Appel à contribution
Le sixième numéro de la Revue critique du livre d'artiste "Ligature" (troisième année) sera consacré à la présentation de la nouvelle vision du livre d’artiste au xxie siècle.
Axes privilégiés d’analyse scientifique du phénomène du livre d’artiste
1/ Le livre d’artiste au début du siècle. La conception qui sera notamment mise en lumière est celle du « méta-livre ».
Le livre d’artiste est devenu aujourd’hui un support très important pour présenter l’art du livre dans le sens le plus global du terme. Le livre d’artiste qui parle du livre représente donc un « méta-livre ». Il peut comprendre non seulement les registres textuel et plastique, mais aussi documentaire : esquisses, brouillons, notes et écrits théoriques. Pour faire un tel livre, l’artiste-créateur d’aujourd’hui doit s’appuyer sur toute la connaissance et tout le savoir-faire du livre. Il doit utiliser dans son travail tous les héritages traditionnels du livre créé par des artistes, typographes, graveurs, sculpteurs et artistes-théoriciens au cours des époques précédentes. La qualité du travail artistique proprement dit sur le livre est donc aujourd’hui primordiale. Les acteurs dans ce domaine arrivés depuis la fin du xxe siècle proposent ainsi de nouvelles règles de création du livre d’artiste. Cette génération sera porteuse des traditions précédentes, mais c’est elle qui développera le livre d’artiste pour le futur.
2/ Le livre dit unique remplace-il aujourd’hui le livre d’artiste édité ?
Le livre fait par l’artiste a un caractère unique ; c’est l’œuvre qui garde la présence de la main de son artiste-auteur. Selon les critères élaborés par Walter John Strachan, qui s’est basé sur la tradition française du livre d’artiste en France au xxe siècle (qu’il a examiné précisément entre les années 1940 et 1980), cette condition est principale pour le livre d’artiste. Nous ouvrons la polémique sur la question : qu’est-ce que le livre d’artiste comme œuvre d’art ? Comment distinguer le livre d’artiste des objets-livres production de « bricolage » et de « papeterie d’artistes » qui ne sont pas des œuvres d’art ? Comment les procédés techniques de nos jours (la numérisation par exemple) servent-ils à la conservation et la démonstration des livres-œuvres ? Les éditions des livres d’artiste ne servent-elles que pour donner une information sur l’œuvre originale ? Deux domaines – celui du travail artistique sur le livre et celui de la production promotionnelle – ne sont-ils pas en état de conflit ?
3/ Politique d’acquisition des livres d’artiste d’aujourd’hui par des collections publiques.
Pourquoi la politique d’acquisition de quelques institutions publiques (bibliothèques, FRAC, etc.) favorise plutôt des ouvrages d’artiste aux tirages illimités, ouvrages qui n’ont aucune réelle intervention de la main de l’artiste dans l’objet-livre ? Pourquoi, pour ces institutions, le livre d’artiste n’est-il plus considéré comme support de la création de l’œuvre d’art, mais seulement comme « porteur d’idées » ? Les adeptes de l’idéologie des livres [artist’s book] « à l’apparence ordinaire » lancée entre 1984 et 1997, ne se trouvent-ils pas actuellement en face d’une rupture avec la réalité des nouvelles tendances dans le domaine du livre d’artiste, et ce non seulement en France ? Comment surmonter l’inertie de cette idéologie qui essaie d’implanter dans l’art les pseudo-livres d’artiste ?
Cet appel à contribution s’adresse aux chercheurs dans le domaine de l’art et dans le domaine du livre d’artiste (son esthétique, son histoire) – doctorants, post-doctorants, artistes-créateurs, critiques, etc. – qui souhaitent présenter les tendances du xxie siècle.
La revue Ligature soutient les contributions des chercheurs qui déclarent l’autonomie réflective et méthodologique du livre d’artiste. La revue se distingue catégoriquement de deux visions contradictoires sur le livre d’artiste, dont l’une le rattache à la bibliophilie dite contemporaine et l’autre l’inscrit dans l’art conceptuel. La revue s’appuie sur les recherches scientifiques pluridisciplinaires menées au sein du « Laboratoire du livre d’artiste » depuis 2008 afin de pouvoir établir la future étude non pas pour réglementer le livre d’artiste, mais pour pouvoir présenter toute sa diversité, ses rapports avec les autres domaines des cultures et des sciences humaines.
La revue est ouverte également aux chercheurs des domaines sociologiques et économiques pour les analyses précises concernant une polémique autour de la diffusion des théories « scientifiques » de la fin du xxe siècle sur le livre d’artiste.
Conditions
Les propositions d’articles (résumé 500 mots maximum + biobibliographie) doivent parvenir avant le 15 mars 2014 par email (museedulivre@hotmail.fr). La sélection sera effectuée fin mars 2014 par le comité de rédaction de la revue.
Les textes des articles devront être rédigés (8 pages maximum) avant le 15 mai 2014 (date limite). Les matériaux photographiques (2 ou 3 maximum) doivent être libres de droits. Les textes des articles ne seront pas corrigés par la rédaction de la revue, la graphie originale sera gardée. La publication du numéro débutera en juin 2014.
Contacts :
Anna Samson, directrice de la publication
Serge Chamchinov, rédacteur en chef de la revue