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Aspects sociaux des littératures médiévales. Texte et situation communicative au Moyen Âge

Aspects sociaux des littératures médiévales. Texte et situation communicative au Moyen Âge

Aspects sociaux des littératures médiévales.

Texte et situation communicative au Moyen Âge

 

5-7 septembre 2016, Moscou, Institut de littérature mondiale de l’Académie des sciences de la Russie, Université orthodoxe Saint-Tikhon, avec la participation de l’Université de Liège

 

Le colloque international qui doit avoir lieu au début du septembre de 2016 sera consacrée à l’analyse des aspects sociaux des littératures de l’Europe médiévale : premièrement, à l’impact du contexte politique, intellectuel et culturel sur la formation du dessein de l’auteur et, ensuite, sur sa réalisation dans le texte ; deuxièmement, à la réception des textes dans des milieux divers de la société médiévale. Nous proposons de se concentrer sur deux pôles de la communication — l’auteur et le destinataire ou le lecteur — dans leurs rapports avec la société.

Il est connu qu’au Moyen Âge la littérature de fiction n’est pas autonome, mais forme un ensemble avec d’autres textes à contenu politique, scientifique ou même purement pragmatique. Pour certains groupes de textes le lien avec le milieu et le destinataire est évident (ainsi, souvent pour les vies de saints, les sermons ou les chroniques). Il est beaucoup plus difficile de le repérer dans les romans, fabliaux et autres récits brefs ou encore dans les poèmes lyriques). Les études récentes montrent pourtant qu’il peut y être présent dans bien de cas.

Peut-on affirmer que les œuvres de la littérature médiévale sont principalement créées sous l’impact d’une impulsion extra-littéraire et que l’absence de la motivation sociale pour certains d’entre elles s’explique par le fait que les chercheurs ne la remarquent pas pour des raisons diverses ? Est-il légitime de croire que chaque œuvre est créée en réponse à une commande, ne serait-ce que virtuelle, — autrement dit, qu’elle vise toujours un certain destinataire ? Ces questions doivent être discutées lors du colloque ; la préférence devrait être accordée, comme nous le croyons, à l’analyse des textes qui présentent des difficultés à cet égard — ceux où les liens avec un milieu et un contexte social ne sont pas manifestes.

En ce qui concerne la réception, son étude pour les littératures du Moyen Âge est plus importante que pour des époques plus tardives, puisque chaque manuscrit témoigne à sa façon d’une nouvelle lecture du texte conditionnée par des circonstances sociales diverses. Cela est vrai aussi pour les débuts de l’imprimerie : les incunables sont proches des manuscrits à plusieurs égards, ils sont souvent dédiés à un lecteur précis, ils sont créés et fabriqués sur commande, l’imprimeur tenant compte des goûts et des intérêts de leur destinataire —, ce qui se reflète dans le texte de l’œuvre éditée et aussi dans l’aspect visuel de l’édition (format, illustrations, mise en page, etc.).

L’analyse de la dimension sociale de la littérature se nourrit d’une longue tradition qui se développe dans le cadre de plusieurs écoles, en Russie et en Occident — ainsi, de l’histoire littéraire, de la critique sociologique ou encore des ouvrages de M. Bakhtine et de ses successeurs. À partir des années 60 du XXe siècle la réception et le lien entre l’auteur et son milieu socioculturel sont au centre des recherches de l’École de Constance, notamment de celles de H.R. Jauss, W. Iser, H.U. Gumbrecht qui proposent un nombre de termes suggestifs, tels que  la « situation communicative », l’« horizon d’attente », l’« identification esthétique », le « lecteur implicite » pour l’étude des questions auxquelles notre colloque sera consacré. Jauss fut, de plus, un médiéviste éminent ; Gumbrecht est auteur de nombreuses études consacrées à littérature médiévale ; pour notre colloque leurs idées présentent donc un intérêt indubitable.

Durant les dernières décennies, le problème de la réception du texte par un certain milieu de la société médiévale devient, d’une façon générale, l’un des plus importants, y compris pour des chercheurs qui travaillent en dehors du cadre strict des écoles. Mentionnons à cet égard les études consacrées aux recueils manuscrits, à la page manuscrite et aux illustrations, enfin à la disposition des lettrines dans les manuscrits, en rapport avec la transformation de la structure du texte et ses différentes lectures.

En proposant aux participants de notre colloque de revenir à l’étude des aspects sociaux de la littérature médiévale, nous les invitons en même temps à évaluer l’efficacité des approches méthodologiques diverses dans l’étude de leurs textes. Soulignons pourtant que notre colloque n’implique pas des communications qui sont limitées par la discussion des questions théoriques ; elles devraient se concentrer sur l’analyse d’une œuvre ou de quelques œuvres en rapport avec la problématique en question.

Quant à la perspective méthodologique qui, selon nous, devrait être présente dans les communications des participants, elle permettra de repérer, comme nous l’espérons, les instruments les plus efficaces pour l’analyse des œuvres, de leurs rédactions et de leurs manuscrits, ainsi que des incunables. En fin de compte notre colloque va contribuer à créer une vision plus claire de la place que la littérature tient au sein de la société médiévale et des fonctions qu’elle y remplit.

 

Voici une liste préliminaire des questions qui devraient être discutées lors du colloque :

1) comment une œuvre littéraire s’inscrit-elle dans la vie de la société: quelles raisons sociales incitent l’auteur à se mettre au travail ; peut-on affirmer qu’au Moyen Âge elles jouent toujours un rôle primordial ;

2) l’auteur et son milieu ; l’influence du milieu sur l’horizon intellectuel des auteurs et l’empreinte de ce dernier dans le texte ; l’horizon intellectuel de l’auteur et le choix de la thématique, du style ou du genre ;

3) la situation communicative et le genre ; à son époque Jauss établit un rapport entre la typologie des genres de la littérature médiévale et les types des situations communicatives ; d’autres chercheurs soulignent, eux aussi, le lien entre les genres de la littérature médiévale et la communication ; dans quelle mesure ces idées semblent-elles justes aujourd’hui ;

4) l’influence de la situation communicative sur la tradition manuscrite d’un texte : ses rédactions diverses, ses manuscrits et ses éditions datant des débuts de l’imprimerie;

5) la vie socioculturelle des régions et son influence sur la littérature ; les particularités régionales des arts poétiques ; les communautés et leur rôle dans l’histoire littéraire ;

6) la mise en forme des manuscrits et des incunables ; texte et illustrations dans des manuscrits différents d’une œuvre littéraire ; la structure du texte (la division du texte en chapitres, la disposition des lettrines) dans les manuscrits en rapport avec sa réception et sa diffusion dans des milieux divers ;

7) texte et polémique qui concernent la politique et les intérêts publics ; le dialogue des auteurs et des textes ;

8) le langage poétique et ses fonctions sociales (le rôle des allégories à la fin du Moyen Âge ; l’usage des dialectes ; les fonctions du latin et des langues vernaculaires ; la poésie macaronique : son rôle social et sa place dans la hiérarchie des styles).

 

Les actes du colloque seront publiés. Une excursion de deux jours dans l’une des anciennes villes de la Russie européenne est planifiée après le colloque.

 

Veuillez envoyer un résumé d’une page avant le 1er mars 2015 aux organisateurs :

Ludmilla Evdokimova, directeur des recherches de Institut de littérature mondiale (Moscou) : ludmila.evdokimova@gmail.com

Alain Marchandisse, maître de recherches du FRS-F.N.R.S., professeur à l’Université de Liège (Belgique) : alain.marchandisse@ulg.ac.be