Essai
Nouvelle parution
Jacques Bouveresse, La Passion de l'exactitude

Jacques Bouveresse, La Passion de l'exactitude

Publié le par Gabrielle Veillet

Préface de Florence Vatan.

Jacques Bouveresse interroge la philosophie, sa légitimité et son sens, à partir de l’œuvre de l’écrivain Robert Musil.

Musil dit de la littérature qu'elle utilise des connaissances, mais n'en produit pas de spécifiques. Il admet en revanche que certaines philosophies réussissent à nous procurer une connaissance ; d'autres agissent sur l'esprit d'une façon qui ressemble davantage à celle de certaines œuvres littéraires.

Pourquoi Jacques Bouveresse (1940-2021) s'est-il autant intéressé à Robert Musil (1880-1942), un écrivain bien éloigné de la philosophie traditionnelle ? Ils partageaient sans nul doute une grande indépendance, un attrait pour la philosophie des chemins de traverse, une profonde méfiance à l'égard des modes et une préoccupation pour les notions de vérité et de croyance. Jusqu'à la fin de sa vie, Bouveresse aura défendu l'idée que Musil était un penseur utile dans les temps obscurs et incertains où nous vivons. Dans ce texte inédit, il en profite pour opérer un retour critique sur sa propre discipline et s'interroge autant sur son sens que sur sa légitimité.

Lire sur Fabula l'Avant-Propos de Florence Vatan…

On peut lire sur en-attendant-nadeau un article sur cet ouvrage :

"Bouveresse, Musil et la philosophie", par Pascal Engel (en ligne le 30 janvier 2024)

Ce court essai posthume vient, nous dit dans sa préface Florence Vatan, l’une des meilleures spécialistes de Musil, de conférences que donna Jacques Bouveresse en 2008 et 2010. Il y décrit son attitude ambivalente à l’égard de la philosophie de son temps. On ne peut s’empêcher de penser que Bouveresse formule, à travers le prisme de Musil, ses propres diagnostics sur son époque.

Né en 1940, mort en 2021, Jacques Bouveresse est un philosophe rationaliste dont les principales influences sont Ludwig Wittgenstein, dont il est un des plus importants commentateurs en France, le cercle de Vienne et la philosophie analytique. Élu au Collège de France en 1995, il en est devenu professeur honoraire en 2010. Ses domaines d’étude sont la philosophie de la connaissance, des sciences, des mathématiques, de la logique et du langage ; il s’intéresse également à des auteurs comme Robert Musil et Karl Kraus. Héritier du rationalisme des Lumières, Jacques Bouveresse a dénoncé ce qu’il considérait comme des impostures scientifiques et intellectuelles, comme les « nouveaux philosophes », et s’est distancié du structuralisme et du post-modernisme, de Michel Foucault, Jacques Derrida ou Gilles Deleuze. Si la question de la recherche de la vérité est centrale dans son travail, il a également un grand souci de la modestie selon lui nécessaire aux intellectuels, de l’accessibilité de sa pensée et de la simplicité de son expression. Il a notamment publié Rationalité et cynisme, Minuit, 1984 ; L’Homme probable. Robert Musil, le hasard, la moyenne et l’escargot de l’histoire, L’Éclat, 1993 ; Prodiges et vertiges de l’analogie. De l’abus des belles-lettres dans la pensée, Raisons d’agir, 1999 ; Schmock ou le Triomphe du journalisme. La grande bataille de Karl Kraus, Seuil, 2001 ; Que peut-on faire de la religion ?, Agone, 2011 ; Nietzsche contre Foucault : sur la vérité, la connaissance et le pouvoir, Agone, 2016 et, chez Hors d'atteinte, Les Premiers jours de l'inhumanité (2019) et Les Foudres de Nietzsche et l'aveuglement des disciples (2021). Agrégée d'allemand, ancienne élève de l'ENS-Ulm, docteur en études germaniques et en littérature française, Florence Vatan est professeure à l’Université du Wisconsin à Madison. Autrice d’une thèse et de deux livres sur Musil, elle s’intéresse aussi aux liens entre littérature, science et philosophie dans l'oeuvre de Flaubert et de Baudelaire. Né dans le Doubs en 1940, Jacques Bouveresse est un philosophe rationaliste dont les principales influences sont Ludwig Wittgenstein, le cercle de Vienne et la philosophie analytique. Élu au Collège de France en 1995, il en devient professeur honoraire en 2010. Ses domaines d’étude recouvrent la philosophie de la connaissance, des sciences, des mathématiques, de la logique et du langage ; il s’intéresse également à des auteurs comme Robert Musil et Karl Kraus. Il est mort le 9 mai 2021, à Paris.