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Appels à contributions
Violences du rococo.

Violences du rococo.

Publié le par Marc Escola (Source : C. Martin)


Appel à communications :

Colloque international

Violences du rococo

Paris, vendredi 30-samedi 31 janvier 2009.

Organisé par Jacques Berchtold, René Démoris et Christophe Martin (sites de l’Université de Paris3-Sorbonne nouvelle et de l’Université de Paris10-Nanterre).


Violences du rococo : on ne dissimulera pas le caractère paradoxal de la proposition. Sans s’attarder à la définition intrinsèque du rococo (terme du XIXe siècle et alors généralement péjoratif) — est-ce un style ? une esthétique ? une période ? — on constate que le terme — originellement appliqué à l’architecture et à l’ornementation, puis étendu à la littérature — s’associe à des motifs variés et des idées diverses, dont le lien n’est pas toujours évident : miroirs, bosquets, boudoirs, triomphe de la courbe, de l’ornement aux dépens du sujet, plaisir de la surprise, jouissance des sens aux dépens du sens, attention au petit, libertinage, mondanité, érotisme, maniérisme, déséquilibre, affectation, manière, insignifiance, divertissement, dispersion, désordre, délicatesse, mollesse, féminisation, absence d’énergie…. Bref, un univers auquel la violence paraît étrangère. Les Lumières taxeront de frivolité et d’immoralité une démarche en effet anticlassique qui ne produirait qu’un art d’agrément, incapable de prendre en charge les enjeux les plus graves de la condition humaine.

Au cœur de cette période rococo, en 1719, l’abbé Dubos insistait pourtant sur le paradoxe d’un plaisir esthétique pris au spectacle de la souffrance : « L’art de la poésie et l’art de la peinture ne sont jamais plus applaudis que lorsqu’ils ont réussi à nous affliger ». N’est-ce pas de quoi légitimer la représentation des effets de la cruauté, et de la cruauté elle-même ? Notre propos, en envisageant des œuvres picturales ou littéraires situées à peu près dans la première moitié du XVIIIe siècle (frontière perméable…) et relevant de ce qu’on peut appeler une sensibilité rococo, est d’examiner en quoi les œuvres en question prennent en charge la représentation de la violence, c’est-à-dire aussi les problèmes que pose à l’être humain la vie en société (la question de la violence étant évidemment centrale pour tous ceux qui ont essayé de réfléchir sur la nature du fait social et sa possibilité), dans des modes qui leur sont spécifiques et qui tendent assez souvent à bouleverser les limites des genres. On se demandera, par exemple, dans quelle mesure on peut parler de « peinture de la cruauté » à propos des natures mortes de Chardin ou d’Oudry (voir l’étude de R. Démoris, « Oudry et les cruautés du rococo », http://www.fabula.org/colloques/document614.php); de « théâtre de la cruauté » à propos des comédies de Marivaux ou de Lesage ; de « contes cruels » à propos des œuvres de Mme d’Aulnoy, de Crébillon...

Dans quelle mesure peut-on détecter une violence sous-jacente dans les multiples scènes galantes où un hasard bienveillant sert d’adjuvant au désir ? Quelle place réservée à la prédation naturelle et à la pulsion de mort dans la mise en scène de plaisirs ou de décors « naturels » ? De quelle faveur particulière jouissent des motifs significatifs tels « Suzanne et les vieillards » ou « Diane au bain surprise par Actéon » ? Quelle culpabilité, quelle promesse de sanction (quel plaisir à anticiper fantasmatiquement la punition désirée ?) pèsent-elles sur celui qui jouit ad libitum du plaisir d’assouvir son appétit de voir ? Une des questions qui pourrait se poser ici à travers ce corpus : entre jouissance et violence, quel rapport ?

Le colloque réunira spécialistes de l’histoire littéraire, de la peinture et de la théorie esthétique autour de ce faisceau d’interrogations. Les propositions de communication (titre provisoire et quelques lignes de problématique) sont vivement souhaitées et attendues avant le 15 septembre 2008.

Contacts : berchtold.jacques@wanadoo.fr; demoris.r@wanadoo.fr christophe.wmartin@orange.fr.