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Voix dissidentes. Littératures et répressions (McGill, Montréal)

Voix dissidentes. Littératures et répressions (McGill, Montréal)

Publié le par Marc Escola (Source : Marie-Chrisrine Cyr)

*English will follow

APPEL À COMMUNICATIONS

« Voix dissidentes – Littératures et répressions »

Université McGill, 26 et 27 janvier 2017

La littérature, en tant que discours social (Angenot), n’est pas à l’abri de diverses formes de répression et de persécution, qu’elles soient politiques, sociales, ou formelles. Cette constatation mène à penser que la littérature s’en trouve amputée, diminuée et l’auteur.e, restreint.e dans sa liberté. Or, selon Leo Strauss, la persécution envers tout.e auteur.e est vectrice d’une écriture originale : « [l]a persécution donne ainsi naissance à une technique particulière d’écriture et par conséquent à un type particulier de littérature, dans lequel la vérité sur toutes les questions cruciales est présentée exclusivement entre les lignes » (Strauss, 2003 [1952], p.27).

Pour Bourdieu, « [l]a principale fonction de l’art est d’ordre social [...] La pratique culturelle sert à différencier les classes et les fractions de classe, donc à justifier la domination des unes sur les autres. » (Féral, 1990, p. 25) Par conséquent, la littérature participe aux échanges entre les classes.

Traversée par les conflits inhérents aux rapports de domination, la parole apparaît comme un point de friction marqué par les prescriptions et les résistances qu’elle cherche à créer. L’écriture, par laquelle la parole peut s’exprimer, devient alors témoin des relations entre différents groupes et sociétés.

Nous souhaitons réfléchir aux conséquences de la répression et, conjointement, de la résistance qu’elle peut provoquer dans les pratiques littéraires. Comment se manifeste la répression au sein du discours? Pourquoi écrire en réaction à la répression? Comment rendre publiques des œuvres qui vont à l’encontre d’un certain ordre établi? Est-il possible de construire un contre-discours qui ne serait pas à terme récupéré par l’instance répressive? Nous nous intéressons notamment aux manifestations littéraires qui témoignent d’une forme de résistance.

Cette réflexion (pratique, théorique ou critique) est alimentée par les sujets suivants :

 

·         La place des littératures dites « marginales »

·         Les questions de censure, d’autocensure, de propagande, d’écriture pamphlétaire

·         La remise en question d’idéologies ou d’institution littéraires 

·         Les rapports de force entre les différentes langues

·         La place de la traduction littéraire dans la validation des discours

·         L’invalidation du discours par la folie (Jouannais, Delvaux)

·         L’anonymat d’un.e auteur.e ou d’un groupe d’auteur.e.s, la pseudonymie, la fausse littérature

·         Les procédés subversifs d’écriture : parodie, le détournement, la réécriture (Compagnon)

·         Les pratiques relevant de l’oralité (rap, slam, micro libre)

 

Type de présentation : Le colloque sera organisé autour de panels de conférenciers présentant des communications d’au plus 20 minutes, chacune suivie d’une période de questions.

Date limite de remise des propositions : La date de tombée pour l’appel de texte est le 9 décembre 2016 à 23 h 59.

Directives pour le dépôt des propositions : Vous pouvez envoyer vos propositions d’au plus 300 mots (format Word), à l’adresse suivante : colloque.adelfies.2017@gmail.com.

Date de limite de sélection des propositions : Le comité remettra sa décision le 19 décembre 2016.

Comité d’organisation : Guillaume Bellehumeur, Marie-Christine Cyr, Frédéric Doré, Pierre-Gabriel Dumoulin, Marianne Godard et Amélie Langlois.

 

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CALL FOR PAPERS

« Voix dissidentes – Littératures et répressions »

McGill University, January 26th and 27th, 2017

As social discourse (Angenot), literature is not immune to repression and persecution in all its forms, be they political, social, or even based on formal caracteristics. It can thus find itself being amputated and impaired, while the author is left feeling restricted in their creative freedom. However, the persecution of an author might only be a telling sign of the originality of their work; as Leo Strauss puts it, ‘‘persecution gives way to a particular form of writing, and in turn to a particular kind of literature where the truth regarding crucial questions can only be read between the lines’’ (Strauss, 2003 [1952], p.27, our translation).

As per Bourdieu, “art’s main function is that of social order. […] Cultural practices serve to differentiate between classes and class fractions, and to justify the domination of some on the others." (Féral, 1990, p. 25, our translation). Thus, literature engages in a conversation between social classes.

Speech, withstanding the inherent conflicts of power relations, emerges as a binding element of both the direction and the resistance that it seeks to create. Speech can express itself through writing, which acts as a witness to the links between different groups and societies.

We would like to reflect on the consequences of repression and of the resistance it can generate in literary practices. How does repression manifest itself in discourses? Why choose to write as a reaction to repression? How can one create public works that are against the established order? Is the establishment of a counter-speech possible without it being reclaimed by the repressive instance? We are particularly interested in literary manifestations expressing a form of resistance.

 

Our reflexion (practical, theoretical, critical) is fueled by the following topics:

 

  • The role of "marginal " literatures
  • Censorship, autocensorship, propaganda, pamphlet
  • Questioning literary institutions and ideologies
  • Power relations amongst languages
  • The role of literary translation in the discourse approval
  • Folly as a means to invalidate discourse (Jouannais, Delvaux)
  • Author or authors, group anonymity, pseudonymy, literary forgery.
  • Subversive literary devices: parody, diversion, and rewriting (Compagnon)
  • Practices related to orality (rap, slam, open mic)

 

Type of presentation: The seminar is organised around panels of speakers (maximum of 20 minutes) followed by a question period.

Closure date to submit propositions: Propositions must be submitted by December 9th, 2016 at 11 h 59 PM.

Directives to submit propositions: You can send your propositions of no more than 300 words (Word format) to :  colloque.adelfies.2017@gmail.com.

Propositions selection deadline: Le comité remettra sa décision le 19 décembre 2016.

Organizing committee: Guillaume Bellehumeur, Marie-Christine Cyr, Frédéric Doré, Pierre-Gabriel Dumoulin, Marianne Godard et Amélie Langlois.

 

Bibliography

ANGENOT, Marc. La parole pamphlétaire, Paris, Payot, 1982, 425 p.

BOURDIEU, Pierre Les règles de l’art : genèse et structure du champ littéraire, Paris, Seuil, 1992, 480 p.

CASANOVA, Pascale. La langue mondiale : traduction et domination, Paris, Seuil, 2015, 130 p.

COMPAGNON, Antoine. La seconde main ou le travail de la citation, Paris, Seuil, coll. « Points », 2016 [1979], 516 p.

DELVAUX, Martine. Femmes psychiatrisées, femmes rebelles : de l’étude de cas à la narration autobiographique, Le Plessis-Robinson, coll. « Les Empêcheurs de penser en rond », 1998, 281 p.

FÉRAL, Josette. La culture contre l’art : essai d’économie politique au théâtre, Québec, PUQ, 1990, 372 p.

HÉBERT, Pierre. La littérature québécoise et les fruits amers de la censure, Montréal, Fides, 2010, 74 p.

HERMANT, Héloïse (dir.). Le Pouvoir contourné – Infléchir et subvertir l’autorité à l’âge moderne, Paris, Classiques Garnier, coll. « Rencontres », 2016, 406 p.

GAUVIN, Lise et al. Littératures francophones : parodies, pastiches, réécritures, Lyon, ENS, 2013, 285 p.

JOUANNAIS, Jean-Yves. L’idiotie. Art, vie, politique-méthode, Paris, Éditions Beaux-Arts, 2003, 280 p.

POPOVIC, Pierre. Les dérèglements de l’art : formes et procédures de l’illégitimité culturelle en France : 1715-1914, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 2001, 263 p.

SARTRE, Jean-Paul. Qu’est-ce que la littérature?, Paris, Gallimard, 1948, 384 p.

STRAUSS, Leo. La persécution et l’art d’écrire, Paris-Tel Aviv, Éditions de l’Éclats, 2003 [1952], 272 p.

ZUMTHOR, Paul. Introduction à la poésie orale, Paris, Seuil, 1983, 307 p.