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Baba Yaga et son isba, analyse pluridisciplinaire du personnage mythique des contes populaires russes

Baba Yaga et son isba, analyse pluridisciplinaire du personnage mythique des contes populaires russes

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Juliette Drigny et Sandra Pellet)

Baba Yaga et son isba, analyse pluridisciplinaire du personnage mythique des contes populaires russes

Colloque interdisciplinaire organisé par l'association LETAP avec l'appui de l'ENS et de Paris Sciences et Lettres (16 et 17 janvier 2015)

 

La problématique de ce colloque a pour point de départ la célèbre analyse de Vladimir Propp, à savoir la Yaga et son isba comme figures du passage entre monde des vivants et monde des morts. En effet, à la lecture de nombreux contes populaires russes, la description de l'isba marque immédiatement : cette cabane composite, faite de crânes, d'ossements et autres symboles de mort, se déplace sur des pattes de poules, quant à elles bien vivantes. La sorcière elle-même, Baba Yaga, est souvent décrite comme une vieille femme à l'immense poitrine tombante et dotée d'une seule « jambe d'os ». Mi-chair, mi-os, elle représente elle-même une figure liminaire entre la vie et la mort. À cela s'ajoute l'ambiguïté de son rôle dans les contes, qui la distingue du stéréotype des sorcières des contes occidentaux, simples ennemies du héros. La Yaga, elle, peut à sa guise aider le « vaillant jeune homme » ou la « belle fille » à mener à bien leur mission, ou au contraire chercher à les vaincre en les combattant ou en les dévorant.

Ainsi, de nombreuses questions se posent quant à la symbolique de cette fameuse sorcière des contes russes : la Yaga est-elle figure de vie ou de mort ? mère dévorante ou figure du destin ? Comment cette symbolique évolue-t-elle selon les époques ? Que représente-t-elle aujourd'hui ?

Dans cette optique, nous nous proposons d'adopter une approche pluridisciplinaire qui sera la plus à même de questionner cette figure complexe du folklore slave. C'est pourquoi cet appel à contribution s'adresse aussi bien à des spécialistes de littérature comparée, de littérature enfantine, qu'à des historiens et historiens de l'art, à des anthropologues, des psychologues, des sociologues et des philosophes.

Les propositions de communication pourront s'inscrire dans un de ces grands axes de réflexions :

  • Archaïsme et survivances de la Yaga : l'image de l'isba comme frontière entre vie et mort nous dirige vers des réflexions anthropologiques et psychanalytiques. Peut-on déchiffrer, comme le suppose Propp, un rite ancestral à l'origine du conte ? Par ailleurs, l'image récurrente de la dévoration interroge des concepts essentiels de la théorie psychanalytique, comme la pulsion ou l'oralité.

  • Manifestations de la Yaga et représentations collectives : comment apparaissent les avatars de la Yaga dans les supports variés des contes pour enfant, des films, des dessins animés et représentations graphiques ? Qu'est-ce que chaque époque projette d'elle-même dans l'imagerie populaire où la Yaga figure ? De quelle Russie la Yaga témoigne-t-elle ? Comment expliquer le succès qu'elle rencontre aujourd'hui dans les arts vivants ?

  • La Yaga au croisement des arts et des cultures : il s'agira de confronter les avatars de la Yaga à des figures fictionnelles d'autres cultures et d'autres époques. Doit-on envisager la Yaga dans sa ressemblance avec ces dernières ou bien possède-t-elle une singularité fondamentale ? Enfin, que retiennent du modèle les réécritures ou réinterprétations artistiques ?

Ces orientations ne sont pas exclusives, et nous accueillerons également des propositions correspondant à d'autres thématiques ou orientations selon leur pertinence.

Les résumés de communication (environ 300 mots), accompagnés d'une brève notice bio-bibliographique, sont à envoyer avant le 30 septembre 2014 aux adresses suivantes :

s_pellet(at)yahoo.fr ; juliettedrigny(at)hotmail.fr ; asso.letap(at)gmail.com 

L'association LETAP a pour objectif de mêler travaux de recherche, créations artistiques et production éditoriale sur un thème commun. Le workshop Baba Yaga, organisé à l'été 2013, a abouti à une présentation de l'installation-performance et d'un premier travail éditorial en septembre 2013 à l'ENS Ulm, dont vous pouvez avoir un aperçu sur le site: http://workshopbabayaga.wix.com/bbyg

Certains des travaux de recherche réalisés à l'occasion pourront également être présentés lors du colloque, après sélection.

Bibliographie indicative:
 

Afanassiev, Alexandre, Les Contes populaires russes, trad., introd. et notes par Lise Gruel-Apert, Paris, Maisonneuve et Larose, 1988-92.

Contes russes, Bilibine, Ivan (illustration) et Schnitzer, Luda (trad.), Paris, Seuil Jeunesse, 2012.

Eliade, Mircea, Le Chamanisme et les techniques archaïques de l’extase, Paris, Payot, deuxième édition, 1968.

Freud, Sigmund, « Le motif du choix des coffrets », L’inquiétante étrangeté et autres essais, Paris, Gallimard, 1985.

Johns, Andreas, Baba Yaga, the ambiguous Mother and witch of the Russian Folktale, New York, Peter Lang, 2004.

Kravchenko, Maria, The World of the Russian fairy tale, New York, Peter Lang, 1987.

Muchembled, Robert (dir.), Magie et sorcellerie en Europe du Moyen Âge à nos jours, Paris, Armand Colin, 1994.

Paulme, Denise, La Mère dévorante. Essai sur la morphologie des contes africains, Paris, Gallimard, 1976.

Propp, Vladimir, Les Racines historiques du conte merveilleux, Bibliothèque des sciences humaines, Gallimard, 1983.

Propp, Vladimir, Morphologie du conte, trad. par Claude Ligny, Paris, Gallimard, 1970.

Von Franz, Marie-Louise, La Femme dans les contes de fées, Ville-d'Avray, La Fontaine de Pierre, 1979.