Questions de société
Affaire de Strasbourg: communiqué de Sud Education UdS -13/06/12.

Affaire de Strasbourg: communiqué de Sud Education UdS -13/06/12.

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Sud Éducation Université de Strasbourg)

[Annulations de recrutements de maîtres de conférences ou de professeurs (Strasbourg, Aix, Clermont-Ferrand) - dossier]

 

Communiqué de Sud Education UdS du 13 juin 2012.


Le 30 mai dernier, le Conseil d’Administration de l’Université de
Strasbourg a décidé de ne pas valider le classement proposé par le
comité de sélection pour le poste de professeur de littérature française
du XVIe siècle qui était mis au concours ce printemps 2012. Cette
décision, qui malheureusement n'est pas sans précédent à l'UdS pour les
sciences humaines et sociales, constitue une illustration supplémentaire
des effets délétères de la loi LRU dans notre établissement et des
menaces qu’elle fait peser sur les libertés académiques.

La jurisprudence du Conseil d’Etat a récemment confirmé que les CA
d’université n’avaient pas le pouvoir de modifier ou d’inverser un
classement (car cela reviendrait à s’arroger des fonctions de jurys qui
ne sont pas les leurs), mais qu’ils conservaient celui de le refuser en
bloc. Encore faut-il qu’une telle décision soit motivée, en l’espèce par
la non adéquation manifeste de l’ensemble des personnes classées avec
les objectifs de l’enseignement et de la recherche dans la discipline et
pour l’Université concernée. A Strasbourg, force est de constater qu’on
ne se situe pas du tout dans ce cas de figure. L’unique argument servant
de justification à l’invalidation est que le poste était publié sous
l’article 46.3 : or cet article réserve simplement le concours à des
personnels qui ont plus de 10 ans d’ancienneté dans un établissement
(condition que remplit le candidat classé premier par le comité), mais
il ne crée aucunement un privilège de situation pour un candidat local,
et cela les administrateurs le savent parfaitement.

Cette décision constitue un camouflet pour le comité de sélection,
composé pourtant de spécialistes reconnus et dûment validé par le même
CA quelques mois plus tôt. Elle est une sanction arbitraire pour le
candidat classé premier, dont l’élection au rang de professeur et donc
la promotion partent en fumée. Elle s’apparente à une menace exercée
contre tous les comités de sélection, dans toutes les disciplines
représentées à l’UdS, qui dans l’avenir choisiraient de s’affranchir des
« recommandations » officielles et feraient l’erreur de privilégier les
seuls critères d’excellence scientifique dans leur choix. Elle est
également en contradiction avec les engagements pris publiquement par le
VP RH de reconduire, soit au fil de l’eau, soit à la campagne de l’année
suivante, les postes qui, faute de candidats valables ou pour des
raisons de procédure, n’auraient pas été pourvus. Elle menace d’un
déclin irréparable l’enseignement de la littérature du XVIe siècle dans
notre Faculté des Lettres, qui se trouverait privée d’un poste de
professeur dont la nécessité est reconnue depuis plusieurs années.

Sud Education UdS s'insurge contre ces méthodes autoritaires, et demande
instamment au CA de l’Université de Strasbourg de revenir sur cette
décision inique.