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Dossier Historia et Poiesis

Cette page est une annexe de l'article Histoire et narrativité. Autour des chapitres 9 et 23 de La Poétique d'Aristote.

On pourra aussi consulter la page Historia et mimèsis: confrontation de différentes traductions.



Aristote, La Poétique, texte, traduction, notes par Roselyne Dupont-Roc et Jean Lallot, Paris, Éditions du Seuil, coll. «Poétique», 1980.


  • Chapitre 9 (extraits) :

    • 1551 a 36 > 1451 b 11 (p65)

«De ce que nous avons dit, il ressort clairement que le rôle du poète est de dire non pas ce qui a eu lieu réellement, mais ce qui pourrait avoir lieu dans l'ordre du vraisemblable ou du nécessaire [kata to eikos è to anankaion]. Car la différence entre le chroniqueur [historikos] et le poète ne vient pas de ce que l'un s'exprime en vers et l'autre en prose (on pourrait mettre en vers l'œuvre d'Hérodote, ce ne serait pas moins une chronique [historia] en vers qu'en prose); mais la différence est que l'un dit ce qui a eu lieu, l'autre ce qui pourrait avoir lieu; c'est pour cette raison que la poésie [poièsis] est plus philosophique et plus noble que la chronique : la poésie traite plutôt du général [katholou], la chronique du particulier [kath'hekaston]. Le “général”, c'est le type de chose qu'un certain type d'homme fait ou dit vraisemblablement ou nécessairement [kata to eikos è to anankaion]. C'est le but que poursuit la poésie, tout en attribuant des noms aux personnages. Le “particulier”, c'est ce qu'a fait Alcibiade, ou ce qui lui est arrivé.»

    • 1451 b 27 > 1451 b 33 (p67)

«Il ressort clairement de tout ça que le poète doit être poète d'histoires [tôn muthôn poiètèn] plutôt que de mètres, puisque c'est en raison de la représentation [kata tèn mimèsin] qu'il est poète, et que ce qu'il représente [mimeitai], ce sont des actions; à supposer même qu'il compose un poème sur des évènements réellement arrivés, il n'en est pas moins poète, car rien n'empêche que certains événements réels ne soient de ceux qui pourraient arriver dans l'ordre du vraisemblable et du possible, moyennant quoi il en est le poète.»


  • Chapitre 23 (extrait) :

    • 1459 a 17 > 1459 b 28 (p119)

«Venons-en à l'art de représenter par le récit en vers. Il est bien clair que, comme dans la tragédie, les histoires doivent être construites en forme de drame et être centrées sur une action une qui forme un tout et va jusqu'à son terme, avec un commencement, un milieu et une fin, pour que, semblables à un être vivant un et qui forme un tout, elles produisent le plaisir qui leur est propre; leur structure ne doit pas être semblable à celle des chroniques [kai mè homoias historiais tas suntheseis einai] qui sont nécessairement l'exposé, non d'une action une, mais d'une période unique avec tous les événements qui se sont produits dans son cours, affectant un seul ou plusieurs hommes et entretenant les uns avec les autres des relations contingentes; car c'est dans la même période qu'eurent lieu la bataille navale de Salamine et la bataille des Carthaginois en Sicile, qui ne tendaient en rien vers le même terme; et il se peut de même que dans des périodes consécutives se produisent l'un après l'autre deux événements qui n'aboutissent en rien à un terme un.»


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Bérenger Boulay

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Dernière mise à jour de cette page le 11 Novembre 2007 à 23h44.