Essai
Nouvelle parution
Yves Bonnefoy, La hantise du Ptyx

Yves Bonnefoy, La hantise du Ptyx

Publié le par Nicolas Wanlin (Source : Vigilibris)

Yves Bonnefoy, La hantise du Ptyx. Un essai de critique en rêve, éd. William Blake and Co, 2003, 30 p.


 

«  Quant à la chambre, elle est vide. Le "maître" du lieu en est parti, vers le Styx des chagrins dautres époques, mort comme Baudelaire est mort, mort, plus profondément, comme est morte la poésie des anciens calculs, celle qui rêvait dune vérité de lêtre et dun être de la personne. Le seul acte possible, dorénavant, et la seule vie poétique, cest le "mirage interne des mots" et de sen faire lobservateur. Le "sonnet en -yx" expose donc bien ce que Mallarmé a découvert, et déjà annoncé à quelques amis dans des lettres : ce possible des mots, et du vers, quil veut explorer plus avant dans sa recherche à venir. Or, cest là aussi que le mot "ptyx" apparaît, et cest pour représenter dans le poème nouveau ce quétait le vers ancien, celui qui nexistait quà semplir, "galère dor", de trop séduisantes chimères. Le ptyx est donné pour "inanité sonore", en effet, une définition qui ne dit que trop bien ce quétaient ces vers, ces poèmes. Il est "aboli" maintenant, il a disparu de la chambre qui signifie la conscience. Et celui qui la emporté avec lui, cest ce "Maître" qui ne savait que la dialectique funeste du rêve vain et des pleurs. Quel que soit le motif pour lequel la poésie du passé est évoquée ou nommée par le mot "ptyx", ce mot la signifie, on nen peut douter, il renvoie ainsi à lépoque où le Néant régnait seul, avant la Beauté que Mallarmé lui a substituée. » Y. Bonnefoy