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Appels à contributions
Winter is coming De Jack London à George R.R. Martin

Winter is coming De Jack London à George R.R. Martin

Publié le par Sabrina Roh (Source : Matthieu Freyheit)

Winter is coming. De Jack London à George R. R. Martin

Appel à contribution

Colloque: Jeudi 3 et vendredi 4 novembre 2016

 

Université de Lorraine, Nancy

Laboratoire Littératures, Imaginaire, Sociétés (LIS – E.A. 7305)

Centre de Recherche sur les Médiations (CREM – E.A. 3476)

Institut de Recherche en Langues et Littératures Européennes (ILLE – E.A. 4363)

Nous le savons toutes et tous depuis le récent succès de la série basée sur les romans de George R. R. Martin : l’hiver arrive. La nouvelle ne date cependant pas d’hier : le 22 novembre 1916, quand s’éteint Jack London, l’auteur américain nous cède en héritage, notamment à travers ses récits du Klondike, un imaginaire des glaces et du froid, du grand « silence blanc ». Cent ans nous ont donné l’occasion de préparer nos armes, en gestes et en pensées, livrées par l’auteur dans quelques romans restés célèbres, et bon nombre de nouvelles aujourd’hui largement rééditées. Ce centenaire nous offre l’occasion de revenir sur un imaginaire qui ne nous a nullement quittés, un sentiment géographique qui nous fait suivre la sagesse de la piste[1], nous enseigne à construire un feu[2]. L’arrivée de l’hiver est elle-même événement ou, plutôt, nous fait événement, nous met en branle : comme l’hiver arrive, nous nous préparons. Pete Fromm, dans Indian Creek[3], se souvient avec humour s’entendre demander ce que sont les sept cordes de bois qu’il doit fendre pour son hiver solitaire dans l’Idaho. David Vann, dans Désolations[4], imagine un hiver précoce en Alaska, qui porte le gel au cœur du couple, et de la vie. L’arrivée du froid donne ainsi lieu à un champ spécifique de la nature writing, ainsi qu’à une écriture de l’homme qui parcourt déjà l’œuvre de Jack London, qui « savait que la plus grande aventure du monde c’est encore l’homme, tout seul, au milieu de quelques accessoires dont le romancier doit connaître le pouvoir[5] ».

Cependant, la lutte individuelle devient bientôt collective, comme le suggère la lecture métaphorique des nouvelles londoniennes : « Mais il y a une chose qu’ils font toujours, c’est d’aller de l’avant, sans arrêter[6]. » Dans son célèbre Collapse: How Societies Choose to Fail or Succeed (2005), Jared Diamond fait du changement climatique le point de départ d’un possible effondrement civilisationnel, que confirment certaines écofictions récentes (parmi lesquelles Le Jour d’après en 2004, Snowpiercer en 2013). Au-delà même des écofictions[7], l’appel de l’hiver engage-t-il une écriture particulière ? Existe-t-il une forme de déterminisme climatique de la fiction ? Mais comme souvent, le malheur des uns (« Il est cinq heures du matin, le matin de Noël, je dors deux heures. […] Nous partons[8]. ») fait le bonheur des autres : pour certains, l’hiver commence bel et bien avec un Noël heureux, et pourquoi pas avec un voyage à bord du Boréal Express (Chris Van Allsburg, 1985), autrement plus confortable que le Transperceneige de Jacques Lob et Jean-Marc Rochette. Pour d’autres encore, l’hiver est une libération entêtante : « Let it go, let it go ! », scandaient les radios pour accompagner le succès de Frozen (Disney, 2013). Après tout, au bout de la piste, attend l’or.

Sans prendre la forme d’un strict hommage, ce colloque propose de s’appuyer sur la poétique londonienne d’une pensée sauvage pour appréhender, depuis son œuvre, notre culture de l’hiver et de son arrivée, postulant que la coïncidence entre le succès renouvelé de l’auteur et la popularisation actuelle d’une culture du froid (l’hiver est-il pop ?) révèle quelque chose de notre contemporanéité (le succès est une industrie collective, rappelle Malcolm Gladwell) et de notre besoin de « l’imagination vécue de Jack London[9] ».

 

Modalités de soumission : Des propositions émanant de spécialistes en littérature, comparatisme, arts visuels (cinéma, théâtre, peinture, bande dessinée, albums), études culturelles, cultures de jeunesse etc. sont les bienvenues, le projet s’inscrivant dans une perspective pluridisciplinaire.

Les propositions, d’une quinzaine de lignes environ et suivies de quelques lignes de présentation de l’auteur, sont à envoyer pour le 01 avril 2016 aux deux adresses suivantes : matthieu.freyheit@gmail.com et tanguy.wuilleme@univ-lorraine.fr

 

Comité scientifique

Isabelle Boof-Vermesse (Université Lille 3 Charles de Gaulle)

Daniel Chartier (Université du Québec à Montréal)

Florence Fix (Université de Lorraine)

Matthieu Freyheit (Université de Lorraine)

Julie Roy (Johns Hopkins University)

Frédérique Toudoire-Surlapierre (Université de Haute-Alsace)

Eric Trudel (Bard College)

Tanguy Wuillème (Université de Lorraine)

 

Organisation : Matthieu Freyheit et Tanguy Wuillème, LIS (E.A. 7305), CREM (E.A. 3476), ILLE (E.A. 4363)

 

[1] Jack London, The Wisdom of the Trail, 1899.

[2] Jack London, To Build a Fire, 1900.

[3] Pete Fromm, Indian Creek, 1993.

[4] David Vann, Caribou Island, 2011.

[5] Pierre Mac Orlan, Les Compagnons de l’aventure, Éditions du Rocher,  s.l., 1997 [1930].

[6] Jack London, The Sundog Trail, 1905.

[7] Cf. Christian Chelebourg, Les Ecofictions. Mythologies de la fin du monde, Paris, Les Impressions Nouvelles, 2012.

[8] Jack London, The Sundog Trail, 1905.

[9] Francis Lacassin, préface à Jack London, Souvenirs et aventures du pays de l’or, Edito-Service, Genève.