Essai
Nouvelle parution
L'Occident vu de Russie : anthologie de la pensée russe de Karamzine à Poutine.

L'Occident vu de Russie : anthologie de la pensée russe de Karamzine à Poutine.

Publié le par Université de Lausanne (Source : m.niqueux@wanadoo.fr)

L'Occident vu de Russie : anthologie de la pensée russe de Karamzine à Poutine. L'Occident comme modèle à imiter, rattraper, dépasser, régénérer, ou rejeter ? 

choix, présentations et traductions par Michel Niqueux. préface par Georges Nivat, Institut d'études slaves, coll. " Bibliothèque russe de l'Institut d'études slaves, n° 134", 2016. EAN13 : 9782720405457.

À cheval sur l’Europe et l’Asie, qui l’envahirent à plusieurs reprises, sans héritage gréco-romain ou catholique, occidentalisée de force (dans ses couches supérieures) par Pierre le Grand qui, au début du XVIIIe siècle, « perça » une « fenêtre sur l’Europe », la Russie a fait de son rapport à l’Occident non seulement une question géopolitique, mais aussi existentielle et philosophique : il en va de son identité nationale, de son organisation sociale et politique, de son « âme » ou de sa « civilisation », et du lien de celle-ci avec les « valeurs universelles » des Lumières. Dès le début du XIXe siècle, écrivains et penseurs russes débattent, et se divisent, sur les voies du développement de la Russie : faut-il protéger la Russie du poison européen de l’athéisme et de la dépravation (M. Magnitski, 1820), sauver l’Europe de la décadence (A. Kraïevski, 1837), ou devenir des Russes d’esprit européen (V. Biélinski, 1841), et suivre le même chemin que l’Europe occidentale, en nous gardant de ses erreurs (N. Dobrolioubov, 1859), pour ensuite la rattraper et la dépasser comme le voulaient les bolcheviks ? La « révolution conservatrice » actuelle, qui se développe en réaction à la perestroïka, avec son anti-occidentalisme, la dénonciation de la décadence de l’Occident « pourri »le rejet du modèle libéral-démocratique pour une voie russe originale, ou eurasienne (A. Douguine, 2011), ne peut être comprise sans remonter aux débats de la première moitié du XIXe siècle, qui restent d’une étonnante actualité.

Sans équivalent dans quelque langue que ce soit, cette anthologie, avec ses nombreux textes traduits pour la première fois en français, ses notices de présentation qui la rendent accessible au grand public, son absence de parti pris, permettra d’avoir du rapport intellectuel ou idéologique de la Russie à l’Occident une vue étendue et approfondie (140 auteurs, qui reflètent beaucoup mieux une réalité complexe et variée que les quelques dizaines de noms auxquels on se réfère d’habitude). Sur plus de deux siècles, on pourra suivre l’évolution d’idées antagonistes issues d’une part des Lumières françaises (droits de l’homme, État de droit, démocratie, principe individuel, cosmopolitisme), d’autre part du romantisme allemand (génie national, individualité nationale, idéalisme), et la permanence de mythes historiosophiques qui fondent l’altérité de la Russie et sa mission salvifique ou régénératrice. Cet ouvrage est nécessaire à tous ceux qui s’intéressent à la Russie présente ou passée ou qui veulent suivre le destin des idées européennes sur le sol russe.

Michel Niqueux est professeur émérite de l’Université de Caen Normandie.

PLAN

Préface. Georges Nivat, La pensée russe et son double

Sommaire

Introduction. L’Occident : un problème philosophique pour la Russie

I - La question de l'imitation (premier quart du XIXe siècle)

Nicolas Karamzine : des Lumières au conservatisme

« La Russie ne doit plus être l'élève de l'Europe »

II. La construction idéologique de la différence Russie-Occident et le messianisme russe

(deuxième quart du XIXe siècle)

La recherche d'une identité nationale, autour de S. Ouvarov et du Ministère de l'Instruction publique

Mikhaïl Pogodine ; Nicolas Gogol

Les slavophiles et la « maladie » de l'Occident

Ivan Kiréievski ; Alexis Khomiakov ; Iouri Samarine

L’Occident pourri(t)

III - Les Russes européens (années 30-50 du XIXe siècle)

Piotr Tchaadaev, l’iconoclaste

Vissarion Biélinski :  Des rapports du national à l’universel

Alexandre Herzen, un occidentaliste désenchanté

IV - La grande controverse : orthodoxie et « latinisme »

(deuxième moitié du XIXe siècle)

Rejet du « latinisme » (Fiodor Tiouttchev ; Alexis Khomiakov)...

...ou attrait pour le catholicisme : Vladimir Soloviev et l’union des Églises

Alexandre Kiréiev et les vieux-catholiques

V - Nationalisme et européisme : variations sur de vieux thèmes

 (deuxième moitié du XIXe siècle)

Konstantin Aksakov ; Ivan Aksakov : civilisation ou lumières ?

Nicolas Strakhov : l’enracinement dans le sol russe

Le personnalisme de Konstantin Kaviéline

Le nationalisme universaliste de Dostoïevski

Nicolas Danilevski et le rejet de l’européocentrisme

Konstantin Léontiev, contre le cosmopolitisme niveleur

Vladimir Soloviov : l’universalisme chrétien contre le nationalisme

VI - Au tournant du siècle : entre le marxisme et l’idéalisme

Le populisme russe : comment éviter le capitalisme ?

Le marxisme, stade suprême de l’occidentalisme ?

Nicolas Berdiaev et la synthèse messianique de l’Orient et de l’Occident

La Russie dans la guerre européenne

VII - De l’internationalisme au national-bolchevisme

(1917-1987)

« Rattraper et dépasser l’Amérique »

De l’internationalisme au national-bolchevisme

Le jdanovisme : la campagne contre le « servilisme face à l’Occident » et le « cosmopolitisme »

VIII- Dans l’émigration : à l’épreuve de l’Europe

L’eurasisme ; Nicolas Troubetzkoy

Autour du Déclin de l’Occident de Spengler

Les penseurs religieux et la rencontre avec l’Occident

IX - Perestroïka et contre-perestroïka

« Maison européenne commune » ou Eurasie ?

Avant la perestroïka : des voix indépendantes

La perestroïka. Mikhaïl Gorbatchov

Le néo-eurasisme ; une révolution conservatrice

Adieu à l’Europe ? Que faire ?

Annexes

Notice sur la traduction de civilisation et de culture.

Bibliographie

Index thématique

Index des noms de personnes

Table des illustrations

 

m.niqueux@wanadoo.fr

http://institut-etudes-slaves.fr/