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Événements & colloques
Adorno en France (Paris Nanterre)

Adorno en France (Paris Nanterre)

Publié le par Marc Escola (Source : Thomas Franck)

Programme des journées franco-allemandes « Adorno en France »

Université Paris Nanterre, Bâtiment Max Weber, Salle de séminaire 1

21 et 22 juin 2018

Organisation : Thomas Franck (GENACH ULiège/HU Berlin)

et Jean-Baptiste Vuillerod (Sophiapol Paris Nanterre)

 

Jeudi 21 juin

10h 

Accueil des participants

10h20-10h30 

Mots introductifs des organisateurs et de Christian Berner

10h30-12h 

Première table ronde : « Politiques de la Théorie critique »

Présidence : Christian Berner

Julia Christ : « 1933 – 1940 : même rupture ? La philosophie d’Adorno prise au piège de la continuité politique française »

Thomas Franck : « Croisements et interférences entre les dialectiques adornienne et goldmannienne : de la Dialektik der Aufklärung aux Recherches dialectiques »

12h13h30 

Repas

13h30-15h 

Deuxième table ronde : « Les conférences de Paris »

Présidence : Joana Desplat-Roger

Alain Patrick Olivier : « L’étranger et l’obscur dans la langue philosophique d’Adorno »

Danilo Scholz : « Adorno au Collège de France »

15h-15h30

Pause-café

15h30-17h 

Troisième table ronde : « Esthétiques et traductions selon Adorno »

Présidence : Joana Desplat-Roger

Mark Potocnik : « Zurückübersetzen. Adornos Spätstil »

Grégory Cormann : « Notes sur les Notes sur Beckett »

 

Vendredi 22 juin

10h-12h 

Quatrième table-ronde : « Problématiser la pensée française sous le prisme du dialogue adornien »

Présidence : Thomas Franck

Lucie Wezel : « Lyotard lecteur d’Adorno »

Jean-Baptiste Vuillerod : « Adorno et Löwith : deux interventions françaises contre Heidegger »

Frank Müller : « Correspondances critiques : Minder et Adorno contre le jargon ontologisant »

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Adorno en France
Journées d’étude franco-allemandes (GENACH Université de Liège/Sophiapol Paris Nanterre)

Paris – Juin 2018

Adorno in Frankreich

Deutsch-französische Studientage (GENACH Université de Liège/Sophiapol Paris Nanterre)

Paris – Juni 2018

 

Organisateurs : Thomas Franck (GENACH Université de Liège/Humboldt Universität zu Berlin), Jean-Baptiste Vuillerod (Université Paris Nanterre/Sophiapol)

 

Les études adorniennes connaissent actuellement dans le domaine francophone un intérêt croissant, mais s’il est vrai que la pensée d’Adorno a été reçue tardivement en France, et de manière parcellaire – en distinguant notamment ses travaux de sociologie, d’esthétique et de philosophie –, il serait inexact de considérer qu’elle ait été complètement ignorée de son vivant. Ses liens avec plusieurs revues françaises telles que Diogène, Mercure de France, Preuves, Communications et Arguments ainsi qu'avec des personnalités comme Edgar Morin, Kostas Axelos, Lucien Goldmann et d’autres, montrent qu’il a en réalité innervé certaines tendances de la pensée française dès les années 1950. De plus, ses interventions à la Sorbonne en 1958 et au Collège de France en 1961 témoignent d’une prise en compte véritable du champ intellectuel français, particulièrement de l’importance en son sein de la philosophie de Heidegger, qui s’est révélée décisive pour l'évolution de la pensée du philosophe francfortois et pour l’élaboration de La Dialectique négative.

L'échange et le dialogue qui se sont construits entre Adorno et la France ne se résument nullement à une simple réception ou à une actualisation de sa théorie critique. Les pratiques naissant en France dans la continuité, plus ou moins conflictuelle, de ses interventions parisiennes, subissent très vite des orientations singulières, que l'on pense par exemple à la pratique du fragment moral dans Arguments ou à la fascination sémio-anthropologique pour l'industrie culturelle et les communications de masse qui se développe, autour de Morin, Barthes et Friedmann, dans Communications. Entre une radicalisation de la critique de l'industrie culturelle dans la continuité de la critique adornienne et une réaction réformiste à celle-ci, les évolutions du champ intellectuel français rendent possibles toute une série de déplacements permettant d'évaluer la portée du dialogue avec la philosophie francfortoise et d'une certaine surdité à celle-ci.

En retour, le rapport qui s'est progressivement construit entre le philosophe allemand et Paris  constitue un élément clef de sa pensée et de son œuvre, une forme d'espace propice au recul critique et à la réflexion philosophique. Transitant presque systématiquement par Paris lorsqu'il se rend à l'étranger ou lorsqu'il en revient, Adorno trouve en effet une forme de sérénité intellectuelle et un refuge pour la pensée apatride des Minima Moralia. Les passages successifs d'Adorno à Paris s'inscrivent dans des contextes sociopolitiques très différents et doivent être pensés dans leur singularité, comme autant de rapports d'une pensée – elle-même mouvante – à une historicité et à une géographie en mutation. Comment dès lors repenser la chronologie de l'œuvre adornienne à l'aune de ces différents moments parisiens, des interlocuteurs qu'il y rencontre et qui influencent ses orientations et intérêts théoriques ? En quoi certains contacts – que l'on pense sommairement à Jean Wahl et Georges Bataille en 1937, à Michel Leiris et René Leibowitz en 1951 ou encore à Samuel Beckett en 1958 – ont pu influer sur sa pensée ou au contraire illustrent une forme d'altérité et d'isolement du champ artistique français par rapport au champ philosophique allemand, ces moments parisiens permettant de mettre au jour les déplacements, les retournements, les inquiétudes et les intérêts intellectuels, parfois contradictoires, d'Adorno ? Dans le même temps, Paris restera pour lui d'une extrême importance en ce qu'elle a vu se succéder les réceptions les plus ambivalentes et originales des philosophes allemands, de Hegel à Heidegger, en passant par Marx, Schopenhauer et Nietzsche, autant d'interlocuteurs et de contradicteurs fondamentaux de la Théorie critique francfortoise. Les conférences au Collège de France constituent une véritable phase de préparation, d'expérimentation et de confrontation des idées fondatrices de la Dialectique négative, les trois conférences, prononcées en français, constituant en effet les bases de plusieurs parties de l'œuvre majeure du philosophe.

Ce sont ces différents aspects du rapport entre Adorno et la France que nous voudrions approfondir, en nous intéressant à sa réception de son vivant, c'est-à-dire aux interventions parisiennes d’Adorno et à ses relations, professionnelles et personnelles, avec les intellectuels français dans les années 1950 et 1960, mais également à sa réception posthume. Nous proposons donc d'investiguer, dans le cadre de ces journées d'étude, deux axes principaux de réflexion :

  • Un premier axe entend interroger la manière dont le champ intellectuel français, des informations et communications de masse à la sémiologie structurale en passant par les pratiques littéraires du Nouveau Roman, se développe en rapport et/ou en réaction, voire de manière indifférente, à la progressive réception d'Adorno en France. En quoi ses interventions, ses traductions et les commentaires dont il fait l'objet sont-ils les moteurs ou les freins de pratiques intellectuelles singulières en France ?
  • Dans la directe continuité de ce premier axe, les interventions françaises d'Adorno doivent selon nous être pensées à la fois comme des aboutissements en soi et comme des relances d'une pensée dialectique et dynamique. Il convient dès lors d'adopter un double point de vue sur les productions intellectuelles du philosophe ou influencées par lui : l'un qui étudie les productions dans leurs singularités, contextuelles, philosophiques, spatio-temporelles, et l'autre qui s'attache à ancrer chacune d'elles dans un processus philosophique plus large, englobant toutes les pratiques et les matérialités du discours, de la correspondance à l'ouvrage publié en passant par l'échange informel et la conférence publique, afin de comprendre l'importance qu'occupent les dialogues franco-allemands dans l'œuvre adornienne.  

 

Präsentation des Tages

Die Adorno-Forschung findet derzeit wachsendes Interesse im französischsprachigen Raum. Zwar wurde Adornos Denken in Frankreich spät und immer stückweise rezipiert, wobei vor allem seine Arbeiten zur Soziologie, Ästhetik und Philosophie herauszuheben sind, aber es wäre doch verfehlt zu glauben, dass es zu seinen Lebzeiten völlig übergangen worden wäre. Seine Beziehungen zu verschiedenen französischen Zeitschriften wie Diogène, Mercure de France, Preuves, Communications und Arguments sowie zu Gelehrten wie Edgar Morin, Kostas Axelos, Lucien Goldmann und anderen bezeugen, dass er in der Tat bestimmte Tendenzen des französischen Denkens bereits seit den 1950er Jahren stimuliert hat. Überdies legen seine Auftritte in der Sorbonne 1958 und im Collège de France 1961 Zeugnis ab von seiner Auseinandersetzung mit den intellektuellen Kreisen Frankreichs und insbesondere mit der Bedeutung der Heidegger’schen Philosophie für sie, mit einem Denken also, das sich ja als so entscheidend für die geistige Entwicklung des Frankfurter Philosophen und für die Erarbeitung der Negativen Dialektik erwiesen hat.

Der Austausch und Dialog, der sich zwischen Adorno und Frankreich entfaltete, ist freilich keineswegs auf eine einfache Rezeption beziehungsweise eine Aktualisierung seiner kritischen Theorie beschränkt. Die Praktiken, die in Frankreich in der mehr oder weniger konfliktgeladenen Kontinuität seiner Pariser Auftritte entstanden, entwickelten sich sehr rasch in ganz spezifische Richtungen  – man denke nur an die Fragment-Praxis in Arguments oder an die semio-anthropologische Faszination gegenüber der Kulturindustrie und der Massenkommunikation, wie sie sich um Intellektuelle wie Morin, Barthes und Friedmann in der Zeitschrift Communications herausbildete. Zwischen der Radikalisierung der Kritik an der Kulturindustrie in der Nachfolge der Adorno’schen Kritik und einer reformistischen Reaktion auf dieselbe, zeigen die Entwicklungen im französischen Denken eine ganze Reihe von Verwerfungen, die es ermöglichen, die Bedeutung des Dialogs mit der Frankfurter Philosophie und einer gewissen Taubheit ihr gegenüber richtig einzuschätzen.

Im Gegenzug bildet die Beziehung, die sich allmählich zwischen dem deutschen Philosophen und Paris geknüpft hat – einer Stadt übrigens, die er als unbedeutend im derzeitigen industriellen und rationellen Entwicklungsprozess der modernen Gesellschaft ansah – , ein Schlüsselelement  seines Denkens und Werkes und stellt gewissermaßen einen Raum bereit, der kritischen Abstand und philosophische Reflexion fördert. Praktisch jede seiner Auslandsreisen führt über Paris, wo er in der Tat eine Form intellektuell heiterer Gelassenheit und geistiger Obhut für das „staatenlose“ Denken zu seinen Minima Moralia vorfindet. Adornos Pariser Aufenthalte schreiben sich in sehr verschiedenartige sozio-politische Kontexte ein und müssen in ihrer je eigenen Besonderheit gesehen werden, und zwar als Verbindungen eines selbst in Bewegung befindlichen Denkens zu einer jeweils anders sich darbietenden historischen und geografischen Situation. Wie also soll die Chronologie des Adorno’schen Werkes im Lichte der verschiedenen Pariser Aufenthalte und unter Berücksichtigung der jeweiligen Pariser Gesprächspartner, die seine theoretischen Ansichten und Interessen geprägt haben, neu überdacht werden? Inwieweit beeinflussten bestimmte Kontakte – wie etwa zu Jean Wahl und Georges Bataille 1937, zu Michel Leiris und René Leibowitz 1951 oder auch zu Samuel Beckett 1958 – möglicherweise sein Denken oder bezeugen im Gegenteil die Alterität beziehungsweise Isolation der französischen Kunstszene im Verhältnis zur deutschen Philosophie? So befragt, könnten vielleicht die Pariser Aufenthalte die bisweilen widersprüchlichen Verwerfungen, Umschwünge, Unsicherheiten und die intellektuellen Interessen Adornos neu beleuchten. Paris bleibt für ihn außerordentlich wichtig, weil ja dort die zwiespältigste und auch originellste Rezeption der deutschen Philosophie stattfand, von Hegel bis Heidegger über Marx, Schopenhauer und Nietzsche, also all der Denker, mit denen die Frankfurter kritische Theorie in Diskussion und Widerspruch steht. Die Vorträge im Collège de France stellen eine echte Phase der Vorbereitung, des Ausprobierens und des Gegeneinanderhaltens der Grundideen der Negativen Dialektik dar, zumal ja die drei in französischer Sprache gehaltenen Vorträge die jeweilige Basis mehrerer Teile dieses Adorno’schen Hauptwerks bilden.

All diese verschiedenen Aspekte des Verhältnisses zwischen Adorno und Frankreich wollen wir vertiefen und dabei seine Rezeption zu Lebzeiten genauer erforschen, das heißt seine Pariser Auftritte und seine beruflichen und persönlichen Beziehungen zu den französischen Intellektuellen in den 1950er und 1960er Jahren; aber darüberhinaus soll auch seine posthume Rezeption untersucht werden. Wir schlagen folglich vor, im Rahmen dieser Studientage die Reflexion in zwei Hauptrichtungen zu lenken:

  • Eine erste Fragestellung richtet sich auf die Art und Weise, wie die französische Intellektuellenszene sich im Verhältnis beziehungsweise in Reaktion oder gar Gleichgültigkeit gegenüber der sich intensivierenden Rezeption Adornos in Frankreich entwickelt, und zwar von der Masseninformation und kommunikation über die Praktiken des Nouveau Roman bis hin zur strukturalen Semiologie. Inwieweit sind seine Auftritte, die Übersetzungen seiner Schriften und die Kommentare zu seinem Werk Antrieb beziehungsweise Hemmschuh der jeweiligen intellektuellen Strömungen in Frankreich gewesen?
  • Im direkten Anschluss an diese Fragestellung sollten die französischen Auftritte Adornos unseres Erachtens zugleich als in sich abgeschlossene Denkprozesse und als Neuanstöße zu einem dynamischen dialektischen Denken reflektiert werden. Daher gilt es, seine und die von ihm beeinflussten intellektuellen Arbeiten unter zweierlei Gesichtspunkten zu untersuchen: einerseits durch die Erforschung der Abhandlungen in ihrer je eigenen kontextuellen, philosophischen, raum-zeitlichen Singularität und andererseits durch ihre jeweilige Verortung im weiteren Raum der philosophischen Entwicklung, wobei sämtliche konkrete Praktiken des Diskurses, des Verhältnisses zum publizierten Werk, des formlosen Austauschs und der öffentlichen Rede mit einbezogen werden sollten, um zum Verständnis für die Bedeutung der deutsch-französischen Dialoge für Adornos Werk zu gelangen.

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Bibliographie sélective

Abensour (Miguel), « Malheureux comme Adorno en France ? », in Variations, n° 6 (La Théorie critique. Héritages hérétiques), Lyon, Parangon/Vs, 2005.

Abensour (Miguel) et Muhlmann (Géraldine), L’École de Francfort : la Théorie critique entre philosophie et sociologie, Tumultes, n° 17-18, Paris, Kimé, 2002.

Adorno (Theodor W.), Société : Intégration, Désintégration, Paris, Payot, coll. « Critique de la politique », 2016.

Franck (Thomas), « L'adornisme français des années 1950 », in Cahiers du GRM, n°12 (Matérialités et actualité de la forme revue), 2017.

Franck (Thomas), « The Reception of Adorno's Critical Theory in France. From the Hegelian Conception of Totality to the Critique of Heidegger's Ontology », mai 2018, URL : https://orbi.uliege.be/handle/2268/222744

Jameson (Fredric), The Ideologies of Theory, London, Verso, 2008.

Jimenez (Marc), Theodor W. Adorno : art et idéologie. La théorie de l'art, Paris, Union générale d'éditions, coll. « 10/18 », 1973.

Kogler (Susanne), « Adornos Musikphilosophie in Frankreich », in Musik und Ästhetik, n°64, Stuttgart, Klett-Cotta, 2012, p. 88-96.

Langlet (Irène), « Inactualités des Mythologies ? », in Marielle Macé et Alexandre Gefen dir., Barthes, au lieu du roman, Paris, Desjonquères-Nota Bene, 2002, p. 127-132.

Olivier (Alain-Patrick), « La réception d’Adorno dans les institutions françaises d’enseignement : musicologie, sociologie, métaphysique », in Illusio, n° 12-13, 2014.

Raulet (Gérard), « L’appel de l’histoire. La théorie critique de l’école de Francfort face au contexte français », in Philosophiques, vol. 9, n° 1, 1982, p. 163-174.

Scholz (Danilo), « Tout seul dans le pays de l’heideggérianisme. Adorno conférencier au Collège de France », in Giuseppe Bianco et Frédéric Fruteau de Laclos (éds.), L’angle mort des années 1950. Philosophie et sciences humaines en France, Paris, Publications de la Sorbonne, coll. « La philosophie à l’œuvre », 2016.

Voirol (Olivier), « La Théorie critique des médias de l’École de Francfort : une relecture », in Mouvements, n° 61 (Critiquer les médias ?), Paris, La Découverte, 2010.

Voirol (Olivier), « Présentation », in Réseaux, n°166 (Revisiter Adorno), Paris, La Découverte, 2011, p. 9-28.

Wiggershaus (Rolf), Die Frankfurter Schule. Geschichte, Theoretische Entwicklung, Politische Bedeutung, München, Carl Hanser, 1986.