Édition
Nouvelle parution
Willy et Menalquas, Le Naufragé, précédé de L’Ersatz d’amour

Willy et Menalquas, Le Naufragé, précédé de L’Ersatz d’amour

Publié le par Marc Escola (Source : P. Cardon)

Le Naufragé, précédé de L’Ersatz d’amour, de Willy et Ménalkas, éd. GayKitschCamp, 2014, 268 p. 20 €

à commander sur le site des éditions GayKitschCamp.

ou à l'adresse gaykitschcamp@gmail.com (par paypal, franco de port)

 

Carl que j’avais pris en passant comme on fume une pipe d’opium un soir de détresse, à Hambourg […] Un petit officier boche ! c’était comique hein ? Je l’appelais en riant : « l’ersatz ». Pauvre imbécile que j’étais tout de même, d’avoir goûté à cet ersatz-là ! Et puis après, on en crève... On en crève ma parole.

L'Ersatz d'amour et Le Naufragé se situent dans le contexte élargi de la première guerre mondiale : l'action commence  pendant l'été 1913 et se termine à la Noël 1919. La révolution allemande de 1918-1919 et la relance du mouvement homosexuel constituent l'arrière plan du second volume.

Willy et Ménalkas croisent "les races", comme on disait à l'époque. Sur fond de guerre, un jeune allemand s'éprend d'un peintre français, à moins que ce soit le contraire...

L'ensemble romanesque est construit sur le modèle du « roman d'éducation », mais il a la particularité de croiser « roman d'ap­pren­tissa­ge » ou Bildungsromane, et « roman de dévelop­pe­ment personnel » ou  Entwicklungsroman. Tandis que le jeune noble passe  de la toute puis­sance de la jeunesse à la maturité, le peintre français accepte petit à petit la dimension homosexuelle de son amour. En dépit de tous les pré­ju­gés de son milieu, il aime à en mourir celui qu'il avait accepté au départ, faute de femme...
Sous le pseudonyme de Ménalkas, une femme, qui se fait passer pour un homme, parle de l'amour qui unit les hommes. À la même époque, sous son véritable nom : Suzanne de Callias, elle écrit aussi Mon amie Reinette et Lucienne et Reinette qui analysent la tentation d'amour entre femmes.
Permettre de comparer la perception, à une époque précise : l'entre-deux-guerres, de ces deux formes d'amour, c’est l'objectif que nous nous sommes fixé, en prévoyant une autre publication.

(à suivre), donc…
Mirande Lucien
Patrick Cardon

*  *  *

Cette édition a fait l'objet d'un billet sur le site heteroclite.org :

"Les deux livres que publient ce printemps les éditions GayKitschCamp déroutent tant ils présentent plusieurs niveaux de lectures et défient nos représentations de l’histoire gay. Parus en 1923 et 1924 et réunis en un volume, les romans L’Ersatz d’amour et sa suite Le Naufragé font preuve d’une audace étonnante. Ils sont écrits par un duo : Willy, un hétérosexuel qui passe pour homosexuel, en «ménage de camarades» avec l’écrivaine Colette, et Suzanne de Callias, qui se dissimule derrière le pseudonyme masculin de Ménalkas. Dans ces romans, un peintre français hétérosexuel tombe amoureux d’un officier allemand homosexuel. La passion l’emporte bien vite sur les faibles réticences de l’artiste. Seule la Première Guerre mondiale vient perturber l’idylle, qui rencontrait bien peu d’hostilité. On aperçoit au contraire en arrière-plan une vie gay foisonnante et l’étendue du mouvement homosexuel allemand. Le ton est plus rétrograde dans Le Troisième sexe, un essai de 1927 écrit par le seul Willy. L’écrivain se moque des «tantes», multiplie les blagues douteuses sur le «derrière», ironise sur les «membres actifs» et les «membres passifs». Il dénonce pourtant l’«hypocrisie» et les «conceptions étriquées» des milieux littéraires qui se scandalisent de la place grandissante donnée à «la préoccupation homosexuelle». Et il décrit avec précision géographies, littératures et cultures gay. L’ambiguïté du geste est là : tout en affirmant que «la Femme vaut mieux que l’Ersatz», il fait exister une réalité que certains veulent masquer. C’est ce qui rend passionnantes ces rééditions, à la mise en page un peu trop kitsch mais accompagnées de riches notes et annexes."