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Territoire, tension et tabou : le Canada en crise (Brême, Allemagne)

Territoire, tension et tabou : le Canada en crise (Brême, Allemagne)

Publié le par Marc Escola (Source : Jody Danard)

Appel à contribution pour la 21ème conférence du Forum de la relève de l’Association d’études canadiennes dans les pays germanophones

Territoire, tension et tabou : le Canada en crise

Université de Brême, 10 et 11 octobre 2024

Le territoire en tant que concept historique, juridique, géographique ou culturel est devenu un lien interdisciplinaire essentiel dans le champ des études canadiennes. Selon le contexte, le territoire a été dépeint comme vaste, vide, conquis, annexé, inexploré, construit, revendiqué ou imaginé, pour ne citer que quelques adjectifs. Cette conférence vise à explorer différents aspects du territoire à travers le prisme de la tension et du tabou. Cela comprend les tensions territoriales qui ont éclaté en conflits publics qui dominent le discours populaire canadien (par exemple la crise d'Oka, le convoi de la liberté en 2022, etc.), ou les confrontations territoriales traitées comme taboues, dissimulées ou autrement occultées par la réputation internationale du Canada en tant que nation accueillante et multiculturelle (par exemple la taxe d'entrée chinoise, l'histoire de l'esclavage au Canada, etc.). La conférence proposera des panels thématiques pour les projets plus avancés ainsi qu'un forum ouvert pour les projets de recherche en élaboration. Nous invitons donc les chercheurs et chercheuses émergent.e.s de tous niveaux à partager leurs travaux sur les crises territoriales complexes qui se produisent à l'intérieur et entre les nombreux territoires qui se chevauchent et sont contestés, et qui constituent l'espace connu aujourd'hui comme le Canada.

Les terres situées à l'intérieur des frontières géopolitiques actuelles du Canada portent les traces de nombreux conflits. Les frontières géographiques ont été (re)tracées à la suite de différents traités et de l'adoption de la loi sur les Indiens, qui a créé des réserves et a déplacé et exclu les Premières nations, les Métis et les Inuits de leurs terres ancestrales. De nombreuses communautés autochtones, de l'Atlantique à l'Arctique en passant par le Pacifique, continuent de résister et de s'opposer à l'État-nation canadien. L'héritage de l'expansion coloniale violente vers l'ouest et le nord, les politiques d'immigration racistes et la suprématie blanche omniprésente viennent dès lors contredire la tolérance et le multiculturalisme réputés du Canada. De nombreuses injustices historiques et actuelles restent occultées et taboues au sein de la société euro-canadienne dominante. À titre d’exemple, les participant.e.s potentiel.les pourraient s'engager dans toutes les intersections possibles de la race, du genre, de la classe, de (l'in)capacité, de l'orientation sexuelle et au-delà, en examinant comment les territoires qui constituent le Canada ont été et continuent d'être contestés, (ré)imaginés et (re)définis sur le plan géographique, écologique, politique, juridique ou culturel.

Comme l'illustre la devise du Canada, "le vrai Nord, fort et libre", le territoire est une composante fondamentale de l'identité nationale canadienne, étroitement liée au colonialisme et au capitalisme. En effet, l'expansion territoriale euro-canadienne a été facilitée en grande partie par l'extraction et l'exportation des ressources naturelles du Nord, qui se poursuivent encore aujourd'hui. Historiquement lié à ces structures de pouvoir, le réchauffement climatique exacerbe les inégalités socio-écologiques au Canada, tout en menaçant l'identité nordique de l'État-nation. Le "vrai Nord" n'est qu'un des nombreux imaginaires territoriaux qui servent de champs de négociation de l'identité canadienne. D'autres configurations construites du territoire au Canada (par exemple, urbain-suburbain-rural-réserve, civilisation-espaces sauvages, Québec-Reste du Canada (RdC), etc.) représentent des espaces dans lesquels les crises sont abordées et/ou dissimulées. En se concentrant sur ces différents contextes, les participant.e.s pourraient discuter de la manière dont les injustices et les inégalités sont rendues taboues ou autrement ignorées dans les discours culturels et politiques populaires, compte tenu de leur potentiel de déstabilisation des territoires physiques et idéologiques de l'État-nation canadien.

Nous nous intéressons à toutes les articulations possibles du territoire et invitons les étudiants de licence, de maîtrise et de doctorat à soumettre des propositions dans toutes les disciplines liées aux études canadiennes (par exemple, les études linguistiques, littéraires et culturelles francophones et anglophones, les études autochtones, l'histoire, les sciences politiques, la sociologie, la géographie, l'économie, les études queer, les études de genre, les études sur la diversité, les études environnementales, etc.)

Parmi les thèmes proposés, on peut citer, sans s'y limiter, les suivants :

  • Le territoire dans les productions littéraires et culturelles
  • Les revendications territoriales et les conflits territoriaux dans une perspective diachronique ou synchronique
  • Souveraineté et juridictions des Premières nations, des Métis et des Inuits
  • Souverainetés et juridictions provinciales
  • Frontières entre le Canada et les Premières nations
  • Frontières Canada-États-Unis, Canada-Danemark/Groenland, Canada-France ; frontières provinciales
  • L'Anthropocène ; impacts de la crise climatique sur les territoires
  • Les droits queer/LGBTQIA+ au Canada et dans les différentes provinces
  • Formes de nationalisme au Canada : Nationalismes autochtones ; nationalisme canadien (blanc) ; nationalisme québécois
  • Politiques linguistiques du Canada et frontières linguistiques
  • Histoire de l'esclavage au Canada et ses conséquences
  • Migration (forcée ou volontaire) à l'intérieur/à destination/en provenance du Canada

La conférence se déroulera en personne à l'Université de Brême en Allemagne. Veuillez soumettre des résumés de max. 300 mots et une courte note biographique de max. 150 mots à l'adresse courriel suivante : esfconference2024@gmail.com. Les soumissions doivent être reçues avant le 30 avril 2024 et peuvent être rédigées en anglais ou en français.

Les confirmations d'acceptation seront envoyées au plus tard le 31 mai 2024.

Veuillez noter que nous offrirons également un forum ouvert pour la discussion des projets de recherche en cours liés au thème de la conférence. Nous encourageons tout particulièrement les étudiants de niveau licence à soumettre leurs projets, car il s'agit d'un espace ouvert et non compétitif. Les participant.e.s qui souhaitent prendre part au forum ouvert peuvent envoyer un résumé de 300 mots (15-20 minutes) pour les projets plus avancés, ou un résumé de 250 mots (7- 12 minutes) pour les projets nouvellement commencés.
 
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