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11e séminaire du TIGRE, Lire les imprimés et les estampes comme des objects culturels :Les écrivains et l'estampe

11e séminaire du TIGRE, Lire les imprimés et les estampes comme des objects culturels :Les écrivains et l'estampe

Publié le par Université de Lausanne (Source : Evanghelia Stead)

11e séminaire du TIGRE, Lire les imprimés et les estampes comme des objects culturels :Les écrivains et l'estampe

Le séminaire du TIGRE reprend son cycle «Lire les imprimés et les estampes comme des objets culturels» avec une séance consacrée à deux écrivains majeurs, leur intérêt pour l'estampe et son emploi, Jean-Jacques Rousseau et Charles Baudelaire, grâce à deux chercheurs en dialogue : Nathalie Ferrand, chercheur au CNRS qui a consacré de nombreux travaux à l'estampe et l'illustration, et Claire Chagniot, auteur d'un livre récent sur Baudelaire et l'estampe.

Nathalie Ferrand (CNRS), «Rousseau et l’estampe»

« Génial regardeur d’estampes » (Cl. Labrosse), Rousseau eut longtemps la passion de cet art considéré comme mineur. Lui qui goûtait peu la peinture, à la différence de Diderot, appréciait beaucoup les estampes, non seulement dans leur perfection finale mais aussi dans leur élaboration progressive, depuis le dessin donné par l’artiste jusqu’au dernier tirage, en passant par les états divers des épreuves réalisées par les graveurs qu’il conservait précieusement. Ce goût donna à l’œuvre de Rousseau une physionomie très particulière, qui conditionna le rapport que le public du XVIIIe siècle eut avec ses textes et dont nous prenons la mesure dès que nous sommes mis en présence des éditions d’époque. L’histoire du rapport de Rousseau à l’image et à l’illustration de ses œuvres est longue et complexe. L’épisode souvent commenté de son étroite collaboration avec Gravelot pour les planches de La Nouvelle Héloïse est l’un de ces moments mais il n’est pas le seul. On se propose d’envisager ce sujet entre les débuts de la carrière d’écrivain de Rousseau, depuis les premiers Discours jusqu’à ce moment de 1767 où il dit renoncer à cette passion et se sépare de son portefeuille d’estampes. Seront envisagés des textes au statut générique très différent (philosophiques, pédagogiques, littéraires), mais qui ont tous en commun d’avoir été pensés pour l’image.

Claire Chagnot (Docteur en Lettres, Paris IV Sorbonne), «Baudelaire et l’estampe»

Quel regard Baudelaire, poète et critique de l’art de son temps, posa-t-il sur l’estampe ? Quelles interrogations les images imprimées firent-elles naître ? Après s’être passionnées pour ce sujet avec l’essai fondateur de Jean Prévost Baudelaire. Essai sur la création et l’inspiration poétiques (1953), les études baudelairiennes s’en étaient peu à peu détournées. L’enquête a été reprise, sur de nouveaux frais et dans une perspective globale : explorer l’ensemble des usages baudelairiens de l’estampe. On en présentera quelques résultats. Baudelaire promoteur de l’eau-forte contemporaine d’abord, dont la mère distribua, après sa mort, la collection à ses amis. On verra qu’à travers la gravure d’avant-garde, c’était au gouvernement de la fantaisie et à une poétique affranchie des règles que songeait Baudelaire en 1862. Quant à ses essais sur les caricaturistes (1857) et aux projets sur « l’art philosophique » et sur les « Peintres de mœurs » (1861-1862), ils mettent à l’épreuve le sens des images gravées, que les poèmes, en vers ou en prose, interrogent eux aussi. Le processus s’inverse dans le frontispice que Baudelaire voulut donner à la deuxième édition des Fleurs du mal. L’histoire de cet échec touche à deux de ses préoccupations : l’interrogation sur les rapports des images et des textes, et une conception bien affirmée de la forme du livre.