CNESER, relatif auxbibliothèques des établissements supérieurs.Tout d'abord, nous estimons qu'il est anormal que les organisations syndicalesaient été écartées du groupe de travail chargé d'élaborer ce texte.

Ce projet de décret vise, ainsiqu'il est annoncé dans le rapport de présentation, à « simplifier le cadreréglementaire de ces services, laissant aux établissements la libreorganisation de leurs bibliothèques ». Et c'est bien là que réside ledanger. Le cadre réglementaire ayant pratiquement disparu, chaque universitépourra organiser sa bibliothèque comme elle l'entend, sans qu'aucune garantiesoit apportée aux personnels, notamment au personnel scientifique, dont lesattributions et prérogatives ne sont plus affirmées. En laissant lesuniversités définir par règlement intérieur la composition et le fonctionnementdes conseils de la documentation, ce projet permet la sous-représentation desenseignants-chercheurs et des conservateurs : le collège du personnelscientifique est même supprimé.

Enfin, et c'est le point le plusimportant, l'organisation du service de la documentation en sections,c'est-à-dire en bibliothèques spécialisées dans une discipline ou un groupe dedisciplines, n'est plus obligatoire. Nous ne prétendons pas que la situationprésente ne justifiait pas quelques aménagements, mais il nous semblepréjudiciable à l'ensemble de la communauté universitaire d'utiliser l'argumentde la mutualisation pour rendre possible la suppression de ces bibliothèquesspécialisées, au profit d'une organisation centralisée et bureaucratique.L'organisation en sections a le mérite de rendre obligatoire dans les faits larépartition des crédits par discipline, assurant ainsi l'équilibre desressources entre les sciences « dures » et les lettres et scienceshumaines. Les responsables de section sont nécessairement des conservateurs oudes fonctionnaires de catégorie A titulaires de diplômes dont la liste estfixée par un arrêté. Disposant actuellement d'une bonne marge d'initiative etd'une certaine autonomie, ce sont des interlocuteurs privilégiés pour lesenseignants, les étudiants et les chercheurs de leur domaine disciplinaire. Siles sections se transforment en simples « bibliothèques de sites »,c'est la notion même de personnel scientifique qui est mise en cause.

L'organisation en sections n'ajamais interdit, ni même entravé la mise en place de systèmes d'information etde gestion communs, et l'indépendance relative des unités documentaires n'ajamais freiné l'établissement de catalogues collectifs : le SUDOC en estun parfait exemple. AutonomeSup, ni du reste aucun autre syndicat,n'ayant été associé à la réflexion, nous ignorons les motifs de cette réforme.Nous n'avons entre les mains qu'un texte qui nous apparaît n'avoir d'autrejustification que de d'autoriser les universités à s'affranchir de toute règle,en particulier vis-à-vis des personnels, et vraisemblablement de supprimer despostes de conservateurs.

Philippe Rouyer

Vice-présidentd'AutonomeSup

philippe.rouyer@univ-rouen.fr

Michel Gay Jean-Louis Charlet

Secrétairegénéral d'AutonomeSup Présidentd'AutonomeSup