Atelier

Collections d'écrivains: présentation


Didier Alexandre


Le programme consacré à l'Histoire littéraire des écrivains a opéré des incursions dans deux territoires: celui de l'histoire littéraire construite par la critique des auteurs eux mêmes (travaux dirigés par Marielle Macé et Bruno Curatolo) et celui de l'histoire littéraire qui est l'effet de positionnements théoriques et idéologiques définis en réaction à l'histoire de l'institution scolaire et universitaire (la journée 1902 en juin 2005 par Antoine Compagnon) C'est bien un domaine institutionnel que la présente journée se propose étudier, celui de l'édition, plus particulièrement celui des collections de textes publiés, réunissant des écrivains divers et / ou dirigées par un écrivain.

La notion de collection suppose un ensemble d'objets partageant une même nature. Elle a donc une identité forte qui la rend identifiable. Avant d'être lisible, la collection doit être visible. D'où le format spécifique retenu pour une collection qui la distingue. Nous reconnaissons tous la couverture de la collection Tel quel, ou de l'Infini, ou encore de Documents chez Minuit. Il y a une couleur distinctive, un format spécifiques, qui rappellent nécessairement la maison d'édition et sa couverture typique. Tel quel, avec son cadre marron, renvoie au modèle du roman du Seuil, cadre rouge. La collection Documents de Minuit, à liseré noir et titres rouges, réfère implicitement à la couverture type adoptée pour les romans, à liseré noir et titres bleus. La collection est donc l'autre du même, variation autour d'une forme fixe. Cette forme fix existe-t-elle. Comme Gérard Genette le remarque dans les premières pages de Seuils, la collection blanche de Gallimard n'est en fait que l'objet-livre non labellisé de la maison. Par un effet de retour, en quelque sorte, une maison d'éditions n'aurait donc que des collections distribuées graduellement: Gérard Genette parle de degré zéro pour cette couverture, ce qui révèle bien que la couverture n'est pas innocente et que la différence entre la jaquette type et la jaquette spécifique est de degré. Variation et gradation indiquent une même direction à notre réflexion: l'espace éditorial se construit par différenciations, la collection venant constituer autour de valeurs communes par rapport à un centre stable ?reconnu par la communauté littéraire- des groupements d'écrivains en quête de reconnaissance. Plus une collection est spécifiée, plus elle se différencie des pôles stables d'une maison éditoriale.

La couverture de la collection ou pseudo collection blanche de Gallimard reprend, en le modifiant, celle de la pseudo collection NRF Gallimard, elle-même fondée sur la revue de la Nouvelle Revue française. La collection éditoriale noue une série d'ouvrages à une revue. La ligne éditoriale d'une collection, quelle que soit son ampleur, est donc définie par les choix littéraires et intellectuels d'une revue. Ceci se vérifie pour Le Chemin, chez Gallimard, Tel quel, au Seuil, L'Infini, chez Gallimard, la collection Poètes d'aujourd'hui chez Seghers (le titre est à rapprocher de la revue Poésie au titre suivi d'un chiffre indiquant une date). Ainsi une collection renvoie à un ou des lecteurs, et elle est marquée de l'empreinte de celui qui la dirige. La collection renvoie donc à un comité et à des choix éditoriaux. Il faudrait différencier en conséquence les collections institutionnalisées des collections nouvelles: la collection blanche de Gallimard, ou la collection basique de Minuit. Par exemple, les lecteurs de Gallimard (Queneau, Dyonis Mascolo) dans les années cinquante sont hostiles à une écriture influencée par le roman américain (Hemingway, Faulkner), ce qui contraint Marguerite Duras, de qui ils sont très proches, à tenir à distance cette influence dans la rédaction de ses premiers romans, jusqu'à Moderato cantabile qui sera publié chez Minuit. Il faut voir dans ces choix opérés par le comité de lecture de Gallimard la volonté de tenir à distance les expériences formelles réalisées sur le roman, qui trouveront dans la collection du Chemin un espace d'accomplissement qui maintiendra la modernité d'écriture chez Gallimard sans qu'il se confonde avec l'esprit premier de la maison. On opposerait facilement le conservatisme romanesque de José Cabanis, publié en ces années soixante et soixante-dix dans la N. R. F.et dans la collection blanche, aux expérimentations de Michel Butor publié dans Les Cahiers du chemin et la collection Le Chemin. Les éditions de Minuit échappent à ce phénomène: il n'existe pas de collection d'avant-garde chez Minuit, fort probablement parce que Jérôme Lindon fait du nouveau romanesque la valeur centrale de ses publications. Nous évoquions précédemment l'influence du roman américain tenu à distance par la N. R. F.. Les romanciers très influencés par Faulkner, Simon par exemple, sont accueillis ailleurs, chez Minuit en 1957 avec Le Vent. L'exemple de Minuit permet de mieux cerner le phénomène de la collection: par rapport à un pôle de littérarité romanesque construit autour du mouvement du Nouveau roman, une collection de textes de prose peut définir un champ textuel autre, en voie de reconnaissance, qui questionne, voire perturbe, la littérarité du champ premier, dominant. Telle peut être la collection Documents de Minuit qui rassemble des textes narratifs en prise sur l'histoire actuelle (Henri Alleg, La Question, 1958) ou récente (Charlotte Delbo, Auschwitz et après, 1970-1971; David Rousset, L'univers concentrationnaire, 1946, 1965; Elie Wiesel, La nuit, 1958), dont l'effet de questionnement sur la pertinence du recours à l'outil narratif littéraire dans le cadre du témoignage a été montré par la critique universitaire. La collection, dans l'espace éditorial d'une maison, construit l'autre de la littérature dominante de cette maison. Aussi ne satisfait-elle pas toujours les auteurs. Ainsi Francis Ponge, dont Le parti pris des choses est publié dans la collection Métamorphoses en 1942, et non dans la collection blanche: «N'y a t il pas moyen de persuader Gallimard qu'il ne s'agit pas là de poésie?» (lettre du 8/I/1939 à Paulhan). La collection repose donc sur des choix d'écriture, un partage des genres, une distribution générationnelle des auteurs dans le champ littéraire: dans cette même série de métamorphoses sont publiés en même temps Ungaretti, Leiris, Daumal.

Un exemple précis permettrait de mieux approcher ces différents points. Voici une lettre que Henri Pourrat adresse à Paul Claudel le 14 mai 1929, avec l'intention de rallier à son projet d'une revue «terrienne» l'auteur qui, dans les Conversations dans le Loir-et-Cher en cours d'écriture, montre que son attention à la terre n'est pas que le fruit d'une sensibilité élémentaire et résulte de considérations sociales et historiques. Elle est intéressante en ce qu'elle contient de nombreux traits spécifiques à la collection d'écrivains.

Mon cher Maître,

Je n'ai pas osé vous envoyer un livre à images, à cause ?je vous le dis entre nous, - de ces images. Je l'ai regretté, lisant votre Jeudi dans Le Roseau d'or. Et si je croyais que, malgré tout, ce livre eût chance d'être accueilli par vous?

Il sort des Horizons de France. La maison n'a guère édité jusqu'ici que des volumes de luxe ou de demi-luxe, dont la présentation peut être parfaite. Elle veut maintenant éditer des livres à 12 F et me confie une collection régionale, ou plutôt terrienne.

Puis-je voir cela comme une sorte d'action? Le siècle est peut-être un peu trop tenté d'oublier le goût de la campagne, de la paysannerie, de la fraîcheur, de la santé, de la joie, de tout ce qui procède du soleil et de l'âme. De tout ce pour quoi vous avez si grandement parlé. Vous savez, mon cher Maître, si j'admire votre ?uvre. Un livre qui va paraître dans un mois à la NRF vous redira cette admiration. Comme je voudrais que vous me permettiez de m'adresser à vous. Comme je voudrais que vous me fassiez le grand bonheur de donner un manuscrit à la collection, récit, voyage, conversation, souvenirs, recueil de notes, ce que vous voudriez qui sentît un peu la campagne de France.

Je vais écrire à Jammes, à Ramuz, à Daudet, à Colette, Pesquidoux, Larbaud, Chateaubriant, Montherlant, Mauriac, Suarès, Fargue, Giraudoux, Bernanos?

Supervielle, -avez-vous lu son délicieux Uruguay? ? promet l'histoire de son oncle, qui serait une étude sur les émigrants basques. Paulhan promet quelque chose. Jean Lebrau envoie un Pays d'Aude; et je connais certains débutants de valeur. Je voudrais absolument que cette collection fût d'abord de qualité; puis aussi que dans cet esprit terrien de France et de mois de mai, elle donnât des ?uvres non pas seulement brillantes mais d'intérêt véritable, je dirais presque ayant une valeur documentaire, des études tenant, en un mot, de la connaissance.

Mon cher Maître, je ne peux pas croire que cette tentative vous soit tout à fait indifférente. Ne voudrez-vous pas me donner un ouvrage et votre nom, puisque c'est dans votre ligne qu'il faudrait que tout allât? Si vous n'avez pas un manuscrit dans vos tiroirs, vous avez certainement de quoi faire un livre qui servirait magnifiquement la terre de France et l'âme humaine.

La collection, qui n'a pas encore de nom, -le Verger? le Trèfle vert? Livres de la campagne?- partirait à la rentrée. La maison des Horizons paraît bien équipée et décidée à bien faire les choses. J'espère que es conditions vous conviendront. Je ferai d'ailleurs l'impossible pour que sur ce point on réponde à tous vos désirs. Conditions, présentation, lancement, seraient ce qu'ils devraient être et dignes d'une grosse maison qui prend un large champ.

Vous pouvez, mon cher Maître, le donner une vraie joie. Ne me la refusez pas et permettez-moi de me dire respectueusement et bien fort à vous

Henri Pourrat [i]

La collection trouve sa place dans le marché du livre. Elle est donc soumise à des impératifs commerciaux, si bien que l'écrivain y trouve sa valeur symbolique reconnue: les remarques de Pourrat à Claudel sur les conditions financières et sur l'organisation de la diffusion de la collection rappellent que la collection est indissociable d'un marché. Toute la lettre peut donc être relue en fonction de cette fin. Ces questions toutes matérielles sont dictées par l'actualité du champ littéraire: elles reflètent la place occupée par les écrivains sollicités dans cet espace symbolique. L'écrivain qui donne un texte pour une collection apporte en dot en quelque sorte la valeur symbolique de son nom: on nomme Giraudoux ou Colette, mais on ne nomme pas les «débutants».

Une collection apparaît comme une mosaïque surprenante, quelque peu déroutante. Elle rassemble un ensemble d'écrivains autour de valeurs qu'ils partagent plus ou moins. On pourrait ainsi gloser la liste des écrivains reconnus que Pourrat veut contacter pour en souligner l'hétérogénéité: Ramuz, écrivain de la terre, s'impose, comme Claudel; le même Claudel côtoie Giono[ii]; mais Giraudoux? ou Montherlant? Et la France de Claudel n'est pas celle de Montherlant, à l'égard de qui Claudel ne dissimulait pas sa déception dans ses entretiens avec Frédéric Lefèvre, etc... La collection construit donc des groupements d'écrivains en des aires littéraires inattendues. Pourtant, ces coupes réalisées dans le temps littéraire reflètent des interrogations réellement soulevées par l'histoire de la société, des formes littéraires, des sensibilités. Le scénario retenu ?littérature terrienne, de France, essayiste- est autant la conclusion tirée de l'observation d'un ensemble d'?uvres qu'un projet qui se voudrait fédérateur d'une littérature proche de la réalité sociale et morale, voire religieuse. C'est pourquoi certains noms, dans une collection, possèdent une charge symbolique forte: une collection convoque, au-delà d'un nom connu, une ?uvre déjà produite et déjà reçue. La collection structure donc le présent en ordonnant le passé littéraire proche et en projetant ce scénario sur l'avenir proche. Pourrat, dans la lettre du 9 juin 1929, dit sa déception à Claudel qui lui a répondu être lié à la N. R. F. , n'avoir rien dans ses tiroirs, avoir enfin une certaine admiration pour la «littérature régionaliste»de Jammes ou Pesquidoux sans y souscrire[iii]. «Ramuz donne un roman: Fête des Vignerons. Pesquidoux, Silvestre, promettent quelque chose. Mais s'il n'y a pas là votre nom, celui de Jammes pour marquer la collection, lui donner son vrai sens, si je n'ai votre appui? Je vous en prie, ne me le refusez pas.Il ne s'agit pas de faire régionaliste. (?) Français, plutôt terrien, et de la planète Terre. Je pensais à L'Arbre comme nom de la collection, parce qu'il pousse en terre ses racines, il se tend vers le ciel, le soleil unique, et accueille les souffles du plus loin venus. Votre nom dirait cela, mon cher Maître, et aucun autre ne le dira. [iv]»

La collection fédère ainsi l'hétérogénéité des écritures autour d'une ligne éditoriale. C'est pourquoi, outre les noms d'auteurs reconnus, elle convoque le nom d'un directeur qui puisse être porteur de cette ligne éditoriale et fédérer. Pourrat est l'auteur de Ceux d'Auvergne, types et coutumes, publié aux Editions ders Horizons de France, de Gaspard des Montagnes (Albin Michel, 1922), de A la belle bergère (Ibid. 1925), dont Claudel salue l'âpre goût paysan. C'est cette orientation, régionale, terrienne, que veut développer Pourrat, comme il le dit dans plusieurs lettres. L'action du directeur de la collection a donc plusieurs significations: même si elle est fortement ancrée dans un espace personnel, elle prend son sens véritable en regard de l'ensemble de la vie littéraire et sociale contemporaine. La collection repose ainsi sur la socialité littéraire, un ensemble de liens, faits de respect et d'amitié, et une communauté d'esprit et de valeurs. Il est évident que dans les rapports Pourrat-Claudel le catholicisme et la question de la conversion occupent une place essentielle. Le projet prend donc son sens aussi dans la vie littéraire française, par rapport au renouveau catholique qui traverse les milieux littéraires dans les années vingt. On ne peut donc s'en tenir uniquement à quelques liens privilégiés unissant quelques écrivains. La collection répond aussi à une exigence collective, qui s'origine chez les écrivains et aussi dans le public, non seulement lettré, mais aussi populaire. Les questions de langue [v], qui préoccupent tant Claudel durant cette décennie, et les questions sociales, qui avec la crise de 1929 vont s'imposer progressivement aux écrivains, puis aux revues. Pour que cette ligne éditoriale soit mieux visible, la collection Champs s'appuie sur une revue, en l'occurrence l'Almanach des Champs, qui aura trois numéros. C'est un trait permanent de la collection que cette complémentarité de la revue et de la série de textes, l'ensemble formant ce que Pourrat appelle une «action» au service de la campagne et de son peuple, de la Poésie, de la Vérité, l'acte d'une pensée en cours de formulation et de fixation adressée au public des lecteurs: la collection vise donc un effet quasi pédagogique sur le public: Pourrat le signale: «Et je crois qu'on peut former, créer un public.» (p. 53) «Une entreprise de santé, en somme, et qui pourrait avoir une utilité à elle.» [vi]. Cette pédagogie peut être une formation éthique ou religieuse, mais aussi une formation à un certain goût littéraire.

La collection comporte donc toujours une part, sinon de nouveauté, du moins de recherche innovante. Elle est exploration de questions et/ ou de formes littéraires nouvelles. Champs n'échappe pas à ce principe. Elle regroupe des textes de genres hétérogènes: romans, essais, Claudel donnera Mardi, une des Conversations dans le Loir et Cher. Les textes publiés, par exemple celui de Jammes, Champêtreries et méditations, celui de Claudel, ou celui de Ramuz, Fête des Vignerons , ne sont pas des fictions, mais à la fois des essais et des témoignages sur la vie rurale et ses traditions. Bref outre une configuration d'auteurs, la collection questionne la notion même de littérarité. Par exemple, le partage des textes envisagé par Pourrat, entre «une masse de faits nus et parlants» et «des textes choisis»[vii], introduit dans la littérature un questionnement sur la nature du texte littéraire: d'autres écrivains suivront, on peut penser à Follain dans son Paris, ou dans Canisy; mais aussi on peut réfléchir à la frontière qui sépare ce type de texte des documents bruts utilisés dans les sciences humaines, anthropologie ou ethnographie. Claudel, a sa manière, lit le devenir du roman en fonction de l'évolution de la sensibilité terrienne: «Le roman parisien, psychologique etc. semble défunt. Les récits d'adultère et de perversion sexuelle assomment tout le monde. Je suis heureux de voir que les talents nouveaux se tournent du côté de la vieille terre, où il y a tant de choses à voir, en particulier ce mystère spécial que vous avez été le premier à discerner. Tous mes v?ux accompagnent vous et vos émules dans cette saine et salutaire entreprise.» [viii] Nul doute qu'au-delà de la question du genre Claudel ne pense à Gide et Proust, voir Rivière, et donc à la N. R. F. Jammes situe dans les mêmes termes l'importance de Champs , puisqu'il l'oppose à une littérature de sacristie et une littérature d'invertis (p. 44) «Commerce est trop décadent, alambiqué, spécieux» [ix]. Se croisent ainsi sur une collection un projet littéraire, des valeurs éthiques et religieuses, des valeurs sociales: la revue s'éloigne de Commerce et de la N. R. F. pour être proche de Vigile, revue catholique que veut porter François Mauriac qui fait lui aussi appel à une des Conversations dans le Loir-et-Cher de Claudel[x].

Enfin la collection est pour l'écrivain qui l'inspire et pour les jeunes écrivains qui en font partie un instrument de légitimation. Elle est cela pour Pourrat. Il rejoindra la N. R. F où il publie en 1934 et 1935 une rubrique L'air du mois et des almanachs, en 36 des rencontres et en 37 des Signes de la vie des champs. La collection Champs adossée à la revue Almanach des champs introduisent donc dans le champ éditorial et revuiste la réflexion sociale, paysanne, française, qui, dans un second temps, est annexée au domaine de la Nouvelle Revue Française, à partir de 1934, à ce moment où la revue opère un changement de cap et s'ouvre à ces réflexions plus en prise sur la société et l'histoire. Même si l'entreprise de Pourrat demeura très modeste, puisque revue et collection furent éphémères, elle se révéla significative d'une exigence éditoriale complexe.

Ce faisant, la collection apparaît bien comme un phénomène collectif, qui distribue le temps littéraire en familles par affinités intellectuelles, stylistiques, idéologiques, ou en générations soucieuses de légitimation. La démarche consistant à créer une revue, puis une collection, peut apparaître comme une entreprise légitimante à laquelle le nombre des écrivains convoqués, leur notoriété, la génération à laquelle ils appartiennent, donnent force. On peut effectivement réfléchir en ce sens pour la collection Poètes d'aujourd'hui de Seghers où se constituent des familles de poètes autour de Follain, Dhôtel, Frénaud, Jean Yves Debreuille en parlera mieux que moi. De même, pour la collection Le chemin, se croisent le phénomène générationnel, la transgénéricité qui est propre à l'écriture des années soixante/ soixante-dix, l'amitié. C'est une histoire de la littérature qui se construit dans le présent éditorial, dans la continuité revue-collection, avec ce présupposé que le livre est l'aboutissement du laboratoire de la revue. On trouve cela dans la collection du Chemin. Cela pose d'ailleurs bien des questions: Jacques Réda avec Récitatif (1968, 1970), un texte très lyrique, côtoie Pierre Guyotat (Tombeau pour cinq cent mille soldats, 1967), Claude-Michel Cluny (Antonio Brocardo à Giorgione, 1968, 1978), ou encore Michel Butor (Illustrations, Matières et rêves, Envois); les séries d'ouvrages critiques y sont présentes (Jean Starobinski, L'?il vivant, Henri Meschonnic, Pour la poétique). Philippe Forest ferait, je crois, de semblables constats pour Tel quel et l'Infini. Il y a dans le principe de la collection nouvelle, présente, une fonction perturbatrice forte qui participe à la construction de la spécificité de la littérature d'une époque. Plus sa singularité est forte, mieux elle est cristallise des traits latents à une époque et contribue à redistribuer les positions dans l'espace littéraire.

Didier ALEXANDRE

Université Paris IV Sorbonne



[i] Lettre du 14-5-1929, Cahiers Henri Pourrat, 8, Henri Pourrat-Paul Claudel, correspondance, Ed. présentée par Michel Lioure, Bibliothèque Municipale et Interuniversitaire de Clermont-Ferrand, Centre Henri-Pourrat, 1990, p. 42-43.

[ii]

Cahiers Henri Pourrat, 8, p. 63, note 3.

[iii]

Cahiers Henri Pourrat, 8, p. 46.

[iv]

Cahiers Henri Pourrat, 8, p. 47. L'Arbre est le nom sous lequel Claudel a réuni son Premier théâtre en 1911 au Mercure de France.

[v]

Cahiers Henri Pourrat, 8, lettre de Paul Claudel du 9 août 1925.

[vi]

Cahiers Henri Pourrat, 8, lettre du 15 septembre 1929, p. 55.

[vii]

Cahiers Henri Pourrat, 8, p. 55.

[viii]

Cahiers Henri Pourrat, 8, lettre du 9 décembre 1929, p. 58.

[ix] Lettre du 23 juillet 1929, Cahiers Henri Pourrat, 8, p. 44, note 6.

[x]

Cahiers Henri Pourrat, 8, lettre de Claudel du 26 juillet 1929, p. 51.



Didier Alexandre

Sommaire | Nouveautés | Index | Plan général | En chantier

Dernière mise à jour de cette page le 24 Février 2007 à 20h49.