Questions de société
Vidéos: Consultation sur l'enseignement supérieur et la recherche (Médiapart mai 2009)

Vidéos: Consultation sur l'enseignement supérieur et la recherche (Médiapart mai 2009)

Publié le par Bérenger Boulay

Vidéos: Consultation PS-PC-VERTS sur l'enseignement supérieur et la recherche (Médiapart mai 2009)

http://www.mediapart.fr/club/edition/consultation-ps-pc-verts-sur-l-enseignement-superieur-et-la-recherche

Sur cette page

  • Rémy Mosseri (porte parole C3N) - 31/05/09
  • Jacques Moret, président de la CO-CNU - 29/05/09
  • Jean-Baptiste Prévost, président de l'UNEF - 27/05/09
  • Yves Laszlo, directeur de laboratoire - 25/05/09
  • Consultation de la CGT - 22/05/09

Voir aussi: Universités: consultation de L. Collet, président de la CPU (Médiapart 27/05/09 - Vidéo)


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CoNRS : consultation de Rémy Mosseri (porte parole C3N) - Médiapart, 31 mai 2009

http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article2669
http://www.dailymotion.com/video/x9eblj_auditions-recherche-cnrs_news


Rémy MOSSERI, porte-parole du C3N, qui réunit les responsables des différentes instances du comité national de la recherche scientifique. Celui-ci s'occupe en particulier d'évaluation (personnels et unités de recherche) et de prospective scientifique, avec une composition plus large que le simple CNRS, et un équilibre (variable suivant les composantes) entre membres élus et nommés par les tutelles. Voir la vidéo

Il y a bien eu depuis deux ans une tentative de démantèlement du CNRS, qui a pris plusieurs formes. Une tentative de transfert des unités de recherche sous la tutelle unique des universités, contrée en particulier par une action forte des directeurs d'unités. Puis une tentative de porter atteint à la pluridisciplinarité de l'organisme, visant les sciences de la vie et l'informatique.

Le C3N est intervenu dans ce débat en lançant une large consultation des laboratoires portant sur l'intérêt de maintenir une « continuité thématique » au CNRS. Le résultat est sans appel : environ 60 % des laboratoires (plus de 65% en sciences de la vie) se sont exprimés (représentant un effectif de près de 40000 permanents), et 97% d'entre eux se déclarent en faveur cette continuité thématique.

Concernant les questions d'évaluation, et plus généralement la vision qu'ont les politiques de l'activité de recherche, la tonalité du discours prononcé par le Chef de l'Etat le 22 janvier dernier n'est pas acceptable. Les très nombreuses réactions intervenues depuis, émanant de l'ensemble de la communauté scientifique, le confirment. Aucune réforme dans le domaine de la recherche ne peut se faire sans l'assentiment au moins tacite, d'une partie importante la communauté scientifique. Celle-ci l'a d'ailleurs compris, et pour se faire entendre, multiplie aujourd'hui les actions de boycotts (expertises, jurys, rapports …), autant de grains de sable propres à gripper la machine.

Par ailleurs, la C3N s'inquiète des risques de précarisation des jeunes chercheurs, en particulier dans la tranche 30-40 ans. Celle-ci est « dans les cartons », et s'appuie d'ailleurs sur une tendance à l'oeuvre au niveau européen. Elle est contradictoire avec l'affichage d'une priorité à l'enseignement supérieur et la recherche, et peu propice à attirer les jeunes vers des carrières scientifiques.

Sur un autre plan, un partenariat accru entre universités et organismes de recherche, en particulier le CNRS, est bien sûr souhaitable. La tentation de limiter le nombre de laboratoires mixtes CNRS - universités, qui serait basée essentiellement sur des critères comptables, et non sur la qualité scientifique, irait dans le mauvais sens.

Le C3N estime qu'il faut redonner toute sa place au comité national au niveau de l'évaluation, en particulier des unités de recherche. La transparence, le débat contradictoire, l'échange, la collégialité, sont au coeur d'une dynamique moderne de recherche La pratique croissante qui consiste à leur substituer l'utilisation d'indicateurs scientométriques instables doit être combattue. L'affichage public des critères d'évaluation, déjà à l'oeuvre, doit s'amplifier.

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Chercheurs : consultation de Jacques Moret (Président CP-CNU) - Médiapart, 29 mai 2009

http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article2666
http://www.dailymotion.com/video/x9cz22_auditions-recherche-cpcnu_news

Jacques MORET, Président du CP-CNU, estime qu'il était indispensable de modifier le décret de 1984, relatif aux statuts des enseignants-chercheurs, à l'aune de l'ampleur de la transformation de leur métier. Le statut, issu du décret de 1984, était à bout de souffle. On ne peut plus exercer le métier d'enseignant-chercheur en 2009, comme il y a ¼ de siècle. Voir la vidéo

Pour autant, cette nécessaire transformation exige la prise en compte d'un certain nombre de revendications, critères et surtout de réalités nouvelles ; Jacques MORET évoque à ce sujet :

    * la diversité accrue des missions d'enseignants-chercheurs ;
    * l'hétérogénéité du métier d'enseignant chercheur, selon que l'on exerce à Paris ou en Province, dans de grandes structures universitaires ou dans de plus réduites ;
    * La prise en compte de l'exigence de recherche qui doit avoir toute sa place dans l'exercice de la mission ;

    * l'impératif d'excellence universitaire, crucial dans le cadre de la concurrence internationale, omniprésente de nos jours.

Jacques MORET insiste tout particulièrement sur ce dernier point. Le contexte universitaire ne peut fonctionner, replié sur lui-même. La réalité internationale représente une dimension décisive au coeur des nécessaires évolutions, qu'il convient d'anticiper.

Par ailleurs, le président de la CPCU aborde la question d'un meilleur équilibre local/national au sein de l'université française. Il revient sur la perspective d'une répartition plus heureuse et plus harmonieuse des universités sur les territoires.

Il suggère clairement le principe d'une évaluation régulière, quadriennale par exemple, des enseignants-chercheurs dans leur double mission. Cette évaluation serait couplée avec celle des universités et des établissements. Pour être conduit sérieusement, ce travail d'évaluation pourrait représenter jusqu'à 1 mois d'activité par an.

Il pose également plusieurs questions déterminantes :

    * qu'est ce que l'université aujourd'hui ?
    * pourquoi les étudiants viennent-ils assister au cours ?
    * pourquoi exercer le métier d'universitaire ?

Pour Jacques MORET, l'université doit assurer une mission fondamentale, au service de la transmission et de la création de connaissances. La vocation d'enseigner est complémentaire du plaisir de rechercher. Le tout doit pouvoir s'accomplir dans un esprit de liberté, d'échanges et dans un souci d'équilibre entre enseignement et recherche. Ce rappel d'une mission majeure de l'université ne l'empêche pas d'évoquer de souhaitables rapprochements entre grandes écoles et universités dans le respect des spécificités de chacune. Il revendique la recherche de l'excellence partout et dans tous les établissements, universités comprises.

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Étudiants : consultation de Jean-Baptiste Prévost (Président UNEF) - Médiapart, 27 mai 2009

http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article2667
http://www.dailymotion.com/video/x9cnnb_auditions-recherche-unef_news

Jean-Baptiste PREVOST, Président de l'UNEF, traite exclusivement de l'enseignement supérieur. Il brosse un tableau assez sombre de la situation de l'université. Nous nous orientons vers la baisse du nombre d'étudiants et de diplômés dans les années à venir, alors que notre économie manque, précisément, de salariés diplômés et disposant d'une formation supérieure. L'université reste au coeur d'un système de reproduction sociale injuste. L'ascenseur social demeure en panne et le taux d'échec, en premier cycle universitaire, atteint ou dépasse les 40 %. En outre, les universités connaissent toujours un problème de sous financement public chronique. Il y a creusement des disparités territoriales et sociales dans un cadre de « défausse » gouvernementale. Voir la vidéo

Le Président de l'UNEF estime qu'il faut fixer des objectifs ambitieux tant qualitatifs que quantitatifs. La perspective de 50 % d'une génération diplômée (niveau licence) lui paraît indispensable.

D'une manière générale, Jean-Baptiste PREVOST estime qu'il faut ouvrir le débat sur la carte universitaire ; il n'est pas hostile aux principes de certaines fusions sur des bases délibérées et volontaires. Surtout, il réclame une rupture avec le sous financement du premier cycle universitaire qui est à l'origine aujourd'hui d'une vraie sélection et d'une véritable ségrégation sociale. L'université doit mettre au coeur de son projet la réduction des inégalités sociales et passer à un autre modèle que celui issu de l'immédiate après-guerre lorsque le nombre d'étudiants ne dépassait pas 150 000.

Le premier responsable de l'UNEF confirme sa prise de position sur la mise en place d'une allocation d'autonomie afin d'améliorer les conditions de vie des étudiants et de réduire, autant que possible, la proportion d'étudiants salariés : en effet, le salariat en milieu étudiant contribue à l'augmentation du taux d'échec.

Interrogé sur la dualité grandes écoles/universités, Jean-Baptiste PREVOST rappelle son souci d'intégrer en premier lieu, les classes préparatoires dans le giron de l'université. Il manifeste, par ailleurs, un certain scepticisme vis-à-vis du développement des filières courtes, considérant que l'heure n'est pas à la sélection, au moment où notre pays manque de diplômés. Il suggère une politique d'augmentation de l'étudiant, moyennant un suivi pédagogique beaucoup plus individualisé, en particulier en première année universitaire. Il estime que la création d'un service d'orientation indépendant est indispensable. Il refuse la notion « d'orientation/découragement ».

Suite à une question sur l'allocation d'autonomie, il rappelle qu'il est favorable à une allocation autonomie fondée sur un principe d'accès universel. L'augmentation du nombre d'étudiants et la progression de la réussite universitaire constituent un investissement et une richesse pour le pays. Il faut absolument conjurer l'ampleur de l'échec universitaire qui renvoie à celui des universités ; sachant que la question sociale est au coeur de l'échec universitaire.

Enfin, Jean-Baptiste PREVOST, interpellé sur le problème de l'éventuelle majoration des frais d'inscription, précise son hostilité à une telle démarche qui, dans le contexte actuel, ne ferait qu'accroître la sélection par l'argent.

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Recherche : consultation de Yves Laszlo, directeur laboratoire - Médiapart, 25 mai 2009

http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article2668

http://www.mediapart.fr/club/edition/consultation-ps-pc-verts-sur-l-enseignement-superieur-et-la-recherche

Yves LASZLO, professeur (Paris VI, l'école polytechnique) et directeur de laboratoire, part d'un constat. Notre système de recherche est dual, puisqu'il connaît, au côté de l'université, des organismes de recherche. Il s'agit, du fruit d'une histoire et d'une nécessité.

Les principes généraux de la recherche doivent être défendus :

    * la préservation de l'autonomie scientifique par rapport aux pouvoirs politiques ;
    * la définition des priorités publiques ;
    * le rôle éminent de la communauté scientifique pour dégager de grands thèmes de recherche ;
    * la nécessité de rendre compte régulièrement à la collectivité qui finance pour l'essentiel.

Par ailleurs, il est indispensable que l'enseignement supérieur se nourrisse de la recherche, quelle que soit la dimension de l'université. Il y va de la qualité de l'enseignement d'une part, de la nécessité d'éviter le risque d'un processus universitaire à plusieurs vitesses d'autre part.

Yves LASZLO souligne également la faiblesse relative de la recherche privée en dépit de la multiplication des crédits d'impôt au rendement très mal évalué et très incertain.

Avant d'aborder de manière approfondie le fonctionnement des organismes publics, notre interlocuteur revendique une révision substantielle de la loi LRU adoptée à l'été 2007, afin d'instaurer une authentique collégialité, plus conforme à notre tradition universitaire. Il s'interroge aussi sur la pertinence du débat concernant une réduction sensible du nombre d'universités. Il s'agit là en effet d'un sujet complexe aux nombreux paramètres.

Concernant les organismes publics, Yves LASZLO insiste sur plusieurs préconisations majeures :

    * l'avènement d'un plan pluriannuel d'emplois scientifiques et techniques ;
    * le nécessaire recul de la précarité, précarité qui est incompatible avec une recherche performante et attractive ;
    * la continuité thématique, assortie du maintien d'une vraie pluridisciplinarité,
    * l'importance d'une collégialité de direction tournant le dos à toutes formes de présidentialisation ;
    * la prise en compte urgente du problème posé à très court terme, par l'actuelle pyramide des âges, et les départs en retraite qu'elle induit ;
    * l'impératif de projets et de visions de long terme pour la recherche ;
    * le recrutement massif de jeunes chercheurs pour faire face à la fois aux besoins croissants et aux effets prévisibles de la pyramide des âges.

Enfin, Yves LASZLO se prononce pour un rapprochement entre les grandes écoles et les universités. Cette perspective suppose une évolution de certaines écoles qui se montrent réticentes à assumer leurs missions de recherche, sans lesquelles on ne peut pourtant ni dynamisme, ni goût du risque, ni volonté d'innovation. Cette réflexion sur le rapprochement souhaitable grandes écoles/universités ne saurait occulter la question de la place de la recherche au sein de classes préparatoires aux grandes écoles. Pour l'heure, celle-ci est inexistante.

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22 mai 2009:

Consultation de la CGT

http://www.mediapart.fr/club/edition/consultation-ps-pc-verts-sur-l-enseignement-superieur-et-la-recherche/article/220509/co

La délégation de la CGT représentée par Daniel STEINMETZ, Thierry BODIN, Jean-Pierre ADAMI et Francis VELAIN intervient au nom des salariés de la recherche publique mais aussi de la recherche privée et industrielle.

Elle constate que le mouvement social engagé depuisplus de 8 semaines, ne trouve pour l'heure aucune issue. La dernièrerencontre avec la ministre n'a permis aucun déblocage.

Des réformes voulues par le pouvoir s'inscriventdans un contexte global et cohérent imposé au plan européen etinternational. Elles relèvent d'une logique capitaliste mondialisée,dans laquelle l'Etat est censé progressivement jouer un rôle stratège ;le tout dans le cadre d'une mise en concurrence totale des acteurs, ycompris des acteurs publics.

Par ailleurs, les représentants de la CGT critiquentsans équivoque le présidentialisme et la concentration des pouvoirs àl'oeuvre au sein de l'université, à la faveur de l'application de la loiLRU. Dans ce contexte, la politique nationale de recherche tend às'estomper.

Les équipes de recherche sont actuellement de plusen plus déstabilisées tandis que la précarité gagne du terrain. À ceconstat, s'ajoute celui du recul de la recherche industrielle. Dans cedomaine, le malaise vient de loin même si le bilan global de larecherche française au regard des moyens matériels et financiersconsentis, reste plus qu'honorable.

Les représentants de la CGT dénoncent en outrel'utilisation et l'inflation du crédit d'impôt recherche. Nousassistons là à une dérive inquiétante aux yeux du syndicat, qui setraduit même par des logiques spéculatives sur le marché boursier.

La CGT se prononce pour un important effortd'embauches de jeunes docteurs sur des bases pérennes et non précaires.Elle insiste sur l'importance de la recherche fondamentale publique,pluridisciplinaire, mais aussi sur le rôle de la recherche industriellepublique et privée.

Elle s'inquiète de l'évolution des choix posés dansla logique de la stratégie européenne de Lisbonne. Elle considèrequ'aucune politique sérieuse de recherche ne pourra être conduite dansun tel carcan qui, au demeurant, possède sa cohérence et ses dangers.

Elle demande aux trois formations politiques degauche organisatrices de la consultation, de réexaminer attentivementle véritable bilan de la stratégie européenne de Lisbonne, d'enrecenser ses carences, pour tenter d'aboutir à un diagnostic partagé etsans concession.